Sylvia

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Le 8 Oct 2018
Sylvia. (c)Hubert Amiel.
Sylvia. (c)Hubert Amiel.

« … vivre et boire la vie jusqu’à la lie : pourvu, pourvu que je n’ar­rête pas de penser, et ne me mette pas à subir, par aveu­gle­ment, par appréhen­sion ! Je veux goûter et célébr­er chaque jour, et ne jamais avoir peur d’une expéri­ence douloureuse ; ne jamais m’en­fer­mer dans un noy­au de tor­peur insen­si­ble, garder une atti­tude cri­tique face à la vie, me pos­er des ques­tions, et ne jamais choisir la solu­tion de facil­ité. Appren­dre à penser, penser à vivre, vivre pour appren­dre — avec une per­spi­cac­ité, une com­préhen­sion et un amour tou­jours neufs ». Sylvia Plath, Jour­naux (1950 – 1962), Gal­li­mard.

Sylvia Plath a tra­ver­sé comme une météore la poésie améri­caine. Née aux États-Unis dans le Mass­a­chu­setts, sa vie trop courte n’aura pas été une entrave à une œuvre ample, puis­sante et intense. Pré­coce, elle pub­lie son pre­mier poème à l’âge de 8 ans dans le Boston Her­ald. Peu après, son père, émi­gré alle­mand et uni­ver­si­taire renom­mé qui aura une grande influ­ence sur son œuvre, meurt. Elle aurait déclaré en l’apprenant : « je ne par­lerai plus jamais à Dieu ». Elle suit une for­ma­tion en lit­téra­ture qui la mèn­era grâce à des bours­es dans les étab­lisse­ments les plus pres­tigieux des États-Unis. Très tôt recon­nue, elle devient pour un mois « guest edi­tor » du mag­a­zine « Made­moi­selle ». C’est à cette époque qu’ elle fait en 1953, à l’âge de 21 ans une pre­mière ten­ta­tive de sui­cide. Après un séjour en hôpi­tal psy­chi­a­trique où elle est traitée par élec­tro­chocs (elle relat­era cette expéri­ence dans son roman The bell Jar « la cloche de détresse »), elle pour­suit ses études de let­tres qu’elle ter­mine bril­lam­ment en Amérique avant de les pour­suiv­re à Cam­bridge en Angleterre où elle pub­lie ses poèmes dans la revue de l’Université et où elle ren­con­tre son mari le poète Ted Hug­gs qu’elle épouse en 1956. Ils retour­nent ensem­ble aux États-Unis où Sylvia achève sa maîtrise. Après la pub­li­ca­tion de son pre­mier livre de poèmes The col­los­sus, (1962) le cou­ple se sépare et Sylvia retourne en Angleterre avec ses deux enfants. Un mois après la pub­li­ca­tion de The bell Jar, elle fera, à 30 ans, le 11 févri­er 1963, une nou­velle ten­ta­tive de sui­cide, qui, cette fois, abouti­ra.
Les jour­naux qu’elle a tenus entre 1950 et 1962, pub­liés en français chez Gal­li­mard, sont le témoignage poignant de la vie de l’artiste et de son désir d’absolu.

Sylvia. ©Hubert Amiel.

Fab­rice Mur­gia s’est emparé de cette vie hors norme pour en faire un spec­ta­cle qui oscille entre théâtre et ciné­ma (réal­i­sa­tion d’images toute en finesse de Juli­ette Van Dor­mael).
En présen­tant Ted Hug­gs comme per­son­nage sec­ondaire, masqué et un peu falot, il prend par­ti pour Sylvia Plath qui devient la fig­ure emblé­ma­tique d’un fémin­isme poé­tique ; il a en même temps la belle idée de don­ner à voir ce per­son­nage com­plexe à tra­vers le prisme de neuf comé­di­ennes qui abor­dent les dif­férentes facettes d’une per­son­nal­ité con­tra­dic­toire et com­plexe dont le moteur était le désir d’écrire, tout en voulant être une mère par­faite et une épouse irréprochable…

En asso­ciant à la créa­tion du spec­ta­cle la chanteuse/pianiste An Pier­lé et ses musi­ciens, le spec­ta­cle s’assure une dimen­sion sup­plé­men­taire, la per­son­nal­ité et la voix d’An Pier­lé don­nant aux mots de Sylvia Plath une vibra­tion poé­tique boulever­sante.
La mise en scène de Fab­rice Mur­gia est comme à l’habitude très (trop ?) maîtrisée dans ses dimen­sions tech­nologiques, scéno­graphiques et visuelles.
Il donne surtout envie de se plonger dans les poèmes de Sylvia Plath. En cela, il gagne un beau pari !

Sylvia, mise en scène Fabrice Murgia, musique An Pierlé Quartet, (Koen Gisen, Hendrik Lasure, Casper Van de Velde). Avec Valérie Bauchau, Solène Cizeron, Vanessa Compagnucci, Vinora Epp, Léone François, Magali Pinglaut, Ariane Rousseau, Scarlet Tummers.

Au Théâtre National à Bruxelles jusqu’au 18 octobre. En tournée durant la saison 2018/2019 à Vitry-sur-Seine, La Louvière, Draguignan, Sainte-Maxime, Mons, Anvers et Rotterdam.
à lire, en lien: La dernière lettre de Silvia Plath, dans une traduction de Pierre Vinclair, sur Poézibao.
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Fabrice Murgia
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Bernard Debroux
Bernard Debroux
Fondateur et membre du comité de rédaction d'Alternatives théâtrales (directeur de publication de 1979 à...Plus d'info
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