Depuis les années 2000, le performer Massimo Furlan poursuit la quête d’un « devenir-enfant » qui a nourri plusieurs projets surgis des méandres intimes de sa mémoire dont Furlan/Numéro 23et Numéro10, Les filles et les garçons, ou (Love story) Superman. Il agence des dispositifs utopistes, se joue des cadres et des temporalités selon qu’il s’agisse d’éprouver la fête jusqu’à l’épuisement (Le Banquet), de traverser seul de nuit le tunnel du Grand-Saint-Bernard (Le Tunnel), de lire dans le Tarot de Marseille l’avenir du spectacle vivant (La Bonne Aventure) ou d’organiser un symposium où boire le calice de 1968 jusqu’à la lie (Les Héros de la pensée). Si la performance se propose comme modalité, le lieu théâtral reste celui où s’adonner au désemparement philosophique. Dans Hospitalités, Furlan ne s’attaque pas de front à la question du droit d’asile ou du toit à offrir à l’errant, mais en vient à cette interrogation déridéenne d’une hospitalité qui commence avec le nom.
Kattina Urruty (Potière), Léopold Darritchon (Ancien maire), Véronique Darritchon (Professeure de danse et d’éducation physique), François Dagorret (Maire), Marie-Joëlle Haramboure (Propriétaire de Maison de vacances) et quatre autres témoins se tiennent un instant immobiles à l’avant-scène avant de prendre place sur le gradin qui fait face au public et d’où ils initieront chacun leur tour, bribes par bribes, le récit de leur aventure individuelle et collective. Derrière les habitants de la Bastide-Clairence, le plateau nu est barré d’un écran où s’invite le paysage, comme autrefois l’amphithéâtre à ciel ouvert enchâssait la tragédie dans son cadre originel, la Méditerranée. On y voit défiler des vues du village, de ses fermes pansues, des brebis paissant aux pâturages puis, le panorama somptueux d’un cirque de montagnes, et enfin les abords de route reflétés au travers d’un pare-brise, images d’une navigation somme toute semblable à beaucoup d’autres, que l’on transite ou que l’on atteigne au but du voyage.