Un opéra fantasmagorique À propos de L’AUTRE HIVER de Normand Chaurette et Dominique Pauwels

Un opéra fantasmagorique À propos de L’AUTRE HIVER de Normand Chaurette et Dominique Pauwels

Entretien avec Stéphanie Jasmin et Denis Marlea

Le 19 Jan 2015
UNE FÊTE POUR BORIS d’après Thomas Bernhard, mise en scène Denis Marleau, 2009. Photo Stéphanie Jasmin.
UNE FÊTE POUR BORIS d’après Thomas Bernhard, mise en scène Denis Marleau, 2009. Photo Stéphanie Jasmin.

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UNE FÊTE POUR BORIS d’après Thomas Bernhard, mise en scène Denis Marleau, 2009. Photo Stéphanie Jasmin.
UNE FÊTE POUR BORIS d’après Thomas Bernhard, mise en scène Denis Marleau, 2009. Photo Stéphanie Jasmin.
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YANNIC MANCEL : Il s’a­gi­rait donc d’un opéra con­tem­po­rain, une créa­tion, dont le texte a été com­mandé à Nor­mand Chau­rette et la musique à Dominique Pauwels, et son sujet évo­querait la rela­tion affec­tive tumultueuse entre Rim­baud et Ver­laine.

Stéphanie Jas­min : Pour Daniel Cor­do­va, il s’agis­sait d’abord et surtout d’in­viter Denis Mar­leau pour une nou­velle créa­tion à l’occasion des fêtes de Mons 2015, de sorte que l’événe­ment avec sa réso­nance inter­na­tionale soit aus­si une sorte d’apothéose de tout le tra­vail qui précède de longue date, et de l’extrême fidél­ité des pro­gram­ma­tions suc­ces­sives du Manège et du Fes­ti­val Au Car­ré, sai­son après sai­son, aux nom­breuses créa­tions de Denis depuis 1994, avec WOYZECK, à l’époque où la struc­ture s’ap­pelait encore Cen­tre Dra­ma­tique Hain­uy­er et où Daniel était déjà l’ad­min­is­tra­teur de pro­duc­tion du lieu.

Dès 2012, Daniel est arrivé avec cette propo­si­tion pré­cise parce qu’en 1873 Ver­laine a séjourné à Mons, suite à la rixe qui l’avait opposé à Rim­baud dans la gare de Brux­elles. Ver­laine qui avait tiré deux coups de feu sur son ami fut incar­céré à Mons et y écriv­it der­rière les bar­reaux quelques-uns de ses plus beaux poèmes, notam­ment ceux du recueil SAGESSE.

Daniel nous a alors fait ren­con­tr­er Dominique Pauwels, qui de son côté, depuis plusieurs années, nour­ris­sait le pro­jet de com­pos­er une œuvre autour de la poésie et du per­son­nage d’Arthur Rim­baud. Au cours de l’été 2012, alors que nous étions en rési­dence au château de Grig­nan pour LES FEMMES SAVANTES, les présen­ta­tions ont eu lieu. Denis a alors immé­di­ate­ment pen­sé à Nor­mand Chau­rette qu’il con­nais­sait déjà comme libret­tiste, et aus­si parce qu’au cœur des rela­tions entretenues par Ver­laine et Rim­baud, il y a des mères, des femmes, des enfants-rois, des enfants mon­strueux, la vio­lence et la bru­tal­ité des génies, leur noirceur, l’homosexualité aus­si, bref des thèmes qui par­courent déjà l’ensemble de l’œuvre de Chau­rette.

Denis Mar­leau : On à fait se ren­con­tr­er le com­pos­i­teur et le libret­tiste à Mon­tréal, en jan­vi­er 2013. Nous nous sommes alors aperçus que Nor­mand avait surtout des deux poètes un sou­venir sco­laire, qu’il ne se recon­nais­sait pas dans l’univers de la poésie sat­urni­enne, mais cela ne nous a pas dis­suadés. Nous avons décidé d’a­vancer ensem­ble dans la recherche. Pour nous qui sor­tions à peine des FEMMES SAVANTES, c’é­tait comme une sorte de « mariage arrangé », mais celui-là s’est con­fir­mé dans la ren­con­tre, dans le tra­vail, dans la bonne volon­té de tous, et surtout dans l’envie partagée d’ex­plor­er un univers qui tous nous intriguait, et com­mençait à se métabolis­er en com­po­si­tion, en écri­t­ure et en mise en scène grâce à nos échanges et à la mutu­al­i­sa­tion de nos ques­tion­nements.

Y. M.: Au moment où nous par­lons, nous sommes en juin 2014, à Gand où vous audi­tion­nez des artistes lyriques pour le pro­jet, avez-vous déjà un syn­op­sis ?

D. M.: Plus que ça. Nous avons un livret, du moins sa pre­mière mou­ture, en tout une quar­an­taine de pages.

Y. M.: Quels en sont les per­son­nages ?

S. J.: Dès nos pre­mières ren­con­tres, les trois par­ties en présence se sont accordées pour éviter les écueils de la biogra­phie, de l’anecdote, du réc­i­tal musi­cal de poèmes. Pour Nor­mand, la recherche de l’angle d’at­taque a été un enjeu essentiel:comment approcher deux mon­stres légendaires aus­si résis­tants ? Et il a fini par trou­ver la porte d’entrée dans une nou­velle qu’il avait écrite à dix- sept ans, aux orig­ines de son écri­t­ure. Dès le départ, et c’est un thème récur­rent dans l’œuvre de Nor­mand, il a été ques­tion d’un bateau. Il pen­sait à ces allers et retours que les deux amis ont effec­tués entre l’Angleterre et la France, à ces tra­ver­sées motivées par Les cours de français que Ver­laine allait don­ner aux enfants de la bonne bour­geoisie lon­doni­enne.

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Écrit par Yannic Mancel
Après l’avoir été au Théâtre Nation­al de Stras­bourg puis au Théâtre Nation­al de Bel­gique, Yan­nic Man­cel est depuis...Plus d'info
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