Les Mille et Une Nuits du théâtre au Québec:visions, merveilles et désenchantements*

Les Mille et Une Nuits du théâtre au Québec:visions, merveilles et désenchantements*

Le 8 Sep 1986

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Canada Quebec 86 repères-Couverture du Numéro 26 d'Alternatives ThéâtralesCanada Quebec 86 repères-Couverture du Numéro 26 d'Alternatives Théâtrales
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*Ce texte a été orig­inelle­ment conçu pour le Monde selon Graff, une pub­li­ca­tion de Graff, Cen­tre de con­cep­tion graphique inc., à paraître à Mon­tréal à l’au­tomne 1986, pour soulign­er le vingtième anniver­saire de cette galerie-ate­lier d’artistes. 

Un nou­veau pays théâ­tral 

Dans le Renou­veau du théâtre au Cana­da français (Edi­tions du Jour, 1961), Jean Hamelin comp­tait, en ce début de « Révo­lu­tion tran­quille », quelque trente spec­ta­cles pro­fes­sion­nels à avoir pris l’af­fiche à Mon­tréal en une sai­son : vingt ans plus tard, ce nom­bre aura au moins quin­tu­plé et, à la grandeur du Québec, on a pu, ces dernières années, estimer à plus de 300 les spec­ta­cles théâ­traux offerts annuelle­ment, durant la sai­son régulière — de sep­tem­bre à mai — et en été.
De la même façon, les com­pag­nies théâ­trales se sont mul­ti­pliées — on en dénom­brait, en 1984, autour de 200, en com­prenant les théâtres esti­vaux1 — alors que les démarch­es artis­tiques se sont diver­si­fiées et que les publics2 notam­ment au cours de la dernière décen­nie, ont con­nu un taux de crois­sance très sig­ni­fi­catif. Le baby boom d’après-guerre, la sco­lar­i­sa­tion de larges couch­es de la pop­u­la­tion, l’aug­men­ta­tion du niveau de vie — et, en con­séquence, la diver­si­fi­ca­tion des sources de loisir —, con­jugués à une vague néo-nation­al­iste sans précé­dent, ont été des fac­teurs d’ou­ver­ture cul­turelle et expliquent, en par­tie du moins, que la pra­tique théâ­trale ait con­nu un développe­ment sauvage qui l’a remod­elée en pro­fondeur. À par­tir, notam­ment, de la fon­da­tion du Cen­tre d’es­sai des auteurs dra­ma­tiques3 (C.E.A.D.) en 1965, le théâtre au Québec devien­dra un vaste lab­o­ra­toire où se côtoieront le meilleur et le pire, les approx­i­ma­tions généreuses comme les recherch­es les plus intens­es et les plus per­ti­nentes. Dans les notes qui suiv­ent, je me pro­pose de dress­er un panora­ma de l’activité théâ­trale des vingt dernières années au Québec, dans une per­spec­tive à la fois socio-his­torique et cri­tique. D’abord, j’ex­am­in­erai le champ des pra­tiques dra­maturgiques ; dans un deux­ième temps, je me pencherai sur les pra­tiques scéniques, en me con­tentant d’i­den­ti­fi­er les com­pag­nies mar­quantes et les courants majeurs. C’est là, on s’en doute, un partage com­mode qui vise à ren­dre compte des deux com­posantes majeures de toute activ­ité théâ­trale, et qui ne pour­ra pas faire directe­ment saisir les mul­ti­ples rap­ports texte/représentation inhérents au champ théâ­tral. 

L’ex­plo­sion dra­maturgique 

Au milieu des annés soix­ante, le théâtre, à l’image de beau­coup d’autres pra­tiques artis­tiques au Québec, s’ap­prête à dénon­cer son statut « cana­di­en-français » pour s’af­firmer comme « québé­cois ». Des pio­nniers d’après-guerre, comme Gra­tien Géli­nas (1909), Jacques Fer­ron (1921 – 1986), Mar­cel Dubé (1930), Anne Hébert (1916), Jacques Lan­guirand (1930) et Françoise Lor­anger (1913), n’écriront plus pour la scène d’œu­vres sig­ni­fica­tives après 1970… Un nou­veau chapitre de notre his­toire théâ­trale va toute­fois s’ou­vrir avec la créa­tion des Belles-sœurs (1968)4 de Michel Trem­blay ; en réu­nis­sant quinze per­son­nages féminins de con­di­tion mod­este, s’ex­p­ri­mant dans un idiome pop­u­laire, le joual, qui déchaîne aus­sitôt la con­tro­verse, Trem­blay va en effet faire éclater le scan­dale de leur con­di­tion alié­nante et, à tra­vers ces colleuses de tim­bres-primes, celle du Québec tout entier. Or, le coup de maître de Trem­blay fonc­tionne aus­si à la manière d’une force libérante, car l’activité dra­maturgique com­mence alors à s’intensifier, ce dont le tableau suiv­ant don­nera une idée : 

Nom­bre de créa­tions à la scène de 1965 à 19815 

196523
196620
196748
196842
196961
197077
197180
197290
197383
1974non disponible
197534
197635
197753
197865
197972
198062
198150
TOTAL : 895

