Thomas Bernhard, biographie

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Le 26 Nov 1989

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Thomas Bernhard-Couverture du Numéro 34 d'Alternatives ThéâtralesThomas Bernhard-Couverture du Numéro 34 d'Alternatives Théâtrales
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À L’EXCEPTION des ren­seigne­ments qu’il donne lui-même dans son auto­bi­ogra­phie, nous pos­sé­dons peu de ren­seigne­ments sur Thomas Bern­hard. Cette biogra­phie, com­posée de qua­tre livres, paraît selon un ordre qui ne respecte pas exacte­ment la chronolo­gie puisque le dernier livre paru : « Un enfant » est le livre qui porte sur les douze pre­mières années de sa vie. 

Ce livre : « Un enfant », con­traire­ment aux autres vol­umes, ne com­porte pas de sous-titres, ne met pas l’accent sur un thème majeur.

Instal­lés à Vienne, les grands-par­ents de Thomas Bern­hard le pren­nent en charge à par­tir de 1932. Au début des années 30, ces grands-par­ents sont encore au cen­tre de la vie de famille. C’est ain­si que leur fils Far­ald vit égale­ment sous leur toit. Cepen­dant, l’in­ven­teur cocasse qui som­meille en l’oncle Far­ald — il essaie de met­tre au point une casse­role qui ne débor­de pas ou un moteur à eau — est sou­vent entraîné à se réfugi­er dans la clan­des­tinité du fait de son engage­ment au sein du par­ti com­mu­niste autrichien. 

Ami et aux­il­i­aire d’Ernst Fis­ch­er, per­son­nage impor­tant de la hiérar­chie du P.C., l’oncle Far­ald est sou­vent recher­ché par la police à cause de son activisme. 

C’est lui, Far­ald, qui intro­duit Emile Fab­jan dans la famille Freum­bilch­er. Cet aide-coif­feur épousera en 1937 Her­ta, la mère de Thomas, devenant ain­si son tuteur, son père nourrici­er, son par­rain.

C’est lui aus­si qui bien­tôt devra pour­voir, par son seul tra­vail, à la sub­sis­tance d’une famille oscil­lant entre cinq et neuf per­son­nes. Bern­hard décrira tou­jours son beau-père avec énor­mé­ment d’indulgence et de respect. 

En 1934, l’Autriche est men­acée par la guerre civile. Un régime autori­taire, de type fas­ciste (ital­ien) arrive au pou­voir. Ce cli­mat poli­tique mal­sain et menaçant incite les grandspar­ents à par­tir pour Seekirchen, sur le Wallersee. Mal­gré des con­di­tions de vie extrême­ment pré­caires (la famille est oblig­ée de s’in­staller dans une seule cham­bre à l’é­tage du buf­fet de la gare), cette époque de son exis­tence cor­re­spon­dra dans l’esprit de Bern­hard à la seule péri­ode heureuse de sa vie. 

Il décou­vre un par­adis dans cet univers rur­al où il s’initie au monde. Si son grand-père tient un rôle pri­mor­dial dans les décou­vertes qu’il est entraîné à faire alors, il décou­vre égale­ment l’amitié avec des enfants de son âge. Cepen­dant, cette vie sera égale­ment mar­quée par une fas­ci­na­tion de la mort. « Ma place préférée, à Seekirchen, avoue-t-il, c’é­tait dès le tout début, le cimetière ». A l’église, il mar­que aus­si sa prédilec­tion pour la messe des morts. 

À cinq ans, il est inscrit à l’école pri­maire où il passe une bril­lante (ce sera la seule) pre­mière année. 

Depuis ce moment-là, sa lec­ture favorite c’est l’atlas de géo­gra­phie. 1938 : Un jour, Thomas, se voit annon­cer qu’il ira rejoin­dre ses par­ents instal­lés en Alle­magne. Si cela déclenche les vitupéra­tions du grand-père qui abomine ce pays, il doit se ranger aux argu­ments avancés : plongé dans une crise économique de plus en plus accusée, le chô­mage croît démesuré­ment en Autriche. Le seul endroit où Emile Fab­jan, son beau-père, soit par­venu à trou­ver du tra­vail, c’est de l’autre côté de la fron­tière, à Traun­stein en Bav­ière. C’est ain­si que Bern­hard se trou­ve momen­tané­ment séparé de ses grands-par­ents restés en Autriche, le temps de leur trou­ver une mai­son à la cam­pagne.
Bern­hard con­naît la grande ville (Vienne) et le vil­lage à la cam­pagne. Ici, c’est une petite ville dans la région des pré-Alpes de Haute Bav­ière, qu’il décou­vre. A Traun­stein, sa mère et son beau-père s’in­stal­lent dans un apparte­ment au-dessus d’un mag­a­sin d’articles funéraires ! 

A l’école où il est inscrit, il est d’emblée désigné comme étranger. « Mon par­adis s’est alors trans­for­mé en enfer », déclare-t-il. Objet des brimades répétées de la part de ses cama­rades et de ses pro­fesseurs, il pense de plus en plus au sui­cide. 

L’annexion de l’Autriche est dans l’air. Dans la pré­cip­i­ta­tion imposée par les événe­ments, l’oncle Far­ald se marie avant de rejoin­dre l’armée du Général Dietl, sta­tion­née, à Narvik, puis à Mour­man­sk. Bien­tôt, Emile Fab­jan, le beau-père de Thomas Bern­hard, sera à son tour incor­poré dans l’armée alle­mande et mour­ra à la guerre. 

Dans l’intervalle, les grands-par­ents trou­vent à se loger à Etten­dorf. Le grand-père reçoit le Prix nation­al autrichien de lit­téra­ture. Per­son­ne cepen­dant ne parvien­dra à déter­min­er s’il a reçu cette récom­pense pour les qual­ités lit­téraires de son livre ou si le jury a voulu se démar­quer des apolo­gies du nazisme qui car­ac­térisent la lit­téra­ture autrichi­enne de l’époque. 

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