Avignon, lieu d’échange et de partenariats

Entretien
Théâtre

Avignon, lieu d’échange et de partenariats

Entretien avec Boris Charmatz

Le 9 Mai 2013

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Article publié pour le numéro
Couverture du numéro 117-118 - Utopies contemporaines
117 – 118

CÉCILE SCHENCK : Com­ment avez-vous été pressen­ti par Hort­ense Archam­bault et Vin­cent Bau­driller pour devenir l’artiste asso­cié de la 65e édi­tion du fes­ti­val d’Av­i­gnon en 2011 ?

Boris Char­matz : À vrai dire, c’est une ques­tion qu’il faudrait leur adress­er à eux, car je ne peux pas dire com­ment on est pressen­ti pour être artiste asso­cié. Le fait que j’aie été nom­mé à Rennes au Cen­tre choré­graphique nation­al en 2008 pour créer un Musée de la danse, pour réin­ven­ter un nou­veau type d’espace pub­lic pour la danse, pour mod­i­fi­er ce qu’est l’institution du CCN, a cer­taine­ment pesé dans la déci­sion de Hort­ense Archam­bault et Vin­cent Bau­driller. Ils ont eu envie de suiv­re et d’accompagner cette aven­ture. L’histoire du théâtre les intéresse, tout comme le fonc­tion­nement des insti­tu­tions et le fait, qu’en danse, nous essayons d’inventer un musée, qui est a pri­ori antin­o­mique avec l’idée de l’art vivant. Avi­gnon n’est-il pas du reste déjà une sorte de musée du théâtre et de la danse ? C’est égale­ment une école d’art parce qu’on vient aus­si faire ses class­es à Avi­gnon : c’est l’occasion de décou­vrir plein de choses qu’on ne ver­rait pas ailleurs. Pour nous, tout cela était lié à l’enfance, à l’apprentissage. Or je fais juste­ment par­tie d’une généra­tion d’artistes qui a beau­coup tra­vail­lé la ques­tion de la trans­mis­sion et de la prise de parole. Cette idée soule­vait, aux yeux des directeurs du Fes­ti­val, des ques­tion­nements qui rejoignaient leurs pro­pres inter­ro­ga­tions sur les arts de la scène.

C. S. : Quelles dif­fi­cultés avez-vous éventuelle­ment ren­con­trées au cours de cette expéri­ence ?

B. C. : Je n’avais encore pour ain­si dire jamais créé de spec­ta­cles pour de très grandes salles et de gross­es mass­es de pub­lic. Au Fes­ti­val d’Avignon, en revanche, il y a telle­ment de monde que l’on peut dif­fi­cile­ment se con­tenter de jouer pour deux cents per­son­nes. Or je n’avais fait que très peu de spec­ta­cles pour une grande jauge pub­lic jusqu’à LA DANSEUSE MALADE (2008), qui était aus­si une excep­tion. Dans un pre­mier temps, nous avions imag­iné créer cette pièce à Avi­gnon. Mais ce duo avec Jeanne Bal­ibar, com­plexe tech­ni- que­ment, aurait été dif­fi­cile à met­tre en scène en extérieur, notam­ment à la Cour d’honneur… Et je me sou­viens aus­si, il y a encore plus longtemps, d’une série de pro­jets imag­inés avec Angèle Le Grand, que nous avons renon­cé à faire ! On peut donc par­ler de quelques occa­sions man­quées, mais celles-ci ont surtout per­mis de faire mûrir la réflex­ion. Et je ne regrette pas d’avoir atten­du pour créer ENFANT à la Cour d’honneur.

C. S. : ENFANT a donc été conçu spé­ciale­ment pour la Cour d’honneur ?

B. C. : Oui. C’est un spec­ta­cle qui n’aurait pas existé sans l’association d’Avignon, en rai­son tout d’abord des moyens con­sid­érables alloués aux spec­ta­cles joués à la Cour d’honneur : nulle part ailleurs je n’aurais pu rem­plir une salle de deux mille per­son­nes cinq soirs de suite ! Seul Avi­gnon per­met de créer des pro­jets à une si vaste échelle – pos­si­bil­ité que l’on ne m’aurait jamais offerte dans un autre lieu, et que je n’aurais même pas désirée. C’est en ce sens-là que Hort­ense Archam­bault et Vin­cent Bau­driller ont pris de vrais risques avec moi, comme
ils en ont pris aus­si avec bien d’autres artistes.

L’autre rai­son pour laque­lle l’histoire d’ENFANT est indis­so­cia­ble­ment liée à l’aventure d’Avignon, c’est que l’idée m’en est venue pré­cisé­ment à la Cour, lors d’une vis­ite. Tout en ayant con­science de sa dif­fi­culté, j’aimais beau­coup ce lieu, surtout après avoir assisté à un mon­tage de nuit : une immense grue déplaçait des morceaux de la scène en les faisant vol­er. Ce temps de mon­tage est presque le plus beau spec­ta­cle d’Avignon ! Nous en avons d’ailleurs fait un film, qui a été présen­té à l’École d’Art1.

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Boris Charmatz
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Cecile Schenck
Cécile Schenck est Maître de conférences à l’Institut d’Études Théâtrales de l’Université Sorbonne Nouvelle –...Plus d'info
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