Un théâtre de l’i­den­tité : paroles de désal­ié­na­tion

Avant toute chose, la péri­ode qu’in­au­gu­rait Les belles-sœurs, en fut une de décoloni­sa­tion cul­turelle et d’é­man­ci­pa­tion col­lec­tive. Le théâtre, dans un con­texte de boule­verse­ments socio-poli­tiques, a pu con­tribuer à révéler la col­lec­tiv­ité québé­coise à elle-même, en dénonçant ses réflex­es de minorité et son passé, mar­qué par le dépen­dance aux valeurs religieuses, rurales et famil­iales tra­di­tion­nelles. De la fin des années soix­ante au Référen­dum de 19806, un homme de théâtre, Jean-Claude Ger­main, a incar­né, plus que tout autre, la volon­té d’une « québé­ci­sa­tion » de notre cul­ture, à l’en­con­tre de tous les mod­èles étrangers que d’aucuns pré­tendaient plus uni­versels — ce qu’il a volon­tiers taxé d’«ailleurisme » —. D’abord cri­tique théâ­tral, puis dra­maturge, met­teur en scène et directeur de com­pag­nie — le Théâtre d’aujourd’hui —, Ger­main a écrit en une douzaine d’an­nées vingt-cinq pièces dont les plus mar­quantes, à des titres divers, sont : Digu­i­di, digu­i­di, ha ! ha ! ha ! (1969), Dédé Mesure (1972), Les hauts et les bas d’la vie d’une diva : Sarah Ménard par eux-mêmes (1974), Un pays dont la devise est je m’oublie (1976), Les faux bril­lants de Félix-Gabriel Marc­hand (1977) et A Cana­di­an Play/Une plaie cana­di­enne (1979). Dans une écri­t­ure volon­tiers hyper­bolique, criblée de références et d’allusions à l’histoire québé­coise, Ger­main a sou­vent adop­té un ton pam­phlé­taire, col­oré par le recours à la par­o­die, voire à la fatrasie. Sen­si­ble à la dimen­sion théâ­trale de la vie sociale ou poli­tique, cet auteur dra­ma­tique se mon­tre habile à exploiter les jeux de rôles qui pèsent sur ses per­son­nages ; ceux-ci nous sont, du reste, présen­tés comme des créa­tures spécu­la­tives, quand ils ne sont pas car­ré­ment des comé­di­ens pris dans le tour­bil­lon de leurs sim­u­lacres, ce qui accentue la dimen­sion car­i­cat­u­rale et satiriste de cette dra­maturgie qui s’est voulue urbaine, actuelle et engagée, mais qui paraît aujourd’hui embar­rassée par sa trop grande tran­si­tiv­ité ou, si l’on veut, par l’univocité de ses mes­sages… — ce qui explique peut-être l’e­spèce de pur­ga­toire que con­nais­sent cette œuvre et son auteur depuis quelques années.
L’im­por­tance de Ger­main n’en est pas moins indé­ni­able, il a for­mé ou soutenu nom­bre de créa­teurs (auteurs et artistes de la scène), tant au Cen­tre d’es­sai des auteurs dra­ma­tiques et au Théâtre d’au­jour­d’hui qu’à l’Ecole nationale de théâtre du Cana­da — où il dirige une sec­tion d’écri­t­ure dra­ma­tique depuis 1975 — en leur insuf­flant un esprit cri­tique et en élab­o­rant un dis­cours pro­gram­ma­tique qui visait à l’étab­lisse­ment durable d’une dra­maturgie nationale. Depuis son célèbre « C’est pas Mozart, c’est le Shake­speare québé­cois qu’on assas­sine »(1970)7, Ger­main a défendu à toutes les tri­bunes la néces­sité d’une autonomie cul­turelle et poli­tique pour le Québec et il a cher­ché à inscrire notre théâtre dans son his­toire pro­pre et l’His­toire (du Québec) dans notre théâtre. Tout aus­si pro­lifique — avec près de trente pièces, par­mi lesquelles on peut sig­naler Ben-Ur (1971), Goglu (1971), Une brosse (1975) et, plus récem­ment, Le grand poucet (1979) et Les gars (1983) —, Jean Bar­beau a brossé, sur le mode comi­co-dra­ma­tique, les por­traits de vel­léi­taires ou d’in­di­vidus floués — surtout des hommes —, aux pris­es avec leurs illu­sions et les lim­ites de leur exis­tence à courte vue. Mais cet auteur à suc­cès, de tem­péra­ment améri­cain, paraît s’être arrêté à la seule descrip­tion de com­porte­ments plus ou moins aber­rants, dans des dia­logues qui sont à peine décan­tés de la réal­ité ; son œuvre, liée plus sou­vent qu’autrement à l’air du temps, sem­ble vouée, à quelques pièces près, au même des­tin que le jour­nal de la veille…
Bar­beau est ain­si le représen­tant typ­ique d’une dra­maturgie pop­uliste, légère ou qua­si mélo­dra­ma­tique, qui fait l’or­di­naire des théâtres com­mer­ci­aux ou de ceux, comme la Com­pag­nie Jean Duceppe, qui mis­ent sur l’é­mo­tion et le rire pour dis­traire à par­tir de sujets à la mode, avec la bonne con­science d’être soi-dis­ant d’ac­tu­al­ité. Tout cela pour dire que la dra­maturgie québé­coise, en se pop­u­lar­isant, s’est aus­si améri­can­isée dans ses for­mu­la­tions dra­maturgiques et que beau­coup de textes qui.se créent depuis une bonne dizaine d’an­nées recon­duisent, délibéré­ment ou non, les recettes éprou­vées du show-busi­ness (off-)broadwayen — comédies musi­cales com­pris­es — et de ses avatars télévi­suels, le soap opera et la sit-com. En ce sens, les pièces, toutes écrites en col­lab­o­ra­tion, de Louis Saia — Une amie d’enfance (1977), Broue (1979), Bach­e­lor (1979), Appelez-moi Stéphane et Les voisins (1980); Monogamy (1982)8 — accu­mu­lent à pro­fu­sion les idio­syn­crasies des ban­lieusards et autres petits-bour­geois actuels, en se refu­sant à tout appro­fondisse­ment cri­tique et en lais­sant aux spec­ta­teurs (qui en rede­man­dent) la com­plaisante sat­is­fac­tion de juger l’Autre en toute quié­tude d’esprit. Théâtre en sur­face qui mise sur des effets de recon­nais­sance, ce type de comédies est très prisé par un pub­lic qui « jouit de ce que la représen­ta­tion découpe et fige un frag­ment de réel »9

Cepen­dant, d’autres dra­maturges, durant ce qu’on pour­rait appel­er la péri­ode de remise en ques­tion de notre société à l’égard des normes et habi­tus hérités du mono­lithisme théocra­tique, ont con­tribué à nom­mer — et à nouer — l’i­den­tité québé­coise nais­sante, sou­vent mar­quée au coin de la déri­sion et de l’ab­surde, ou présen­tée sous l’angle d’un réal­isme satirique ; c’est le cas, par exem­ple, de La guerre, yes sir ! (1970) de Roch Car­ri­er, Aujourd’hui, peut-être (1972) de Serge Sirois, On n’est pas sor­ti du bois (1972) de Dominique de Pasquale, Wouf Wouf (1974) d’Yves Sauvageau, La famille Toucourt en solo ce soir (1979) d’Er­ic Ander­son, À qui l’petit cœur après neuf heures et demie ?(1980) de Maryse Pel­leti­er et Bien­v­enue aux dames, Ladies Wel­come ! (1983) de Jean-Ray­mond Mar­coux.
D’autres auteurs, plus grave­ment sans doute, ont fouil­lé l’âme col­lec­tive, du passé le plus loin­tain au présent le plus brûlant, pour en extir­p­er des signes d’aliénation, accu­mulés par l’ex­péri­ence col­lec­tive depuis la Con­quête bri­tan­nique. Des pièces comme Le procès de Jean-Bap­tiste M. (1972) de Robert Gurik, La sagouine (1972) d’An­to­nine Mail­let — d’origine aca­di­enne, mais dont la car­rière théâ­trale fut essen­tielle­ment québé­coise —, La gloire des filles à Magloire (1975) d’An­dré Ricard, Le temps d’une vie (1975) de Roland Lep­age, Dernier recours de Bap­tiste à Cather­ine (1977) de Michèle Lalonde, Songe pour un soir de print­emps (1981) d’Él­iz­a­beth Bour­get et C’était avant la guerre à l’Anse à Gilles (1981) de Marie Laberge ont ain­si recon­sti­tué dif­férents épisodes de notre (petite) his­toire pour en tir­er le con­stat trag­ique de la « québéc­i­tude ». 

