A l’origine, lorsque j’ai proposé au collectif d’Alternatives théâtrales un numéro sur la scénographie je le faisais pour signaler un renversement d’opinion, un changement de direction. Le retour à la scène à l’italienne, aux images dont elle est la matrice se dessinait à l’horizon comme désirs reconnus, libérés de toute mauvaise conscience. En écoutant des scénographes, des metteurs en scène, en suivant la production j’y voyais le germe du nouveau. D’une certaine façon il s’agissait de signaler une mutation, d’entériner une victoire. La revue se devait d’en témoigner.
Aujourd’hui, lorsque ce travail sur la scénographie belge et française • en rien exhaustif • touche à sa fin, nous nous apercevons que si la salle à l’italienne et son formidable pouvoir d’engendrer des images retrouve pleinement sa légitimité — elle n’est plus victime d’infamants soupçons idéologiques· la volonté de l’agresser, de la briser, de l’oublier ne s’est pas tue pour autant. Sans abuser de termes militaires, on peut dire que les adversaires de la scène à l’italienne n’envisagent guère la capitulation. Aux images ils opposent la force des lieux. Uniques et éphémères. A la fascination d’une distance, d’un imaginaire répond le vertige de l’absorption, de l’événement vécu.
Ainsi à la proposition théorique initiale qui courait le risque d’immobilité en succède une autre avec la contradiction en son centre. Images et lieux. Ce dont ce numéro parte c’est la réévaluation des attitudes politiques à l’égard du théâtre à l’italienne qui apparaît aujourd’hui comme terme pleinement assumé dans un face-à-face qui ne s’apaise pas. Une seule différence, mais de taille. Dans la contradiction images-lieux il y a un changement de priorités à signaler. Le théâtre à l’italienne sans apparaître comme modèle unique regagne ses droits de cité et s’érige en« aspect majeur » de la contradiction tandis que la recherche des lieux à théâtraliser en retrait, devient« l’aspect mineur ». Ce qui nous est apparu au début comme un radical retournement s’es avéré être l’amorce d’un déséquilibre au sein de la contradiction de l’espace théâtral moderne. Images et lieux· Les termes d’une contradiction en mouvement.



