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Le théâtre n’existe pas

Le 28 Nov 2019
La soprano Edwige Bourdy, qui donne la voix aux deux marionnettes (le petit Dan manipulé par Jeanne Heuclin, la Dame Wu manipulée par Dominique Houdart) et le baryton André Cognet dans L’épouse injustement soupçonnée. Texte Jean Cocteau. Musique Valérie Stephan. Mise en scène Jacques Nichet. Marionnettes d’Alain Roussel. Photo DR.
La soprano Edwige Bourdy, qui donne la voix aux deux marionnettes (le petit Dan manipulé par Jeanne Heuclin, la Dame Wu manipulée par Dominique Houdart) et le baryton André Cognet dans L’épouse injustement soupçonnée. Texte Jean Cocteau. Musique Valérie Stephan. Mise en scène Jacques Nichet. Marionnettes d’Alain Roussel. Photo DR.
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Couverture du numéro 139 - Nos alternatives
139

Leçon inau­gu­rale pronon­cée le jeu­di 11 mars 2010 au Col­lège de France (extraits)1

[…]
Nous avons assisté depuis une quar­an­taine
d’années à tant de sin­gulières méta­mor­phoses théâ­trales : elles ont bous­culé et ren­ver­sé hardi­ment les tra­di­tions de l’art dra­ma­tique. Com­ment s’expliquent de telles trans­for­ma­tions ? De quelles divers­es façons se sont inven­tées ces formes insoupçon­nées, ces visions incon­nues ? Luca Ron­coni, Ari­ane Mnouchkine, Peter Schu­mann, Robert Wil­son, François Tan­guy, Tadeusz Kan­tor, Denis Mar­leau, Valère Nova­ri­na, Pina Bausch et tant d’autres m’ont arraché à moi-même et à mes cer­ti­tudes, m’ont ent­hou­si­as­mé, ébran­lé, ému, éber­lué, irrité par­fois… Com­ment s’étonner qu’au milieu de tant de mod­èles diver­gents, le pub­lic par­fois s’égare ? que voit-il ? est-ce encore du théâtre ? Il arrive qu’un spec­ta­cle fasse événe­ment en divisant le pub­lic et la cri­tique. Un camp attaque le réal­isa­teur au nom de l’art assas­s­iné, l’autre l’acclame au nom de l’art régénéré.

Zola a don­né, il y a plus d’un siè­cle, un con­seil aux artistes pris dans les querelles du moment : « Chaque fois qu’on voudra vous enfer­mer dans un code en déclarant : ceci est du théâtre, ceci n’est pas du théâtre, répon­dez car­ré­ment : « Le théâtre n’existe pas. Il y a des théâtres et je cherche le mien. »De cette pra­tique, en effet, ne sur­gis­sent que des formes sin­gulières, dis­sem­blables, pas­sagères… Et Zola insiste avec fer­meté : « Il n’y a pas d’absolu, jamais ! dans aucun art ! S’il y a un théâtre, c’est qu’une mode l’a créé hier et qu’une mode l’emportera demain !»

Les affir­ma­tions de Zola n’ont jamais visé aus­si juste qu’aujourd’hui. En réponse au boule­verse­ment et à la frag­men­ta­tion d’un monde échap­pant à nos repères, les spec­ta­cles n’ont cessé de se mul­ti­pli­er et de se dif­férenci­er. Ils ten­tent de faire écho à nos mul­ti­ples impres­sions de désori­en­ta­tion et d’incertitude. Les artistes, cha­cun à sa manière, réagis­sent en imag­i­nant d’autres pra­tiques, d’autres alliances, d’autres modes de pro­duc­tion.

À côté du théâtre tra­di­tion­nel, enfer­mé dans sa légitim­ité, sont apparues, dès les années 1970, des formes bâtardes, sou­vent réal­isées en peu de temps et sans trop d’argent. On a vu ain­si advenir un grand nom­bre de propo­si­tions inhab­ituelles qui se sin­gu­lar­i­saient face au con­formisme de pro­duc­tions insti­tu­tion­nelles. En affir­mant leur orig­i­nal­ité, ces essais ont mon­tré d’autres façons d’inventer le théâtre : ces « petites formes » méri­tent d’être de mieux en mieux recon­nues.

[…]
Rien n’est immuable. L’art dra­ma­tique n’est ni men­acé ni rem­placé par la poésie de l’énergie scénique. Entre des formes dif­férentes se joue le plaisir de l’alternance. Le temps fera ensuite son tri. Ne nous en préoc­cupons pas : toute forme théâ­trale se con­jugue au présent !