Toute­fois, l’auteur majeur de toute la péri­ode cou­verte ici demeure sans con­tred­it Michel Trem­blay. Quand Les belles-sœurs sont apparues, ironie du sort, sur la scène qui représen­tait en 1968 le parisian­isme théâ­tral dans toute sa splen­deur — le Théâtre du Rideau Vert —, toute l’histoire du théâtre cana­di­en-français n’a fait qu’un tour : tante Clara10 et Antigone, Dubé et lonesco, subite­ment, n’é­taient plus joués sur des scènes séparées. Un « mon­stre » nous était don­né. D’autres ont suivi… Car Trem­blay a su point­er avec acuité le cul-de-sac que con­sti­tu­aient, pour la col­lec­tiv­ité québé­coise, l’ig­no­rance, l’hypocrisie sociale ou religieuse et l’in­com­mu­ni­ca­bil­ité, dans des pièces dont le réal­isme décon­stru­it ne se dépar­tit jamais de sa charge cri­tique. Et puis, des Belles-sœurs au chef-d’œu­vre qu’est Alber­tine, en cinq temps (1984), en pas­sant par À toi, pour tou­jours, ta Marie-Lou (1971), Hosan­na (1973), Bon­jour, là, bon­jour (1974), Damnée Manon, sacrée San­dra (1977), son œuvre dra­ma­tique s’est imposée avec force, au Québec comme à l’é­tranger. Ger­maine, Marie-Lou, Léopold, Manon, Alber­tine, San­dra, Claude, Gabriel ou Car­men sont devenus de véri­ta­bles mythèmes de notre théâtre et de notre cul­ture ; ces per­son­nages ont une rare den­sité et une portée uni­verselle ; avec eux, Trem­blay a enclenché un impor­tant proces­sus de saisie tra­gi-comique des valeurs dom­i­nantes, tout en provo­quant une prise de con­science sans con­ces­sion à l’é­gard des petitesses et du masochisme atavique du peu­ple québé­cois.

Moins pop­u­laires que Trem­blay, des auteurs dra­ma­tiques comme Claude Gau­vreau (1925 – 1971), Michel Gar­neau et Réjean Ducharme ont con­tribué à fonder une dra­maturgie du verbe. Poète, essay­iste et dra­maturge, Gau­vreau a con­nu la fin trag­ique que toute son œuvre annonçait ; esprit lib­er­taire et pas­sion­né, il a dénon­cé, fidèle en cela à l’e­sprit de Refus glob­al, le célèbre man­i­feste automa­tiste de 1948, une société qu’il sen­tait cru­elle­ment asphyxi­ante, dans des pièces féro­ces et un peu grandil­o­quentes — La charge de l’o­rig­i­nal épormyable (1970), Les oranges sont vertes (1972), entre autres —. De son côté, le poète Michel Gar­neau a plongé, pour ses pièces majeures, dans tous les matéri­aux lan­gagiers dis­séminés dans la mémoire col­lec­tive, avec ivresse et sen­si­bil­ité aux nuances du cœur et de l’âme : Qua­tre à qua­tre (1973), Gil­gamesh (pub­liée en 1976), Emi­lie ne sera jamais plus cueil­lie par l’anémone (1981) et sa « tradap­ta­tion » de Mac­beth (1978) se détachent net­te­ment d’une œuvre abon­dante et diver­si­fiée, par leur thé­ma­tique intro­spec­tive, leur puis­sance d’envoûtement et leur sen­su­al­ité prosodique. Réjean Ducharme, enfin, a pra­tiqué la par­o­die grotesque — Le Cid maghané (1968) et Le Mar­quis qui perdit (1970) — et, avec plus de bon­heur, l’anti-épopée, bur­lesque ou dérisoire — Ines Pérée et Inat Ten­du (1968) et HA ha!… (1978) —: ce théâtre de la cru­auté qui dis­sèque les actes de lan­gage et met à nu le vide des con­sciences, cul­mine dans le dévoile­ment de la veu­lerie, assim­ilée rad­i­cale­ment chez Ducharme à la con­di­tion adulte.
Le théâtre engagé, dans un con­texte d’effervescence poli­tique et sociale, a attiré quelques auteurs — mais surtout des col­lec­tifs, dont il sera ques­tion en deux­ième par­tie —; men­tion­nons ici les noms de Robert Gurik — Ham­let, prince du Québec (1968), Le taber­na­cle à trois étages (pub­liée en 1972), La baie des Jacques (pub­liée en 1978) —, d’An­dré Simard — Le temps d’une pêche (pub­liée en 1974), En atten­dant Gau­dreault (pub­liée en 1976) —, de Gilbert Dupuis — Les trans­porteurs de monde (pub­liée en 1984) — et, con­cer­nant le jeune pub­lic, de Louis-Dominique Lav­i­gne — Un jeu d’enfants11 (1979), Un vrai con­te de fées (1982) — .

L’affranchissement fémin­iste ou quand le « e » n’est plus muet 

Une autre facette de notre dra­maturgie exige cer­taine­ment quelques com­men­taires : l’émer­gence de femmes-auteures. Bous­culée par un intense ques­tion­nement fémin­iste, l’écri­t­ure dra­ma­tique s’est non seule­ment trou­vée à être investie par un fort con­tin­gent de nou­velles auteures, mais elle a aus­si con­nu une muta­tion idéologique con­sid­érable sur le plan des « rôles » féminins, autant dans la dis­tri­b­u­tion de leurs traits car­ac­tériels et de leurs atti­tudes qu’à l’en­droit de leur poids spé­ci­fique dans la struc­ture des œuvres.
À vrai dire, la dra­maturgie des femmes des années soix­ante-dix en a d’abord été une de com­bat12 : des auteures dra­ma­tiques ont dénon­cé le pou­voir patri­ar­cal et l’esclavage domes­tique des femmes, mar­qué une volon­té de réap­pro­pri­a­tion de leur corps et réé­val­ué leur iden­tité sex­uelle, remis en cause la dépen­dance économique des femmes et leur assu­jet­tisse­ment aux représen­ta­tions éro­tiques des hommes, etc.; tout cela a trou­vé un écho dans de nom­breuses pièces et con­tin­ue d’être la sub­stance du dis­cours dra­ma­tique de plusieurs dra­maturges actuels, hommes ou femmes au demeu­rant, car l’im­pact du fémin­isme s’est depuis fait sen­tir sur l’ensemble du milieu théâ­tral. Ain­si, dans la recherche d’une légitim­ité dra­maturgique et théâ­trale, les femmes-auteures se sont man­i­festées à même une thé­ma­tique forte­ment engagée et par le recours à une for­mal­i­sa­tion, polar­isée, d’une part, par un didac­tisme plus ou moins démon­stratif et, d’autre part, par une approche sym­bol­iste, sou­vent lyrique. Pris­es de paroles dans l’urgence du moment, mis­es en relief humoris­tiques du quo­ti­di­en le plus anec­do­tique — mais débusquant par là-même les symp­tômes les plus intimes du malaise féminin — et explo­rations d’archétypes jusque dans leur ancrage mythique ont été les fonde­ments d’un regard incisif qui a embrassé tous les aspects prob­lé­ma­tiques de la vie des femmes-en-société. 

