Ecritures théâtrales

Ecritures théâtrales

Le 26 Fév 1986

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Le théâtre en Suisse Romande-Couverture du Numéro 25 d'Alternatives ThéâtralesLe théâtre en Suisse Romande-Couverture du Numéro 25 d'Alternatives Théâtrales
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Remon­ter ce fleuve jusqu’aux rapi­des de la représen­ta­tion et, de là, ques­tion­ner l’a­mont : le texte de the­atre, tel est le pro­jet de ce texte. Mais remon­ter ce fleuve sur un seul spec­ta­cle n’au­rait amené qu’à en faire la cri­tique, sans pou­voir dépass­er les con­tin­gences de ce spec­ta­cle par­ti­c­uli­er. C’est pourquoi j’ai choisi de par­ler d’un ensem­ble de spec­ta­cles réal­isés à l’in­térieur d’une même insti­tu­tion : le Nou­veau théâtre de poche.

Plus qu’une suc­ces­sion arbi­traire de spec­ta­cles, la pro­gram­ma­tion du Théâtre de poche est pen­sée dans son déroule­ment. Des lignes de forces, esthé­tiques, thé­ma­tiques, la tra­versent. Ces lignes de forces, cette unité esthé­tique, cette éthique du théâtre, sont des appuis indis­pens­ables à ma réflex­ion. Le désir est ici de par­ler du the­atre comme d’un cru, avec le plaisir d’y goûter.

Repères :

La ronde.
De Arthur Schnit­zler.
Mise en scène : Mar­tine Paschoud.
Dans la Vienne impéri­ale, dix cou­ples tour­nent à la recherche de l’amour.
Mais quelle est cette ronde ? Une valse vien­noise ou le revers d’une valse ? Qui imprime le mou­ve­ment de ces ultimes tours de piste ? Ça tournoie, ça se choque, ça s’af­fole dans cette ronde. Mais quoi : Ça ?

La Parisi­enne.
De Hen­ry Becque.
Mise en scène : Mar­tine Paschoud.
La Parisi­enne, c’est Clotilde.
Du Mes­nil, épouse d’Adolphe,
fonc­tion­naire obnu­bile par la réus­site sociale, et maitresse de Lafont, céli­bataire oisif et for­tuné. La femme, le mari, l’a­mant : trio bien con­nu du vaude­ville. Un trio cepen­dant revu et cor­rigé par Hen­ry Becque, jour­nal­iste et obser­va­teur sar­cas­tique de la société de la fin du XIXe siè­cle.

Made­moi­selle Else.
D’après le roman de Arthur Schnit­zler.
Réal­i­sa­tion et jeu : Anne Durand.
Invitée par sa tante, Else passe ses vacances dans un hôtel chic. Elle se promène, joue au ten­nis, observe les gens, invente leur his­toire…
Elle s’en­nuie lux­ueuse­ment.
Elle reçoit une let­tre de sa mère : sa famille est ruinée, pire, déshon­orée, si Else n’ar­rive pas à emprunter 50.000 florins à un cer­tain M. Von Dors­day qui loge à l’hô­tel…
Else hésite, se décide enfin à ren­con­tr­er Von Dors­day. Le « vieil ami de la famille » veut bien pay­er, mais en échange veut voir la jeune fille nue…

Le navire Night.
De Mar­guerite Duras.
Mise en scène : Jacques Roman.
Entre une femme et un homme se tisse une his­toire d’amour. Ils ne se sont jamais vus. La seule chose qui les relie, c’est le télé­phone.
Un nar­ra­teur, que la mise en scène divise en trois per­son­nages, racon­te cette his­toire. Une enquête sur le théâtre, lieu d’où sur­gis­sent les fic­tions..

Torqua­to Tas­so.
De J.W. Goethe.
Mise en scène : André Steiger.
Coincé entre la folie du mou­ve­ment artis­tique « Sturm und Drang » et la rai­son du Clas­si­cisme de Weimar, Goethe — le poète alle­mand — fait sur­gir sur la scène la présence du poète ital­ien, Le Tasse, pris lui-même-entre la rai­son et la folie, entre la mesure poli­tique et la démesure artis­tique.

Et pour­tant ce silence ne pou­vait être vide.
De Jean Mag­nan.
Mise en scène : Mar­tine Paschoud.
Le 2 févri­er 1933, au Mans, la femme et la fille d’un ancien avoué à la retraite sont assas­s­inées par leurs deux bonnes qui leur arrachent, vivantes, les yeux.
Bonnes mod­èles, elles avaient vécu sept ans dans cette mai­son. Au procès, la cadette des deux sœurs déclar­era sim­ple­ment : « On ne se par­lait pas…»

La nuit et le moment.
D’après le roman de Cré­bil­lon-fils.
Mise en scène : Daniel Wolf.
La scène est à la cam­pagne dans la mai­son de Cidalise. Cli­tan­dre s’in­tro­duit sans per­mis­sion dans la cham­bre de Cidalise, c’est le pre­mier pas de sa stratégie amoureuse. Alors com­men­cent les dis­cus­sions de ruelles…

Ecri­t­ures 

Lieux 

Le navire Night
Le navire Night

Dans l’espace du décor la géométrie se fait fig­ure de rhé­torique :porte tour­nante dans La ronde, labyrinthe dans La Parisi­enne.
 … M’asseoir face à cette scène, voir ces per­son­nages se per­dre, se buter à ces obsta­cles, s’en habituer, con­stru­ire leurs rap­ports autour. Je vois l’ob­sta­cle et le con­tourne­ment ; la haie et le saut ; l’objet et son économie… 

Les lieux de représen­ta­tion délim­i­tent pour les per­son­nages, un espace res­pirable (ou irres­pirable). La cave pour Made­moi­selle Else ; la pièce/chambre pour La nuit et le moment inscrivent le spec­ta­teur dans la total­ité de l’e­space scénique. Le spec­ta­teur est là, comme par effrac­tion, il est hors-la-loi. La force cen­trifuge du jeu le colle au mur, tente de l’y faire dis­paraître. De cette impos­si­bil­ité nait une esthé­tique : celle du trop plein. Les signes s’or­gan­isent, s’arrangent, de cet espace min­i­mal.

…Je regarde devant moi, autour de moi, comme tombe dans le micro­scope où j’ob­ser­vais la goutte d’eau. Les amibes autour de moi se meu­vent a petits pas, comme pour ne pas m’ef­fray­er. Mais je sais / tombé dans le micro­scope / qu’i­ci l’amibe est aus­si grosse que moi. Je me colle au mur et plaque mon nez à cette vit­re qui n’ex­iste pas…

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