Le souci de la plus grande exac­ti­tude pos­si­ble dans l’interprétation d’un texte peut créer de l’inattendu, entraîn­er de nou­velles formes qui n’étaient pas du tout prévues par l’auteur. À mes yeux, la vraie orig­i­nal­ité com­mence tou­jours par une fidél­ité scrupuleuse envers la ver­sion orig­i­nale d’une œuvre. Je suis un sim­ple met­teur en scène – cela suf­fit à ma douleur et à mon bon­heur, je ne me prends pas pour un « créa­teur » : je reste un inter­prète, comme peu­vent l’être un musi­cien, un acteur, un tra­duc­teur. Mais le souci de l’interprétation peut con­duire à une méta­mor­phose théâ­trale imprévue.

En 1969, j’ai eu la chance de pou­voir séjourn­er quelques temps à Osa­ka et d’assister à des représen­ta­tions de Bun­raku. Ce théâtre de mar­i­on­nettes de grande tra­di­tion m’a ent­hou­si­as­mé. Deux arts se jux­ta­posent, se croisent tout en restant dis­tincts l’un de l’autre : l’art de la manip­u­la­tion de poupées de haute taille, tenues par deux ou trois mon­treurs (le plus sou­vent voilés de noir), et l’art du réc­i­tatif, assuré par un con­teur accom­pa­g­né par un joueur de shamizen (une longue gui­tare à trois cordes). Tous deux sont placés à l’écart, du côté cour. Si je les regarde, je ne vois plus les mar­i­on­nettes. Si je me tourne vers la scène, je ne vois plus le réc­i­tant : en face de moi, une image silen­cieuse ; sur un côté excen­tré, le réc­i­tatif et la musique. La nar­ra­tion cir­cule entre ces deux pôles : « C’est une parole qui agit », selon Claudel. D’un côté, une voix qui con­tre­fait toutes les voix, celle de la fille en larmes, de la mère effrayée et du père furieux. De l’autre, des mar­i­on­nettes réal­istes mais muettes, « déjà mortes, et der­rière elles se tient la mort et elle les guide », pour repren­dre la for­mule si juste d’Heiner Müller.

Je revois cette scène où deux jeunes amoureux, séparés par leurs clans, parvi­en­nent à se retrou­ver dans un parc et déci­dent de mourir ensem­ble. Au moment même où ils vont se don­ner le coup mor­tel, les mon­treurs sem­blent se détourn­er de leurs poupées, s’en écarter par pudeur, comme si les fig­ures du des­tin lais­saient place à un geste volon­taire.

Bien des années après, je me suis sou­venu du Bun­raku pour trou­ver le meilleur moyen de réalis­er « une petite pièce anna­mite », « un opéra de poche » de Jean Cocteau, qui était, au dire de l’auteur, « le noy­au d’une mise en scène très dif­fi­cile ». Le poète avait très libre­ment adap­té une légende indochi­noise, L’Épouse injuste­ment soupçon­née.

Un enfant de qua­tre ans, le petit Dan, n’a encore jamais vu son père, par­ti pour la grande guerre à la veille de sa nais­sance. Dan réclame avec insis­tance la présence de son père. Pour con­sol­er son fils, Dame Vu allume la lampe de sa cham­bre. L’ombre mater­nelle se pro­jette sur le mur du fond et devient, aux yeux du gamin, son véri­ta­ble père.

DAME VU
Le soir, j’essaie de dis­traire Dan :
J’allume la lampe, je par­le à mon ombre. Elle est le mari, moi sa femme. Dan s’amuse.
Pau­vre petit, c’est triste d’être orphe­lin. (Elle appelle) Dan ! Dan ! Dan !

DAN (sautant)
À cheval ! À cheval !
Bon­jour maman. Où est mon père ?

DAME VU (à part)
Oh ! Tou­jours la même chose. (haut) Tu sais bien que dans la journée
ton père quitte la mai­son. Patiente un peu que j’allume :
Alors tu ver­ras partout ton père me suiv­re.

Ce mer­veilleux livret de 1922 était resté à l’abandon. Georges Auric, musi­cien pressen­ti n’avait pas écrit une seule note. Grâce à une com­mande de l’Opéra de Mont­pel­li­er, Valérie Stephan a don­né une belle par­ti­tion à ce petit chef‑d’œuvre, si longtemps orphe­lin de musique.

Affiche du spec­ta­cle L’épouse injuste­ment soupçon­née. Texte Jean Cocteau, musique Valérie Stephan, mise en scène Jacques Nichet. Opéra de Mont­pel­li­er, 1995. Pho­to DR.