Mais ce qui a eu toutes les apparences d’un courant iden­ti­fi­able, ne fut certes pas unifié sur le plan dra­maturgique. Après les œuvres qui ont pris valeur de man­i­feste et don­né le ton, comme La nef des sor­cières (col­lec­tif, 1976) et Les fées ont soif (1978) de Denise Bouch­er, sont apparues des pièces moins déclar­a­tives et plus dra­ma­tique­ment artic­ulées, par exem­ple cette Moman (1979) de Louisette Dus­sault, une comé­di­enne-auteure dont le témoignage, haut en couleur et dis­tan­cié, a syn­thétisé avec éclat le ques­tion­nement socio-cul­turel de toute une généra­tion de Québé­cois­es à l’é­gard de la mater­nité. De leur côté, des auteures comme Eliz­a­beth Bour­get — Bernadette et Juli­ette ou La vie, c’est comme la vais­selle, c’est tou­jours à recom­mencer (1978); Bonne fête maman (1980) —, Jeanne-Mance Delisie — Un réel ben beau, ben triste (1979) —, Marie Laberge — Pro­fes­sion : je l’aime (1979); Joce­lyne Trudelle, trou­vée morte dans ses larmes (1980); Deux tan­gos pour toute une vie et L’homme gris (1984) — et Maryse Pel­leti­er — Du poil aux pattes comme les CWAC’s (1982), Duo pour voix obstinées (1985) — ont écrit des comédies de sit­u­a­tion et/ou des drames psy­chologiques pour lesquels elles ont priv­iligié le mode réal­iste en recourant à des procédés d’i­den­ti­fi­ca­tion et, par­fois, de dis­tan­ci­a­tion. 

D’autres auteures ont fait éclater le drame con­ven­tion­nel et ont injec­té dans leurs pièces des images et des par­tis pris scrip­turaux, iné­gale­ment con­va­in­cants, mais qui lais­sent percevoir une insat­is­fac­tion à l’é­gard des solu­tions dra­maturgiques habituelles : France Véz­i­na — L’androgyne et L’hippocanthrope (1979) — et Jovette Marches­sault — La saga des poules mouil­lées et La terre est trop courte, Vio­lette Leduc (1981); Alice & Gertrude, Natal­ie & Renée et ce cher Ernest (1984); Anaïs, dans la queue de la comète (1985) — se rat­tachent, sans être elles-mêmes des prati­ci­ennes de théâtre, à un ensem­ble d’auteures, telles Pol Pel­leti­er, Louise Laprade, Marthe Mer­cure, Michelle Allen, Alice Ron­fard, Ginette Noiseux et Lise Vail­lan­court, qui ont touché, seules ou en col­lec­tif, à l’écri­t­ure expéri­men­tale, à la faveur de leur pra­tique de comé­di­enne, de scéno­graphe ou de met­teure en scène ; ensem­ble, elles parta­gent un même topos imag­i­naire : la mémoire des femmes, à la fois objet d’historicisation, inscrip­tion anthro­pologique et ouver­ture sur l’«autre scène ». 

Une cer­taine généra­tion mon­tante et les ver­tiges de la déviance 

Ben Ur, de J: Barbeau par la Nouvelle compagnie théâtrale
Ben Ur, de J : Bar­beau par la Nou­velle com­pag­nie théâ­trale

Ce qui frappe d’emblée dans la pro­duc­tion dra­maturgique, dis­ons sérieuse, de ces dernières années, c’est le car­ac­tère fon­cière­ment autoreprésen­tatif de plusieurs pièces : des auteurs comme Jean-Marie Lelièvre avec Meurtre pour la joie (1981), Claude Pois­sant dans Pass­er le nuit (1983) et René Gin­gras avec Le fac­teur réal­ité (1985), lais­sent claire­ment enten­dre que la représen­ta­tion ne va plus de soi et font de ce doute, ou du ver­tige qui l’ac­com­pa­gne, l’axe struc­turant de leurs œuvres. Plus large­ment, les textes, ou plutôt les « objets dra­ma­tiques », pour repren­dre ici une expres­sion de Gau­vreau, ont ten­dance à se faire aléa­toires, incer­tains, ambi­gus. Les per­son­nages muitipi­ient les béances de leurs dis­cours ou, encore, se gon­flent de paroles désor­don­nées et sont pris dans une spi­rale d’événe­ments mi-réels, mi-fan­tas­més qui les étour­dis­sent (et nous avec eux). Le ter­rain de l’af­fir­ma­tion textuelle est comme miné, mais, en même temps, les références cul­turelles y sont cul­tivées généreuse­ment ; une inter­tex­tu­al­ité affichée, avec ses jeux d’allusion, de con­nex­ion et de con­den­sa­tion, reprend du ser­vice et crée des effets spécu­laires inusités et des métis­sages inso­lites. Jean-Pierre Ron­fard — Les Mille et Une Nuits et Don Qui­chotte (1984) — et René-Daniel Dubois — Panique à Longueuil (1980), William (Bill) Brighton (1984), 26bis, impasse du Colonel Foisy (1986) — excel­lent dans ce genre néo-baroque, non sans par­fois sac­ri­fi­er l’é­mo­tion sur l’au­tel de leurs con­struc­tions quelque peu cérébrales. 

L'usage du coeur dans le domaine réel, production de La rallonge (1975)
L’usage du coeur dans le domaine réel, pro­duc­tion de La ral­longe (1975)

