Le théâtre en Palestine ou l’imbrication entre la création et le contexte politique et matériel

Théâtre
Réflexion

Le théâtre en Palestine ou l’imbrication entre la création et le contexte politique et matériel

Le 28 Juil 2022
Le théâtre de la liberté, dans le camp de réfugiés de Jénine en Cisjordanie en 2018. Photo Astrid Chabrat-Kajdan. (Idem page suivante).
Le théâtre de la liberté, dans le camp de réfugiés de Jénine en Cisjordanie en 2018. Photo Astrid Chabrat-Kajdan. (Idem page suivante).

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Le théâtre de la liberté, dans le camp de réfugiés de Jénine en Cisjordanie en 2018. Photo Astrid Chabrat-Kajdan. (Idem page suivante).
Le théâtre de la liberté, dans le camp de réfugiés de Jénine en Cisjordanie en 2018. Photo Astrid Chabrat-Kajdan. (Idem page suivante).
Article publié pour le numéro
Couverture du numéro 147 - Scènes contemporaines des mondes arabes
147

Le théâtre comme il est pra­tiqué en Pales­tine n’est pas révéla­teur de l’ensemble de la pra­tique et de la créa­tion théâ­trale pales­tini­enne. Le théâtre pales­tinien en Israël, celui de la dias­po­ra ou encore celui de Gaza se dif­féren­cient de celui pra­tiqué à Jérusalem et dans les Ter­ri­toires pales­tiniens occupés. L’existence de ces dif­férents foy­ers de pro­duc­tion qui résul­tent de dif­férents con­textes poli­tiques et matériels est due à la dis­per­sion des Pales­tiniens depuis 1948 et à la frag­men­ta­tion du ter­ri­toire depuis les Accords d’Oslo de 1993. L’activité théâ­trale à Jérusalem est soumise à des con­di­tions d’exercice dif­férentes de celles qui façon­nent l’activité dans les Ter­ri­toires occupés. L’histoire de la pro­fes­sion­nal­i­sa­tion de l’activité théâ­trale en Pales­tine ain­si que la place cen­trale qu’a occupée, dans cet objec­tif, le Théâtre Nation­al Pales­tinien El Hakawati (TNP) de Jérusalem, par­ticipent cepen­dant à son inclu­sion au côté des théâtres des Ter­ri­toires occupés. Parce que des mem­bres fon­da­teurs du TNP ain­si que des artistes qui ont évolué avec ce théâtre diri­gent aujourd’hui les théâtres situés dans les Ter­ri­toires occupés, et que d’importantes logiques de coopéra­tions les unis­sent, ils sont en fait reliés mal­gré les dis­par­ités de leurs con­di­tions d’exercice. 

Au côté du TNP, qua­tre autres théâtres for­ment le réseau théâ­tral pro­fes­sion­nel et act­if en Pales­tine : le Théâtre Al-Kasa­ba dirigé par George Ibrahim et le Théâtre Ashtar dirigé par Iman Aoun et Edward Muallem, étab­lis tous deux à Ramal­lah, le Théâtre Al-Harah situé à Beit Jala à prox­im­ité de la ville de Beth­léem et le Théâtre de la Lib­erté du camp de réfugiés de la ville de Jénine au nord de la Pales­tine. Les critères qu’ils parta­gent et qui les con­stituent comme prin­ci­paux théâtres de Pales­tine con­sis­tent en la pos­ses­sion d’un lieu de tra­vail mais aus­si de représen­ta­tions. Ils ont donc voca­tion à accueil­lir des équipes de créa­tion et à rassem­bler un pub­lic. Ils for­ment l’ensemble du réseau pro­gram­ma­tique en Pales­tine et s’assurent mutuelle­ment par cela la cir­cu­la­tion de leurs œuvres respec­tives sur le ter­ri­toire. Ils pos­sè­dent une équipe per­ma­nente pour faire fonc­tion­ner le lieu au quo­ti­di­en. Tous les cinq met­tent en place des for­ma­tions des­tinées aux jeunes qui s’étendent des work­shops à l’école de théâtre, per­ma­nente et cer­ti­fi­ante. Ces for­ma­tions vien­nent répon­dre à l’absence d’études théâ­trales au sein des Uni­ver­sités pales­tini­ennes et d’écoles nationales de théâtre. En for­mant à la fois « le pub­lic et les acteurs de demain »1, les théâtres assurent aus­si la péren­nité de l’activité. Ils se dis­tinguent de la majorité des com­pag­nies pales­tini­ennes avec une pro­duc­tion pro­fes­sion­nelle régulière et diver­si­fiée qui a voca­tion à s’exporter à l’extérieur de la Pales­tine et donc à s’inscrire dans le champ inter­na­tion­al du spec­ta­cle vivant. 

À la suite des Accords d’Oslo de 1993, la Pales­tine est morcelée et subit une divi­sion en trois zones (A, B, C). Pour pass­er d’une zone à l’autre, l’obtention d’un per­mis délivré par l’armée israéli­enne est néces­saire. La ville de Jérusalem et les pop­u­la­tions, notam­ment au sein des camps de réfugiés et à Gaza, se trou­vent mar­gin­al­isées des autres villes pales­tini­ennes et l’accès aux théâtres est remis en cause voire impos­si­ble. Les con­traintes de déplace­ment affectent l’activité théâ­trale dans son objec­tif inhérent de rassem­bler une équipe puis un pub­lic dans un même lieu. La con­struc­tion du mur de sépa­ra­tion en 2002 a accéléré ces dif­fi­cultés. Les con­di­tions poli­tiques aux­quelles sont soumis les Pales­tiniens influ­en­cent les activ­ités ain­si que l’écriture, les formes et les esthé­tiques dévelop­pées par les théâtres. Les théâtres pro­posent alors des répons­es con­crètes mais aus­si sym­bol­iques au con­texte matériel de la pra­tique théâ­trale et plus large­ment, à la sit­u­a­tion d’occupation.

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Astrid Chabr At-Kadjan
Astrid Chabrat-Kajdan est doctorante et chargée de cours en études théâtrales à l’Université Lyon 2....Plus d'info
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