La question de la diversité sur scène ne se pose pas en Allemagne dans les mêmes termes que dans des pays au passé colonial important. En revanche, nombreux sont les enfants et petits-enfants des anciens « Gastarbeiter » (travailleurs invités) à avoir pris la nationalité allemande. Cet état de fait se reflète dans la notion de « théâtre postmigratoire » (postmigrantisches Theater), employée pour caractériser le travail d’artistes issus de l’immigration. Le terme a été inventé en 2008 par Shermine Langhoff alors qu’elle dirigeait le Ballhaus Naunynstraße, salle de spectacle située dans le quartier berlinois de Kreuzberg caractérisé par sa population d’origine turque. Bien que née en Turquie, Langhoff s’est toujours défendue de faire un théâtre réservé à des minorités réduites à leurs particularismes :
« Le théâtre postmigratoire ne signifie pas qu’il y a LE migrant ou LE théâtre de migrants mais que la diversité est tout simplement présente. Il s’agit de thématiser la multiplicité des couches de migration. La migration a toujours été un moteur de l’humanité. Il ne s’agit justement pas pour nous de traiter les traumatismes subis par les migrants à leur arrivée mais de montrer qu’il est question d’une deuxième ou une troisième génération d’immigrés… »1
La promotion de Langhoff en 2013 à la tête du Maxim-Gorki-Theater, théâtre d’État situé dans le quartier historique de la capitale allemande, a contribué à accélérer ce mouvement de dépassement de la seule question de la diversité culturelle.