Par ailleurs, on ne compte plus les œuvres qui met­tent en scène l’une ou l’autre fig­ure du déviant, qu’il soit artiste (pein­tre, musi­cien, écrivain, acteur…), crim­inel ou homo­sex­uel ; je pense à ce trou­blant John Benett, le meurtier psy­chopathe des Pom­miers en fleurs (1981) de Serge Sirois, au jeune pros­ti­tué assas­sin de Being At Home With Claude (1985) de René-Daniel Dubois, à l’auteur dra­ma­tique pris au piège de sa folie amoureuse dans Province­town Play­house, juil­let 1919, j’avais 19 ans (1982) de Nor­mand Chau­rette, à l’ado­les­cent épilep­tique et vit­ri­olique de Syn­cope (1983) de René Gin­gras ou au cou­ple d’ho­mo­sex­uels mâles, plongés en plein psy­chodrame, de La Con­tre-nature de Chrysippe Tan­guay, écol­o­giste (1983) de Michel-Marc Bouchard. La nou­velle dra­maturgie des années qua­tre-vingt paraît ain­si han­tée par des créa­tures infer­nales ou sul­fureuses ; les pul­sions de mort omniprésentes qui s’y logent, sont alors sec­ouées par des exor­cismes savants, des délires sar­doniques ou des implo­sions dévas­ta­tri­ces, et les quêtes d’i­den­tité qui la tra­versent, sont frap­pées bru­tale­ment d’une chute dans la folie ou d’un réflexe d’a­ban­don, sou­vent sui­cidaire. L’His­toire uni­verselle, comme dans Vie et mort du Roi Boi­teux (1981 – 1982), l’impressionnante série de six pièces de Jean-Pierre Ron­fard, se dis­loque en per­son­nages fan­toches, irrécupérables, ou se raid­it en un affron­te­ment funeste des super-puis­sances comme dans Ne blâmez jamais les Bédouins (1984) de René-Daniel Dubois. Ce « cat­a­strophisme » fonc­tionne comme un aver­tisse­ment et il ren­voie sans doute au sen­ti­ment d’im­puis­sance des créa­teurs qui n’ont plus guère que la rail­lerie ou le grotesque pour dire le monde tel qu’il va.
À côté de tels textes, extrav­a­gants et com­pos­ites, les pièces de Mar­co Micone — Gens du silence et Addo­lorata (1983) — peu­vent sem­bler d’une fac­ture toute clas­sique, quoiqu’’elles témoignent d’une actu­al­i­sa­tion sin­gulière des principes épiques, en décor­ti­quant avec intel­li­gence et sen­si­bil­ité, par petites touch­es de sens, les mécan­ismes d’op­pres­sion subis par des Néo-Québé­cois d’origine ital­i­enne. Pour leur part, les œuvres de Suzanne Aubry — La Nuit des p’tits couteaux (1983) — et de Joce­lyne Beaulieu — J’ai beau­coup changé depuis (1980), Camille C. (en col­lab­o­ra­tion avec René Richard Cyr, 1984) —, et d’Anne Legault — Les ailes ou la mai­son cassée (1985), La vis­ite des sauvages (1986) — con­fir­ment, plus qu’elles ne renou­vel­lent, les choix dra­maturgiques de leurs prédécesseurs.
 On peut donc affirmer, au terme de ce sur­vol de la dra­maturgie québé­coise, que nos auteurs dra­ma­tiques sont loin d’être une espèce en voie de dis­pari­tion. La créa­tion d’une pièce orig­i­nale qui fai­sait, il y a vingt ans à peine, fig­ure d’exception, est main­tenant un phénomène du passé. Il y a indé­ni­able­ment, à ce qu’il sem­ble, un dynamisme de la créa­tion dra­ma­tique lié au nom­bre. Cela ne sig­ni­fie pas pour autant que notre dra­maturgie est aus­si vivante qu’on pour­rait le souhaiter. Trop sou­vent, des textes sont mis à l’af­fiche pré­maturé­ment, ce qui laisse penser que nos direc­tions de théâtre con­nais­sent peut-être la même pré­cip­i­ta­tion brouil­lonne que cer­tains édi­teurs de romans. En revanche, notre société prend du temps à recon­naître ses nou­veaux dra­maturges de tal­ent, lesquels restent con­finés aux petites salles et au pub­lic aver­ti. Aus­si, rien n’est aus­si sim­ple qu’a­vant : dans un presque-pays en train de rede­venir « la Belle Province », dans un monde en passe de se pétri­fi­er, le Québec n’au­ra-t-il pas, plus que jamais, besoin de ses écri­t­ures dis­si­dentes ? 

Ha, ha! de Réjean Ducharme, mise en scène de Jean-Pierre Ronfard (1978)
Ha, ha ! de Réjean Ducharme, mise en scène de Jean-Pierre Ron­fard (1978)

2. Pra­tiques scéniques : les tardifs appren­tis­sages de la moder­nité x

L’ac­tiv­ité théâ­trale d’après-guerre au Québec a d’abord con­sisté à être le reflet — fidèle ou flou, du reste — de ce qui se réal­i­sait à Paris, à Lon­dres et à New York, dans les théâtres con­ven­tion­nels s’en­tend, ou, au mieux, dans le sil­lage des idées réfor­ma­tri­ces du Car­tel français de l’entre-deux-guerres (Jou­vet, Dullin, Pitoëff, Baty). En con­séquence, de l’après-guerre à 1970 env­i­ron, la mise en scène, par exem­ple, est restée une pra­tique sec­ondaire, soucieuse avant tout de « servir » l’auteur et de « respecter » le Texte, au point de lui réserv­er la qua­si-total­ité du sens de la représen­ta­tion13

Tout cela com­mence à bouger et à se fis­sur­er au tour­nant des années soix­ante-dix, aus­si bien sous la pres­sion interne d’une plus grande lib­erté expres­sive que sous les chocs externes des expéri­ences du nou­veau théâtre améri­cain, en par­ti­c­uli­er dans sa com­posante anar­chiste du type Liv­ing the­atre14 des réflex­ions théoriques d’Artaud et de Brecht qui com­men­cent à être mieux con­nus ou, encore, de l’en­seigne­ment, direct ou réver­béré, de prati­ciens européens, tels J. Lecoq, J. Gro­tows­ki, E. Decroux et E. Bar­ba

Les vaches de nuit de Jovette Marchessault par le Théâtre expérimental des femmes (1979)
Les vach­es de nuit de Jovette Marches­sault par le Théâtre expéri­men­tal des femmes (1979)

La scène québé­coise est alors le lieu de mul­ti­ples expéri­men­ta­tions qui per­me­t­tent aux gens de théâtre aver­tis de renouer avec des courants de recherche, occultés par le théâtre offi­ciel, et qui avaient pour­tant mar­qué l’évolution du théâtre occi­den­tal au 20° siè­cle. Certes, ce « ratrap­page » de la moder­nité théâ­trale ne s’est pas fait sans con­fu­sion, ni sans tâton­nement, mais un net mou­ve­ment exploratoire a ain­si été lancé et, en durant, il s’est appro­fon­di et a pris de l’é­pais­seur. Par­al­lèle­ment à ce grand appétit mod­erniste, s’est aus­si man­i­festée une forte ten­dance à l’autarcie théâ­trale, farouche­ment anti-inter­na­tion­al­iste ; cette approche visait à con­stituer une théâ­tral­ité osten­si­ble­ment québé­coise et entendait puis­er ses signes dans une styl­i­sa­tion de notre pat­ri­moine spec­tac­u­laire (et, plus large­ment, cul­turel) pour les fon­dre ensuite à une sym­bol­ique tirée de l’ob­ser­va­tion directe de com­porte­ments socio-cul­turels immé­di­ats. Mais une telle volon­té de québé­ci­sa­tion à tout crin a fait long feu — sauf en ce qui con­cerne la langue par­lée par les per­son­nages — et on a plutôt assisté à la fusion de lan­gages et de proces­sus créa­teurs exogènes à des tra­di­tions cul­turelles et artis­tiques par­ti­c­ulières au Québec. Cette fusion a com­porté des mou­ve­ments d’in­té­gra­tion, d’assimilation et de con­fronta­tion — et non pas, comme on aurait pu le crain­dre, de servile imi­ta­tion — et elle ne fut pas par­faite, sans pli ; mais peu importe, puisque l’impureté est dev­enue aujourd’hui la con­di­tion ordi­naire de toute pra­tique théâ­trale inven­tive, du moins en Occi­dent.