Il me restait une grande dif­fi­culté à sur­mon­ter : com­ment charg­er d’un rôle aus­si décisif un enfant de qua­tre ans ? Voici que le Bun­raku m’offre une solu­tion : une mar­i­on­nette n’a jamais de tur­bu­lence imprévue, de trou de mémoire, d’imprécision dans son jeu. La mère du petit Dan, sera, comme son fils, inter­prétée par une poupée. Deux mon­treurs, voilés de noir, Jeanne Heuclin et Dominique Houdard les ont pris­es en main.

Une même voix relie la mère et l’enfant. La sopra­no (Edwige Bour­dy) chante, sur une légère dif­férence de tim­bre, la par­ti­tion de Dame Vu et celle du petit Dan. Voilée de noir, elle aus­si, elle rejoint les deux mon­treurs et accom­pa­gne leurs mou­ve­ments par le chant : ils don­nent vie, elle donne voix. Le jeu vocal et la manip­u­la­tion se rassem­blent. La chanteuse et les deux mar­i­on­net­tistes font appa­raître, par leur trio, une nou­velle forme de Bun­raku.

La guerre prend fin, le sol­dat revient. Un chanteur (André Cognet à la créa­tion) écrase de sa hau­teur les deux poupées : c’est encore un change­ment rad­i­cal par rap­port à la tra­di­tion.

DAN
Quel est ce mon­sieur ?

SIN
Ton père 
Dan, ton père revenu
exprès pour t’embrasser.

DAN
Non, mon­sieur, vous n’êtes pas mon père.
Mon père ne par­le jamais.
Le soir, maman allume la lampe. Il arrive.
Il suit maman partout dans la cham­bre.
Si elle se lève, il se lève.
Si elle marche, il marche.
Si elle s’assoit, il s’assoit.
Si elle se couche…

SIN (le bru­tal­isant)
Assez ! Je com­prends main­tenant pourquoi elle trem­blait de nous laiss­er seuls.

Fou de rage, l’homme chas­se aus­sitôt son « épouse injuste­ment soupçon­née ».
Quand Dame Vu s’avance du loin­tain pour aller se jeter dans le fleuve, je peux jouer avec la forme du Bun­raku pour mon­tr­er la scène d’une manière sin­gulière. Dame Vu s’avance, mais sa voix ne la suit plus. La sopra­no, voilée de noir, est en avance sur l’action : elle attend déjà sur le bord de la rive. La mar­i­on­nette avance pénible­ment vers son des­tin, vers la voix qui chante sa peur de mourir :
C’est fini, je ne ver­rai plus ma mai­son.
Je ne ver­rai plus mon petit Dan,
Je meurs sans rien com­pren­dre à mon crime.
J’ai peur de l’eau dans la bouche.

Dès que Dame Vu s’approche du fleuve, la chanteuse s’éloigne, empor­tant avec elle son lamen­to jusqu’au silence… Ain­si, sans voix, sans mot, la mar­i­on­nette se jette dans le vide. Les mains du mon­treur se détachent lente­ment de celle à qui il a don­né vie. L’autre mar­i­on­net­tiste, qui l’a relayé en prenant la poupée, accom­pa­gne sa descente lente et tournoy­ante vers le bas. Elle la dépose avec douceur sur le sol. Nous assis­tons à une mort réelle : Dame Vu est rede­v­enue un bout de bois inerte. Les mon­treurs se retirent. L’orchestre s’arrête. Reste un grand silence dans toute la salle, immo­bile devant cette immo­bil­ité.

En 1948, Jean Cocteau, dans une let­tre à Lud­mil­la Pito­eff, lui con­fie son désir de voir sa « petite pièce anna­mite » inter­prétée par des mar­i­on­nettes. Il vient de relire le livret qu’il a écrit pour des chanteurs et, désor­mais, il l’imagine com­posé pour des poupées. Mon ami Gérard Lieber, qui m’a si sou­vent aidé en partageant tant de spec­ta­cles avec moi, a décou­vert ce doc­u­ment après la fin des représen­ta­tions. Son man­u­scrit avait souf­flé à Cocteau la solu­tion. Un texte en sait par­fois bien plus que son auteur ! Cette forme de mar­i­on­nette asi­a­tique me sem­blait exacte­ment cor­re­spon­dre à la légende indochi­noise. J’ai pris la lib­erté de mod­i­fi­er les règles tra­di­tion­nelles du Bun­raku pour pou­voir répon­dre à la lib­erté de l’adaptation du poète. Cet opéra de poche, qui mêle déjà avec humour et ten­dresse con­te cru­el et théâtre forain, accueil­lait sans dif­fi­culté les mar­i­on­nettes : on jouait avec bon­heur de ces con­stants décalages entre des gen­res dif­férents, ouverts les uns aux autres !

