La mémoire des arbres au théâtre National, Bruxelles

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La mémoire des arbres au théâtre National, Bruxelles

Le 13 Sep 2019
La mémoire des arbres au théâtre National, Bruxelles - Photo de Hubert Amiel
La mémoire des arbres au théâtre National, Bruxelles - Photo de Hubert Amiel

Fasciné par les villes fan­tômes (celles de la fameuse route 66 pour le pre­mier volet de Ghost Road en 2012, puis celle de Cha­cabu­co dans le désert d’Atacama pour chil­dren of Nowhere,en 2015), Fab­rice Mur­gia pour­suit son tra­jet d’artiste/voyageur pour nous faire décou­vrir Oziorsk en Russie, près du com­plexe nucléaire de Maïak qui en 1957 a vécu la troisième plus impor­tante cat­a­stro­phe nucléaire au monde. Il en a tiré un mono­logue puis­sant inspiré par la ren­con­tre d’un habi­tant qui vit dans cette ville secrète où vivent tou­jours des mil­liers de per­son­nes.

Mêlant théâtre, ciné­ma et musique, le spec­ta­cle oscille entre doc­u­men­taire et fic­tion et est porté par la présence boulever­sante de Josse De Pauw que Fab­rice Mur­gia a choisi de nous faire suiv­re au plus près de sa voix, de son corps et des ses mou­ve­ments par l’utilisation d’un casque remis à chaque spec­ta­teur. Par ce pro­longe­ment de la vie sur scène au plus près de sa récep­tion, on est ain­si totale­ment habité par la vie con­crète de l’acteur, on entend le moin­dre souf­fle (surtout de longues respirations/éructations), les froisse­ment d’étoffes, le détail des gestes quo­ti­di­ens et jusqu’à ses mur­mures, comme si on péné­trait dans la vie intérieure du per­son­nage.
Déjà parte­naire de Fab­rice Mur­gia pour les deux pre­miers volets de Ghost Road, Dominique Pauwels a créé pour la mémoire des arbres une musique fasci­nante aux accents mar­qués par l’univers musi­cal russe des 19e et 20e siè­cle et qui enveloppe tout le spec­ta­cle d’une atmo­sphère étrange et belle. Cette musique est un véri­ta­ble parte­naire de la représen­ta­tion, Dominique Pauwels assur­ant en direct ses inter­ven­tions un peu à l’écart du plateau aux com­man­des de la régie sonore.
La présence d’enfants qui entourent le per­son­nage cen­tral et vien­nent par moments partager la scène rap­pel­lent à la fois l’horreur de la sit­u­a­tion (ils sont tou­jours con­t­a­m­inés) et en même temps sont un signe d’espoir car la vie con­tin­ue…
Lorsqu’apparaît la stat­ue de Staline auquel le per­son­nage s’adresse dans une longue dia­tribe à la vio­lence dés­espérée et à l’ human­ité désar­mante, on se sent ramené à notre impuis­sance devant ce qui appa­raît aujourd’hui en ces temps d’inquiétude cli­ma­tique comme un avenir som­bre…
Dans ces paysages désolés et morts, les arbres ont con­tin­ué de croître et de vivre. ils sont les témoins poé­tiques et muets de la vie d’avant, de la cat­a­stro­phe nucléaire qui a eu lieu, et seront sans doute tou­jours là quand nous ne serons plus.
Jacques Del­cu­vel­lerie avait choisi de débuter Rwan­da 94 par le réc­it de Yolande Muk­a­gasana, rescapée du géno­cide. Ici c’est à la fin du spec­ta­cle que Nadez­da Kutepo­va, mil­i­tante des droits de l’homme et créa­trice de l’ONG, Planète de l’espoir, dans un long témoignage, relate son his­toire d’échappée du désas­tre qui a pu recon­stru­ire avec ses enfants une vie nou­velle en Occi­dent.

Créa­tion au Théâtre Nation­al, Brux­elles le 12 octo­bre 2019

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Fabrice Murgia
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Bernard Debroux
Bernard Debroux
Fondateur et membre du comité de rédaction d'Alternatives théâtrales (directeur de publication de 1979 à...Plus d'info
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