T'es pas tannée Jeanne d'Arc? Création collective du Grand cirque ordinaire (1969)
T’es pas tan­née Jeanne d’Arc ? Créa­tion col­lec­tive du Grand cirque ordi­naire (1969)

Un théâtre d’acteurs-conteurs : mono­logues, créa­tions col­lec­tives et jeux d’improvisation

La pre­mière rup­ture à s’être pro­duite dans notre pra­tique théâ­trale fut obtenue par l’in­tro­duc­tion mas­sive de la langue ver­nac­u­laire par des acteurs-con­teurs, lesquels se sont placés à mille lieux du lan­gage châtié et de la dic­tion déclam­a­toire qui rég­naient en maîtres sur les scènes tra­di­tion­nelles. Or, le français québé­cois pop­u­laire, une fois en représen­ta­tion, a joué à fond sa fonc­tion d’exutoire de toutes les paroles jugées jusqu’alors indignes du Théâtre. Un immense besoin de s’ex­primer publique­ment s’est donc répan­du comme une traînée de poudre, sans apprêt ou, comme on dit, « à la bonne fran­quette ». Après s’être rêvé human­iste et plus ou moins éli­tiste, le théâtre est ain­si devenu pub­lic

Emilie ne sera plus jamais cueillie par l’anémone de Michel Garneau. Le café de la place, Montréal, 1981 Photo Pierre Gaudard
Emi­lie ne sera plus jamais cueil­lie par l’anémone de Michel Gar­neau. Le café de la place, Mon­tréal, 1981 Pho­to Pierre Gau­dard

Ce sont les acteurs de la généra­tion d’après-guerre, précédés en cela par les chan­son­niers, qui ont bien­tôt voulu pren­dre directe­ment la parole. Et, à défaut de tou­jours trou­ver des textes dra­ma­tiques qui auraient con­venu aux néces­sités du moment, ils les inven­taient, les mono­loguaient, les impro­vi­saient et les mon­taient. S’il n’a pas été ques­tion plus haut, dans la par­tie con­sacrée à la dra­maturgie, des mono­logu­istes — de Clé­mence Desrochers à Sol, sans oubli­er Yvon Deschamp —, c’est que ces comé­di­ens — les Améri­cains appel­lent come­di­ans leurs mono­logu­istes — tien­nent plus de la bête de scène que de l’écrivain dra­ma­tique, procè­dent plus des var­iétés que du théâtre. Pour­tant, leur exis­tence ne fut pas étrangère à la con­sti­tu­tion d’un bloc com­pact de paroles scéniques qui, une fois mis­es bout à bout, pour­raient bien être la ver­sion toute québé­coise d’une geste, la man­i­fes­ta­tion fon­cière­ment orale d’«une quête d’i­den­tité et d’u­nité »15

Syncope de R. Gingras,
production de Médium médium (1983)
Syn­cope de R. Gin­gras, pro­duc­tion de Médi­um médi­um (1983)

Théâtre du con­stat et du con­tact, la créa­tion col­lec­tive ne fut-elle pas aus­si une ten­ta­tive pour har­monis­er des mono­logues d’ac­teurs ? Dans les voix dis­son­nantes d’une col­lec­tiv­ité qui se redonnait la parole, a en effet cir­culé comme un désir con­vivial dont l’ac­teur fut à la fois le médi­um et le mes­sage. Théâtre d’ac­teurs, donc. Théâtre instan­ta­né, ici et main­tenant. Théâtre cru, voué à la récupéra­tion let­trée par les pil­lards que sont tou­jours les dra­maturges, comme naguère Gozzi s’’emparant de la Com­me­dia del­l’Arte ? Peut-être bien que Ron­fard et Dubois nous jouent, en ce moment, ce tour de bal­anci­er his­torique… 

Pain blanc, 2ème version, -production de Carbone 14 (1983) Photo Yves Dubé
Pain blanc, 2ème ver­sion, ‑pro­duc­tion de Car­bone 14 (1983) Pho­to Yves Dubé

Quoi qu’il en soit, par­al­lèle­ment à l’écri­t­ure dra­ma­tique d’au­teur, un phénomène à la fois dra­maturgique et scénique a mar­qué, durant toutes les années soix­ante-dix, la pra­tique théâ­trale ; sous la poussée de groupes comme le Grand Cirque ordi­naire (1969 – 1977), le Théâtre Euh ! (1970 – 1978), le Théâtre de car­ton (1972), les Gens d’en bas (1973), le Théâtre Parmi­nou (1973), le Théâtre des cuisines (1973 – 1981), le Théâtre de quarti­er (1975) et le Théâtre à l’ou­vrage (1978 – 1983), la créa­tion col­lec­tive est rapi­de­ment dev­enue une forme pop­u­laire, en ce qu’elle per­me­t­tait l’ex­pres­sion d’une mul­ti­tude de gens — pas tou­jours de théâtre, d’ailleurs — qui se trou­vaient ain­si à par­ticiper au bras­sage socio-cul­turel et poli­tique d’alors. 

Sous l’onde de choc de la con­tre-cul­ture améri­caine, la créa­tion col­lec­tive s’est trou­vée d’abord à porter les espoirs et les utopies d’une jeunesse man­i­feste­ment en rup­ture de ban ; elle a, en out­re, livré pas­sage à des valeurs éman­ci­pa­toires et nation­al­istes, mais elle a surtout incar­né une volon­té de change­ment social, par­fois même rad­i­cale quand ses par­tic­i­pants pas­saient par une analyse plus explicite­ment poli­tique, d’in­spi­ra­tion marx­iste. 

Le rail, production de Carbone 14. Photo Yves Dubé
Le rail, pro­duc­tion de Car­bone 14. Pho­to Yves Dubé

L’«âge d’or » de la créa­tion col­lec­tive peut se situer en gros de 1968 à 1978 ; au cours de cette décen­nie, plusieurs spec­ta­cles créés en col­lec­tif ont en effet eu un impact con­sid­érable et ont per­mis, en même temps, de remet­tre en cause les ori­en­ta­tions esthé­tiques et civiques du théâtre « insti­tu­tion­nel »16. Men­tion­nons, par­mi les quelques cen­taines de créa­tions coi­iec­tives à avoir été présen­tées, quelques-unes des plus sig­ni­fica­tives : T’es pas tan­née, Jeanne d’Arc ? (1969), T’en rap­pelles-tu Pibrac ? (1971) et Un prince, mon jour vien­dra (1974) du Grand cirque ordi­naire ; L’his­toire du Québec (1971), et Un, deux, trois. ven­du ! (1974) du Théâtre Euh!; la Com­plainte de Fleudelysée Fortin (1973) et Un M.S.A. pareil comme tout le monde (1976) du Théâtre de l’organisation Ô, L’ar­gent, ça fait‑y vot’bonheur ? (1975), Partez pas en peur ! (1977) et Ô tra­vail (1978) du (tou­jours pro­lifique) Théâtre Parmi­nou ; Moman a tra­vaille pas, a trop d’ou­vrage (1975) et As-tu vu ? les maisons s’emportent ! (1980) du Théâtre des cuisines ; Les marchands de bal­lounes (1975) et On est par­tis pour rester (1978) des Gens d’en bas ; La vie à trois étages (1977) du Théâtre de la Mar­maille ; À ma mère, à ma mère, à ma mère, à ma voi­sine (1978) du Théâtre expéri­men­tal de Mon­tréal ; Si les ils avaient des elles. (1978) du Théâtre de Car­ton ; et, plus tar­di­ve­ment, Enfin, duchess­es ! (1982) des Folles alliées (1980). 

