Journal d’une dé-génération

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Théâtre

Journal d’une dé-génération

Le 25 Mar 2016
Photo © Stéphane Arcas.
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Ce soir c’est la dernière représen­ta­tion de Bleu Bleu de cette reprise au Théâtre Varia.

En toile de fond pen­dant la pre­mière semaine de la reprise, il y a eu la fusil­lade à For­est puis l’arrestation de Salah Abdeslam.

On a même plaisan­té et fait une pho­to comique de Michel Cloup, le musi­cien du spec­ta­cle, le jour de la sor­tie des deux pages qui lui étaient con­sacrées dans Libéra­tion.

Puis cette dernière semaine a com­mencé dans le chaos des atten­tats de l’aéroport de Zaven­tem et de la sta­tion de métro Mael­beek ce 22 Mars.

Nous avons mal­gré tout décidé de jouer Bleu Bleu devant une salle, qu’on aurait crue vide, mais qui s’est rem­plie de courageux qui ont tra­ver­sé ce Brux­elles paralysé. Le texte pre­nait une dimen­sion étrange, les éner­gies étaient étranges et je ne crois pas que c’é­tait mon spec­ta­cle… Pas vrai­ment. Trop d’é­mo­tions par­a­sites sur le plateau, dans le pub­lic et en moi pour que ce soit Bleu Bleu

C’é­tait un objet qui ne m’ap­parte­nait pas.

Mais c’est en gros ce même spec­ta­cle qui se jouait dans les autres salles ce soir-là à Brux­elles et partout en Bel­gique, ce spec­ta­cle qui m’a écorché mais que je suis mal­gré tout heureux d’avoir joué.

Mais je ne vais pas dire qu’il s’agit-là d’une nou­velle généra­tion du pro­jet parce que je refuse de tra­vers­er et d’être pénétré par ces éner­gies.

Parce que Bleu Bleu ces derniers mois, ça a été une reprise au Varia, un exer­ci­ce péd­a­gogique avec les élèves du Cours Flo­rent de Brux­elles et un work­shop avec les étu­di­ants de l’Erg.

Bien­tôt, il y aura une expo­si­tion à Toulouse, cette expo­si­tion « de la fic­tion », dont les per­son­nages par­lent mais qu’on ne voit jamais.

Ce sera à Lieu Com­mun Artist Run Space pen­dant le Print­emps de Sep­tem­bre à Toulouse. Et cette expo, nous allons y tra­vailler avec les élèves de l’ISDAT (Toulouse) et de l’EBABX (Bor­deaux).

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Et puis hier Del­phine Noels m’a envoyé ce mes­sage :

« Suis tombée sur ça. M’a fait pen­sé à toi.

Ao — 青 En japon­ais, “bleu”.
Cer­tains d’en­tre vous le savent, “ao” désigne la couleur bleue.
Ain­si, on par­le par exem­ple de “aozo­ra” pour dire “le ciel bleu”.
Mais à y réfléchir un peu plus pro­fondé­ment, on peut décou­vrir une drôle d’équiv­a­lence entre le Japon et la France.
En effet, en français, on par­le de quelqu’un qui est un peu jeune, (dans le sens neuf, nou­veau et pas encore tout à fait au point) en util­isant les ter­mes de “bleu” ou de “bleu­saille”.
Et en japon­ais, l’idéo­gramme 青 qui sig­ni­fie donc bleu est aus­si util­isé pour désign­er quelqu’un qui est encore “jeune” dans une activ­ité. “Kare wa mada sukoshi aoi desu ne”: “il est encore un peu bleu (jeune)”…
Et de façon plus générale, il existe le mot 青春, qui se lit “seishun”. Lit­térale­ment, ces deux idéo­grammes sig­ni­fient “le print­emps bleu”. En réal­ité, ce mot désigne la jeunesse, ou plus spé­ci­fique­ment l’ado­les­cence. Les ama­teurs de man­ga savent que ceux qui ont pour cible les ados sont appelés “seinen” (青年). Le bleu est donc la couleur de ce qui est (encore) jeune.”

Il y a eu aus­si cette belle inter­view menée par Sylvia Botel­la qui com­mence par cette cita­tion “Lorsque la sit­u­a­tion devient dés­espérée, si on ferme les yeux, qu’on envis­age l’affaire autrement, on s’aperçoit qu’elle prête à rire”.»

Et c’est vrai dans Bleu Bleu même si on par­le d’un passé dis­paru, on par­le surtout de jeunesse et de fureur de vivre !

Dans les années 90, en France, on a vu appa­raître le mot « Vigipi­rate ».

Et c’est à ce moment là qu’ils ont com­mencé à par­ler de couleurs genre « Alerte orange » et moi, incon­sciem­ment, j’avais com­mencé à me dire « Bleu Bleu ».

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Alors tu peux y aller mon gars, que tu sois de ceux qui veu­lent nous bomber ou de ceux qui essayent de nous enfer­mer chez nous « pour notre sécu­rité », je te le dis, tu n’y arriveras pas.

Parce que… Je mise donc tout sur cet espoir immense que par la résis­tance poli­tique, la créa­tion et le tra­vail au sens large nous con­tin­uerons de vivre en restant aux lim­ites de la rai­son. Là où elles restent encore amu­santes la rai­son et la vie. Et enfin un jour… Une vague immense de pein­ture d’un bleu entre prusse et typhon vien­dra recou­vrir le monde. La terre chang­era de forme et nous nous inclurons dans la matière. Atteints par ce sen­ti­ment océanique nous ne mour­rons jamais car nous l’aurons décidé, de ne pas mourir. Nous serons pire que fous. Nous serons pire que Dieu. Nous serons la matière. Nous vivrons dans un monde où per­son­ne ne dit « on » mais tou­jours « nous ».

Bleu Bleu, de Stéphane Arcas
à voir du 17 au 25 mars au Théâtre Varia (Bruxelles)
Avec Renaud Cagna, Cécile Chèvre, Ugo Dehaes, Chloé De Grom, Julien Jaillot, Nicolas Luçon, Guylène Olivares, Philippe Sangdor, Candy Saulnier, Claude Schmitz, Arnaud Timmermans 
Musique live Michel Cloup 
Scénographie Marie Szersnovicz 
Lumières Margareta Andersen 
Création sonore Aymeric De Tapol
Chargé de production Arnaud Timmermans
Un spectacle de Ad Hominem/Black Flag, avec le soutien de la Fédération Wallonie-Bruxelles, service du Théâtre et de Wallonie-Bruxelles Théâtre / Danse.
Bleu Bleu a été créé le 14 janvier 2014 au Théâtre Océan Nord à Bruxelles. Il a été sélectionné dans l’édition 2015 du Festival Impatience à Paris, un festival programmé en commun par Télérama et le Théâtre du Rond-Point, le Théâtre National de la Colline et le 104.
Retrouvez les épisodes précédents du Journal de création de Bleu Bleu : 
- épisode 1 par Stéphane Arcas
- épisode 2 par Stéphane Arcas
- épisode 3 par Manuel Pomar
www.stephanearcas.com

 

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Stephane Arcas
ARTISTE PROTÉIFORME,  TOULOUSAIN ET BRUXELLOIS, STÉPHANE ARCAS SE REVENDIQUE COMME "ICONOCLASTE MULTIMÉDIA". PLASTICIEN, VIDÉASTE, SCÉNOGRAPHE,...Plus d'info
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