Le cercle de la violence. Baby Doll, portrait de réfugiées

Musique
Parole d’artiste
Réflexion

Le cercle de la violence. Baby Doll, portrait de réfugiées

Le 9 Nov 2021
Baby Doll Berlin (c) Thomas Aurin
Baby Doll Berlin (c) Thomas Aurin
Baby Doll Berlin (c) Thomas Aurin
Baby Doll Berlin (c) Thomas Aurin
Article publié pour le numéro
Couverture du numéro 144-145 - Opéra et écologie(s)
144 – 145

Pro­pos recueil­lis par Leyli Dary­oush

À l’opéra, en rai­son du livret, je ne suis pas libre d’écrire l’histoire qui me tra­verse. Baby Doll1est une com­mande de l’Orchestre de cham­bre de Paris pour la 250ème année de la nais­sance de Beethoven. Le choix d’une sym­phonie du com­pos­i­teur m’a été accordé et j’ai pro­posé la 7ème pour en faire une sorte d’opéra pour notre temps.

La lib­erté d’imaginer l’histoire et la forme

Avec cette sym­phonie, j’étais libre d’imaginer le sujet et la forme scénique du pro­jet, et je voulais un objet hybride – un dia­logue entre une musique emblé­ma­tique de notre pat­ri­moine et une musique plus actuelle, celle du clar­inet­tiste Yom et son ensem­ble, les Won­der Rab­bis. En con­ciliant ces deux musiques, j’ai provo­qué la ren­con­tre de deux univers rad­i­cale­ment dif­férents, comme un mariage arrangé ! Mais Yom a une for­ma­tion clas­sique, il est capa­ble de décrypter en amont cette sym­phonie pour y puis­er matière à com­po­si­tion. Il est aus­si un musi­cien d’improvisation, et il a com­posé, pen­dant les répéti­tions, une musique en phase avec le pro­pos nar­ratif et le mou­ve­ment des danseurs.

Pour ce pro­jet, il était intéres­sant d’avoir des danseurs et tra­vailler le mou­ve­ment des corps – Baby Doll par­le de migrants et de tra­ver­sées des fron­tières dans des con­di­tions physiques extrêmes. L’image vidéo aus­si était essen­tielle, avec l’usage de la caméra en direct. Je par­le d’envie mais il y a eu de heureux hasards. Dans Le Mon­stre du Labyrinthe2, il était aus­si ques­tion de réfugiés et de tra­ver­sées. C’est au sein d’associations des migrants que j’ai enten­du des par­cours éton­nants dont le des­tin des femmes, réfugiées dont on ne par­le que rarement. 

À l’écoute de la 7ème, j’ai enten­du le voy­age ; j’ai vu des per­son­nes franchir les déserts et les mers ; j’ai enten­du des voix de femmes réfugiées. Je tra­vaille tou­jours de cette façon dans mes pro­jets d’opéra. Sans le livret. L’histoire est tou­jours une don­née incon­nue, surtout quand c’est écrit dans une langue étrangère. Seule la musique m’emmène quelque part.

Ce n’est qu’une fois que la migra­tion fémi­nine (femmes d’Afrique sub­sa­hari­enne, d’Asie ou du Moyen-Ori­ent) s’est imposée comme sujet de mon his­toire, que le choix de la musique à la fois éclec­tique et nos­tal­gique de Yom s’est imposé3. Le dip­tyque musi­cal pre­nait sens : la musique occi­den­tale d’un alle­mand du XVIIIe siè­cle et celle con­tem­po­raine de Yom expri­maient l’idéal d’une vie meilleure, un eldo­ra­do, et le voy­age pour attein­dre cette terre promise.

Après Le Mon­stre du Labyrinthe, la migra­tion au féminin

Dans Le mon­stre du Labyrinthe, le lien avec la migra­tion sem­blait néces­saire même s’il n’était pas ques­tion de femmes pré­cisé­ment mais d’humains tous gen­res con­fon­dus, de familles, du lien mater­nel avec l’enfant sur l’autel du sac­ri­fice.

Musique
Parole d’artiste
Réflexion
Marie-Eve Signeyrole
35
Partager
Leyli Daryoush
Leyli Daryoush
Leyli Daryoush est musicologue de formation et docteure en études théâtrales. Dramaturge, chercheuse, spécialiste de l’opéra,...Plus d'info
Partagez vos réflexions...

Vous avez aimé cet article?

Aidez-nous a en concocter d'autres

Avec votre soutien, nous pourrons continuer à produire d'autres articles de qualité accessibles à tous.
Faites un don pour soutenir notre travail
Soutenez-nous
Chaque contribution, même petite, fait une grande différence. Merci pour votre générosité !
La rédaction vous propose
Mon panier
0
Ajouter un code promo
Sous-total

 
Artistes
Institutions

Bonjour

Vous n'avez pas de compte?
Découvrez nos
formules d'abonnements