Réu­nis majori­taire­ment sous la ban­nière de l’As­so­ci­a­tion québé­coise du jeune théâtre — fondée en 1958 sous le nom d’Association cana­di­enne du théâtre ama­teur et qui vient de se dis­soudre en avril 1986 —, les ten­ants de ce théâtre activiste aux visées pop­u­laires, mod­i­fiées dans une deux­ième phase en objec­tifs davan­tage com­mu­nau­taires ou édu­ca­tion­nels, ont été les arti­sans d’une con­sci­en­ti­sa­tion agres­sive du pub­lic ; ils ont ain­si pris le relais des reven­di­ca­tions col­lec­tives les plus divers­es, liées par exem­ple à la con­di­tion opprimée des femmes, aux besoins des per­son­nes âgées ou aux clas­siques rap­ports de force entre patrons et salariés, pro­prié­taires et locataires, décideurs et sim­ples citoyens. 

Cer­tains des groupes nom­més plus haut, notam­ment le Théâtre Parmi­nou, se sont prêtés à l’exécution de com­man­des (par des syn­di­cats, des asso­ci­a­tions et des regroupe­ments divers) dans une per­spec­tive d’in­ter­ven­tion auprès de des­ti­nataires spé­ci­fiques. L’ob­jec­tif de ren­dre le théâtre util­i­taire, instru­ment de réflex­ion et véhicule de sol­i­dar­ité, ne fut pas tou­jours, en ce sens, exempt d’am­biguîïté, car, dès lors que le théâtre se lie étroite­ment à un com­man­di­taire idéologique­ment intéressé, n’est-il pas men­acé dans son inven­tion même ? Où alors se ter­mine l’en­gage­ment ? — et où com­mence la com­pro­mis­sion ?17.

Une autre voie, emprun­tée au Théâtre de l’Opprimé d’Augusto Boal, s’est man­i­festée ces dernières années : le théâtre-forum. Un groupe — le Théâtre sans détour (1977) — et un auteur engagé — Louis-Dominique Lav­i­gne, notam­ment avec Les purs (1985) — pra­tiquent cette forme de socio-drame qui n’a guère franchi à ce jour que le stade des pre­miers essais. 

Mais, pour en revenir à la créa­tion col­lec­tive, c’est, à la longue, la récep­tion attiédie du pub­lic (veil­lis­sant ?)et de la cri­tique (dev­enue plus exigeante ?), qui a eu rai­son de la plu­part des col­lec­tifs de créa­tion — ce n’é­tait pas la pre­mière fois, non plus, qu’un courant était vic­time en quelque sorte de ses pro­pres suc­cès ! —; il sem­ble bien aus­si que la créa­tion col­lec­tive n’ait pas été accueil­lie avec le même ent­hou­si­asme par la plus récente généra­tion de Québé­cois que l’on dit plus indi­vid­u­al­istes.. Sans doute, la créa­tion col­lec­tive n’a‑t-elle pas su réé­val­uer ses pro­pres modes de créa­tion et on a pu, à bon droit, con­stater ici et là un essouf­fle­ment — ou un vieil­lisse­ment pré­coce — des thèmes et des procédés scéniques orig­inels ; mais le théâtre est aus­si un art très sen­si­ble à la tem­péra­ture sociale du moment et il ne fait nul doute que l’e­spoir, entretenu puis déçu, en l’imminence de l’indépen­dance du Québec ou en celle de l’at­teinte d’une plus grande jus­tice sociale, n’a pas franchi sans mal la péri­ode post-référendaire, frap­pée au sur­plus d’une réces­sion économique qui a rav­agé les con­vic­tions utopistes et col­lec­tivistes les mieux assurées. 

« Davan­tage de bon sport », avait un jour réclamé Brecht pour le théâtre ; le Québec lui en ren­voie l’écho sous la forme d’une entre­prise théâ­trale qui par­o­die le hock­ey en faisant jouter deux équipes de comé­di­ens à par­tir de com­man­des d’improvisations pigées au hasard. À sa manière, plus régle­men­tée il est vrai, l’im­pro­vi­sa­tion à la Ligue nationale d’im­pro­vi­sa­tion (créée par le Théâtre expéri­men­tal de Mon­tréal en 1977) met à nu l’en­vers — ludique certes, mais laborieux aus­si — de la créa­tion col­lec­tive. Aus­si, l’im­pact con­sid­érable sur la pop­u­la­tion du Québec de ce sport théâ­tral et son expan­sion dans la fran­coph­o­nie européenne, avec la Coupe mon­di­ale d’im­pro­vi­sa­tion, lais­sent songeur ; phénomène d’époque, le jeu d’im­pro­vi­sa­tion cherche-t-il ain­si à rivalis­er avec le vidéo-clip, en mis­ant sur des sit­u­a­tions à l’emporte-pièce et sur des effets (par­fois) éblouis­sants et voulus obsolètes ? Au-delà de la quête à la fois sérieuse et par­o­dique de la spon­tanéité scénique, l’im­pro­vi­sa­tion ain­si dérivée de notre sport nation­al n’est-elle pas qu’un ersatz et du hock­ey et du théâtre ? On peut le croire… tout en salu­ant cette bril­lante ten­ta­tive pour sor­tir le théâtre de ses | rites habituels. 

Ouver­ture d’un nou­veau front théâ­tral : les jeunes publics 

Un des aspects les plus réjouis­sants du théâtre québé­cois des vingt dernières années, c’est sans con­tred­it la con­sol­i­da­tion d’une pra­tique théâ­trale tournée vers les jeunes spec­ta­teurs, enfants et ado­les­cents18. Timide­ment ini­tiée, au sor­tir de la dernière guerre, par des com­pag­nies qui con­sacraient, non sans néces­sité, l’essen­tiel de leurs éner­gies au développe­ment d’un pub­lic d’adultes, la volon­té de pro­duire des spec­ta­cles des­tinés essen­tielle­ment aux enfants s’est peu à peu affer­mie dans les années cinquante et soix­ante. Mais c’est durant les années soix­ante-dix et au-delà que ce secteur d’ac­tiv­ités théâ­trales a con­nu un essor remar­quable et une muta­tion idélogique qui ne fut pas étrangère au cli­mat cul­turel ambiant. 

Si le Théâtre pour enfants de Québec (1967 – 1970), le Théâtre de l’arabesque (1968 – 1973), le Théâtre des Pis­senl­its (1968 – 1984) et la sec­tion jeunesse du Théâtre du rideau vert (1967 – 1979) ont pu don­ner une cer­taine con­sis­tance à ce qui n’avait été aupar­a­vant qu’une pra­tique spo­radique, le jeune pub­lic est resté pour eux un des­ti­nataire qu’il fal­lait avant tout émer­veiller et amuser : aven­tures, réc­its fan­tas­tiques et per­son­nages clow­nesques com­po­saient là un imag­i­naire assez homogène… et plutôt super­fi­ciel. 

