Arts plastiques et arts de la scène : un front commun

Théâtre
Réflexion

Arts plastiques et arts de la scène : un front commun

Le 29 Oct 2019
Matthieu Sampeur, Valérie Dréville, François Loriquet, Jean-Pierre Gos, Bénédicte Cerutti, Cédric Eeckhout, Marine Dillard, Mélodie Richard, Sébastien Pouderoux dans La Mouette de Tchekov, mise en scène Thomas Ostermeier, théâtre de Vidy, 2016. Photo Arno Declair.
Matthieu Sampeur, Valérie Dréville, François Loriquet, Jean-Pierre Gos, Bénédicte Cerutti, Cédric Eeckhout, Marine Dillard, Mélodie Richard, Sébastien Pouderoux dans La Mouette de Tchekov, mise en scène Thomas Ostermeier, théâtre de Vidy, 2016. Photo Arno Declair.

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Matthieu Sampeur, Valérie Dréville, François Loriquet, Jean-Pierre Gos, Bénédicte Cerutti, Cédric Eeckhout, Marine Dillard, Mélodie Richard, Sébastien Pouderoux dans La Mouette de Tchekov, mise en scène Thomas Ostermeier, théâtre de Vidy, 2016. Photo Arno Declair.
Matthieu Sampeur, Valérie Dréville, François Loriquet, Jean-Pierre Gos, Bénédicte Cerutti, Cédric Eeckhout, Marine Dillard, Mélodie Richard, Sébastien Pouderoux dans La Mouette de Tchekov, mise en scène Thomas Ostermeier, théâtre de Vidy, 2016. Photo Arno Declair.
Article publié pour le numéro
Couverture du numéro 138 - Arts de la scène et arts plastique
138
Selon le rivage où l’on se tient, l’autre est celui dont on se défend ou que l’on désire. Entre ces deux attitudes, l’une qui clive, l’autre qui relie, nous nous intéresserons à la seconde, celle qui bâtit des ponts, invite et déplace. Les arts plastiques et ceux de la scène, s’observant et se défiant, ont toujours marché de concert et tiré profit l’un de l’autre. Et sur ce fil qui les lie et les sépare se tissent aujourd’hui des formes artistiques hybrides, polyphoniques, qui les interpellent, les nourrissent, les ébranlent. S’il n’est point question ici de dresser un panorama complet de ces échanges, par une approche sélective au regard de l’actualité de l’art contemporain nous en brosserons une esquisse en deux volets qui auraient pour sujets, l’un les incursions de plasticiens sur la scène et l’avènement des metteurs en scène-scénographes, l’autre la théâtralité de l’art contemporain.

Des plas­ti­ciens en scène

Ces deux dernières décen­nies, sur les affich­es des théâtres insti­tu­tion­nels, les noms d’artistes con­tem­po­rains notoires s’associent régulière­ment à ceux de met­teurs en scène et de choré­graphes non moins recon­nus : Mari­na Abramović et Robert Wil­son, Ola­fur Elias­son et Wayne Mac Gre­gor, Anselm Kiefer et Klaus Michael Grüber, Bill Vio­la et Peter Sel­l­ars, Ai Wei­wei et Angelin Preljo­caj… À l’invitation de ces derniers, des pein­tres, vidéastes, per­formeurs, sculp­teurs posent leurs out­ils et quit­tent l’atelier pour l’autre rive, pour mod­el­er l’espace d’une représen­ta­tion. Ces déplace­ments ponctuels, dans lesquels l’on pour­rait voir un sim­ple coup de pro­jecteur pour l’artiste et pour le théâtre, par leur récur­rence témoignent de l’attractivité réciproque des arts et de la fer­til­ité de leurs épou­sailles. Ils font de la scène un lieu de l’art con­tem­po­rain vivace, de cette machine à fab­ri­quer des images un espace d’expression plas­tique et d’exposition à nul autre pareil, où expéri­menter un autre rap­port au pub­lic, à la musique, à la danse, où s’associer, boule­vers­er ses habi­tudes, voire les met­tre en péril. Car le théâtre, en rai­son de ses cod­i­fi­ca­tions et de sa con­fig­u­ra­tion spa­tiale, pose un réel défi au plas­ti­cien, lequel doit s’accommoder d’un lieu nor­mé, affron­ter un espace-temps et un rap­port au pub­lic sin­guliers, qui plus est oeu­vr­er col­lec­tive­ment quand d’ordinaire il est seul maître à bord.

De ce fait, il trou­ve là pré­texte à se renou­vel­er. L’opposition dialec­tique, con­di­tion pre­mière du théâtre, exaltée dans les salles clas­siques, lui offre une expéri­ence inso­lite, tant au niveau de l’échange avec son pub­lic qu’à celui du mode d’exposition de son tra­vail. Habitué à définir ses pro­pres pro­to­coles, il doit répon­dre aux lois intrin­sèques de la scène, renon­cer pour par­tie à ses habi­tudes et ses manières, à ses acquis et savoir­faire et partager avec ses pairs (met­teur en scène, choré­graphe, chef d’orchestre). Ce défi pour­rait bien être la rai­son majeure qui motive les plas­ti­ciens de tous bor­ds à vouloir en découdre avec le théâtre. Quitte à se brûler les ailes quand ils rompent par trop avec les fonde­ments de leur art ; ain­si de Daniel Buren qui, pour le bal­let Daph­nis et Chloé de Rav­el choré­graphié par Ben­jamin Millepied en 2014 à l’Opéra Bastille, remisa ses principes artis­tiques, antin­o­miques aux don­nées du spec­ta­cle, pour réalis­er un « décor » ani­mé de fig­ures géométriques col­orées par lequel, la scène et le lieu faisant cadre, il retour­nait en peinture2.

Ce décalage dis­suade bien sou­vent l’artiste de recom­mencer ; seul réitère celui dont l’essence du tra­vail est en adéqua­tion avec l’art théâ­tral ou, a con­trario, dans un écart tel qu’il est impos­si­ble que l’un empiète sur l’autre, qu’il lui faut se réin­ven­ter. C’est ain­si que se com­prend l’insistance de Pier­rick Sorin (sept spec­ta­cles en neuf ans, de 2006 à 2015), lequel trou­va sur la scène un moyen de remod­el­er ses théâtres optiques et d’engendrer un nou­veau dis­posi­tif de spectacle3, ou la préémi­nence des pein­tres en scéno­gra­phie théâ­trale : la scène, bor­dée par son cadre, ren­voie à la toile vierge, et présente un même espace à habiter, où la lib­erté de l’artiste n’est pas entravée4.

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