Voix et percussions seules

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Voix et percussions seules

Le 27 Oct 1989
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Quand Thier­ry Salmon m’a demandé de com­pos­er la musique des Troyennes d’Euripi­de, j’ai été pro­fondé­ment émue. C’est le terme exact. Parce que je savais que sur un texte aus­si éloigné de nous, et en même temps telle­ment imprégné d’his­toire, de cul­ture et de sacré, je ne pou­vais trich­er : non pas qu’u­tilis­er tout un orchestre soit tou­jours une manière de déguis­er des idées musi­cales incon­sis­tantes, mais on ne peut cer­taine­ment pas se per­me­t­tre, avec la tragédie grecque, une surenchère sonore.
C’est telle­ment vrai, que Thier­ry Salmon fut immé­di­ate­ment d’ac­cord avec moi quand je lui ai pro­posé de n’u­tilis­er que les voix, et des per­cus­sions. Et une fois ce choix délibéré, mieux valait le rad­i­calis­er : aucunes per­cus­sions extérieures, ni tam­bours, ni gong, ni tri­an­gles, mais sim­ple­ment l’organisation des sons naturels tirés de la scène.
L’é­mo­tion que j’ai ressen­tie prove­nait aus­si de l’ex­i­gence implicite, dans une telle entre­prise, d’aller à la recherche de quelque chose d’au­then­tique, d’un rit­uel musi­cal qui se joigne au rit­uel scénique et textuel lié à la tragédie grecque. J’avais en somme la pos­si­bil­ité d’in­ven­ter une série de chants tra­di­tion­nels pour la tragédie, comme s’ils nous étaient par­venus par la tra­di­tion orale. Je suis par­tie de la créa­tion d’une gamme, puis de l’in­ven­tion d’une série de règles de scan­sion des syl­labes du texte grec (syl­la­ba­tion naturelle), pour met­tre ces vers en musique en suiv­ant leur rythme naturel, sans les nivel­er par la métrique. C’é­tait un autre choix fait d’un com­mun accord avec Thier­ry Salmon. Nous avons égale­ment suivi les indi­ca­tions d’Euripi­de en ce qui con­cerne les par­ties du texte qui doivent être chan­tées ou non. Ain­si, la musique, par néces­sité d’adéqua­tion au texte, est-elle divisée en deux gen­res : les chœurs et les réc­i­tat­ifs.
Dans Les Troyennes, il n’y a que qua­tre chœurs, tous très beaux, très nos­tal­giques, à la fois épiques et lyriques : c’est pourquoi l’idée m’est venue de com­pos­er pour eux une sorte de musique sacrée, presque un hymne. Ensuite, Euripi­de demande la mise en musique de duos déchi­rants entre Hécube et Andro­maque, entre Hécube et Talthy­bios, et entre Hécube et le chœur : ici, le texte ne sug­gérait pas l’hymne, mais plutôt le réc­i­tatif. Dans mon esprit, le réc­i­tatif peut être soit mon­téver­di­en, soit pop­u­laire, ou encore, l’un issu de l’autre. Et en décou­vrant que ce texte s’adapte par­faite­ment au genre choisi, mon émo­tion per­siste.

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