Le livret de L’Épouse injuste­ment soup-çon­née m’avait tou­jours mys­térieuse­ment attiré. La représen­ta­tion que j’en avais don­née ren­forçait mon trou­ble. « Je suis un men­songe qui dit tou­jours la vérité », affir­mait Cocteau. Quelle vérité se cachait sous cette petite pièce ? Vers l’âge de neuf ans, je l’ai appris plus tard, le petit Jean a entrap­erçu entre deux portes le cadavre de son père qui venait de se sui­cider. Le poète n’en a jamais par­lé dans ses autres œuvres, ni dans son jour­nal ni dans sa cor­re­spon­dance. Ce secret, l’ombre du père absent, je l’ai con­fié sans le con­naître à cette voix fémi­nine qui chan­tait sous son voile de deuil :
Ô mort, habille-moi de neige.
Donne-moi la tran­quil­lité.

« Quand donc cesserez-vous de vous iden­ti­fi­er à la forme qui vous définit ? », s’indigne Gom­brow­icz.

Aucune forme, à elle seule, ne peut définir le théâtre qui ne cesse d’échapper à son iden­tité, depuis la nuit des temps. Nous allons par­tir, dans les semaines qui vien­nent, à la recherche de spec­ta­cles sin­guliers, loin­tains mais inef­façables.

Mon plus grand plaisir serait de retrou­ver le choc d’une sur­prise, le sur­gisse­ment de l’émotion comme pour la pre­mière fois, le soir où nous avons décou­vert Orlan­do Furioso de Luca Ron­coni, 1789 – 1793 d’Ariane Mnouchkine et du Theâtre du Soleil, Un garçon dit au revoir à sa mère et Fire de Peter Schu­mann et du Bread and Pup­pet, Le regard du sourd de Robert Wil­son, La classe morte de Tadeusz Kan­tor, Les aveu­gles de Maeter­linck dans la fan­tas­magorie de Denis Mar­leau, L’acte incon­nu de Valère Nova­ri­na, Café Muller et Barbe-Bleue de Pina Bausch. Il y a quar­ante ans tous ces spec­ta­cles étaient inimag­in­ables. « Si tu peux l’imaginer, tu peux le faire », dit le sculp­teur Calder. Il a juste fal­lu un artiste un jour pour les imag­in­er.

La sopra­no Edwige Bour­dy, qui donne la voix aux deux mar­i­on­nettes (le petit Dan manip­ulé par Jeanne Heuclin, la Dame Wu manip­ulée par Dominique Houdart) et le bary­ton André Cognet dans L’épouse injuste­ment soupçon­née. Texte Jean Cocteau. Musique Valérie Stephan. Mise en scène Jacques Nichet. Mar­i­on­nettes d’Alain Rous­sel. Pho­to DR.

Dans les dernières min­utes du dernier spec­ta­cle de Pina Bausch, les danseurs, les uns après les autres, s’avançaient vers le pub­lic en mur­mu­rant :
Ne m’oubliez pas ! Ne m’oubliez pas !

Je n’oublierai pas. Je souhaite même sor­tir de l’oubli ce que ma mémoire a lais­sé som­br­er. Je souhaite « désou­bli­er », selon la belle expres­sion de Valère Nova­ri­na. Au cours de cette pre­mière leçon, des sou­venirs frag­iles sont revenus, quelques instants inespérés de spec­ta­cles dis­parus. J’ai voulu vous les trans­met­tre, à l’heure où la nuit tombe, comme des traces encore trem­blantes d’un rêve qui ne s’est jamais entière­ment évanoui. Le trop atten­du, nous l’avons déjà oublié en pous­sant la porte de sor­tie. Seul l’inattendu se grave en nous. Je garde à jamais en moi les derniers vers d’Alceste d’Euripide, dans la tra­duc­tion de Myr­to Gondi­cas :
Ce que l’on attendait n’arrive pas à son terme
mais à l’inattendu un dieu trou­ve un pas­sage.

Per­me­t­tez-moi d’arrêter mon vagabondage en vous racon­tant une dernière his­toire – vous l’avez com­pris, c’est mon méti­er et mon plaisir :
Un jour, un homme vint trou­ver le directeur d’un cirque et lui deman­da si par hasard il n’avait pas besoin d’un imi­ta­teur d’oiseau. « Non », répon­dit le directeur du cirque. Alors l’homme s’envola à tire d’aile par la fenêtre.

  1. Jacques Nichet, Le théâtre n’existe pas, Paris, Col­lège de France/Fayard, coll. « Leçons inau­gu­rales », n°213, 2011 ; en accès ouvert sur OpenEdi­tion Books : https ://books.openedition. org/cdf/396 [DOI : 10.4000/ books.cdf.396].  ↩︎
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