En 1973, à par­tir d’une expéri­ence en ate­lier d’écri­t­ure, par­rainée par le Cen­tre d’es­sai des auteurs dra­ma­tiques, des enfants, des comé­di­ens et des auteurs, ani­més par Monique Rioux, brisent ensem­ble le miroir aux alou­ettes et jet­tent les bases d’une nou­velle con­science théâ­trale : celle-ci sera faite d’un esprit de col­lab­o­ra­tion avec les enfants eux-mêmes qui seront asso­ciés au proces­sus de créa­tion théâ­trale, selon des for­mules qui iront du parte­nar­i­at struc­turé, avec enquête ad hoc, à la sim­ple écoute com­plice. 

Favorisés par des pro­grammes gou­verne­men­taux de créa­tion d’emplois, de jeunes prati­ciens fondent bien­tôt des com­pag­nies, puis ne tar­dent pas à se regrouper pour faire front com­mun face aux sub­ven­tion­neurs et obtenir d’eux qu’ils recon­nais­sent ce seg­ment cul­turel et son impor­tance pour la péren­nité de la vie théâ­trale au pays. Un fes­ti­val de théâtre pour enfants appa­raît dès 1973 et s’est tenu annuelle­ment, sous la respon­s­abil­ité de l’Association québé­coise du jeune théâtre, depuis 1974 jusqu’en 1985. 

Le Théâtre de la mar­maille, le Théâtre de l’Oeil (19), le Théâtre de car­ton, tous fondés en 1973, le Théâtre du Car­rousel à par­tir de 1975, puis les Pro­duc­tions pour enfants de Québec (le Théâtre du gros Mécano), le Théâtre de l’avant-pays19, le Théâtre l’arrière-scène, fondés en 1976, vont con­tribuer à la régénéra­tion du théâtre pour enfants, aus­si bien dans ses con­tenus que dans sa théâ­tral­ité. Ces com­pag­nies seront aus­si accom­pa­g­nées dans cette démarche par des théâtres qui partageront leur pro­gram­ma­tion entre le pub­lic jeune et adulte, comme le Théâtre du sang neuf (1973), le Théâtre de quarti­er (1975) ou le Théâtre petit à petit (1978). 

Des pre­scrip­tions et des tabous jusque-là bien ancrés dans les men­tal­ités — ce qu’il faut dire et ne pas dire aux enfants — vont, à par­tir de ce moment, être ren­ver­sés par des pro­duc­tions auda­cieuses : Cé telle­ment « cute » des enfants (Théâtre de la mar­maille, 1975) de Marie-Francine Hébert, On n’est pas des enfants d’école (Théâtre de la Mar­maille, 1979) de Gilles Gau­thi­er, Les enfants n’ont pas de sexe ? du Théâtre de Car­ton (1979)20 , Pleur­er pour rire (Théâtre de la mar­maille, 1980), de Mar­cel Sabourin, Les petits pou­voirs (Théâtre le car­rousel, 1982) de Suzanne Lebeau et Dis-moi doux (Les Bêtes-à-Coeur, 1984) de Louise Bom­bardier. Avec des pièces comme Une lune entre deux maisons (1979) et La marelle (1984) de Suzanne Lebeau, Le cas rare de Carat (1979) de Louise Bom­bardier, Peur bleue (1981) et le Coco­drille (1985) de Louise LaHaye, l’U­mi­ak (1983) du Théâtre de la Mar­maille, le théâtre pour enfants s’est enrichi de dimen­sions poé­tiques et a exploré sur le mode intimiste, des expéri­ences enfan­tines liées à l’ami­tié, la peur, la soif de con­naître, le besoin de ten­dresse, la néces­sité du jeu et de l’imag­i­na­tion ou la chaleur de la sol­i­dar­ité. 

Le théâtre pour ado­les­cents n’est pas non plus en reste, quoiqu’il n’ait pas pris l’ampleur de celui qui s’adresse aux plus jeunes, et, surtout depuis cinq ans, on a vu appa­raître, après les ten­ta­tives iné­gales du Théâtre de l’atrium (1974), des spec­ta­cles sig­nifi­ants qui sont arrivés à touch­er un pub­lic plutôt enclin, d’habi­tude, à préfér­er le ciné­ma et le rock au théâtre. Sig­nalons dans cette nou­velle veine deux pro­duc­tions intéres­santes du Théâtre Petit à Petit : Où est-ce qu’elle est ma gang ? (1983) de Louis-Dominique Lav­i­gne et Sor­tie de sec­ours (col­lec­tif, 1984). 

Un autre théâtre se con­sacre depuis 1964 à un pub­lic d’ado­les­cents, sans pour autant leur être exclusif : la Nou­velle com­pag­nie théâ­trale ; avec ses trois grandes pro­duc­tions saison­nières et ses opéra­tions-théâtre, cette com­pag­nie vise à ini­ti­er les étu­di­ants à la con­nais­sance du grand réper­toire comme du réper­toire québé­cois en voie de con­sti­tu­tion. Chaque spec­ta­cle est accom­pa­g­né d’un cahi­er, En scène21, qui situe l’œu­vre représen­tée et qui devient ain­si un élé­ment-clé du savoir théâ­tral que l’on entend incul­quer aux nou­velles généra­tions de spec­ta­teurs. Mais l’ob­sta­cle majeur qui attend ici la N.C.T. dans sa com­mu­ni­ca­tion avec les jeunes étu­di­ants, c’est juste­ment le lien qu’elle a dû con­tracter avec l’ap­pareil sco­laire, sou­vent con­ser­va­teur, et qui inter­pose ses pro­pres valeurs dans le choix des œuvres et leur pro­duc­tion scénique. 

Comme la N.C.T.. mais voués eux à l’it­inérance, les théâtres pour la jeunesse ont égale­ment dû, pour sur­vivre, trou­ver à l’école leurs inter­locu­teurs : les enfants ou les ado­les­cents. bien sûr, mais aus­si des pro­fesseurs et des directeurs, des par­ents et des com­mis­saires, iné­gale­ment ouverts et sen­si­bles à la qual­ité théâ­trale. les pres­sions péd­a­gogiques et le con­trôle didac­tique risquent, dans ce con­texte, d’é­touf­fer la lib­erté créa­trice ou de la déna­tur­er… L’ou­ver­ture à Mon­tréal, en 1984, de la Mai­son-Théâtre, un lieu de dif­fu­sion autonome. admin­istré par des représen­tants de com­pag­nies pour la jeunesse. est une ini­tia­tive qui, si elle ne con­tre pas toutes les men­aces d’une assim­i­la­tion du théâtre pour enfants par l’u­nivers sco­laire, con­firme la volon­té des prati­ciens con­cernés de rester résol­u­ment sur le ter­rain de l’art. 

A

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