Quand le corps dans les airs n’empêche pas… le cul par terre

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Cirque
Critique

Quand le corps dans les airs n’empêche pas… le cul par terre

Par aSk
Le 8 Mai 2017
Sandrine Juglair dans "Diktat". Photo Claire Dosso
Sandrine Juglair dans "Diktat". Photo Claire Dosso

Dès le titre, le ton est don­né. D’entrée de jeu ça s’excite, ça s’exit, ça va vite, car ça urge de con­tin­uer à se rebeller. Appels entrants/sortants, ça se veut bous­cu­lant (au pro­pre comme au fig­uré), mauvais(e) élève, DIC­tée ratée, pas en rang, ça fonce dans le TAS ! Bref, trublion et car­ré­ment punk.

Qui dit cirque con­tem­po­rain dit « nou­veaux clowns » (cf. les travaux de Del­phine Cézard). Ça va fort et for­cé­ment haut : le mât chi­nois comme repère imper­turbable par­mi tout ce bazar, élé­ment à défier/déifier/devant lequel il faut défil­er, l’autre avec qui il faut dia­loguer, établir le con­tact, his­toire d’être dans une ver­ti­cal­ité on ne peut plus logique, ordon­née et sere­ine (sociale ?), être rac­cord et désert­er un tant soit peu ce con­tin­uel champ de bataille qu’est notre désir pro­fond, ani­mal. Alors oui, on est mal…

Dick/tâte, ou l’envie du pénis prise à con­tre­pied (!?)… Ça va loin, peut-être, mais assumer après tout de ne pas choisir entre femme fatale dés­espérée et garçon désarçon­né sans sa petite cédille, se faire porte-servi­ette et s’autoriser les deux. Au-delà du miroir et dépass­er ce stade-là, le dou­ble comme fil rouge du spec­ta­cle ; entre duo-schizo et dip­tyque infer­nal, le reflet à guetter/à zap­per, l’habit qui ne fait pas le moine, ni l’aumône. De l’anti-pole dance en pole posi­tion pour mieux jon­gler entre séduc­tion et répul­sion, ironie et autodéri­sion, humour et émo­tion. Les codes théâ­traux mis à « mâle », sur fond de Sui­cide, Bob Telson/Jevetta Steele (mais si, la chan­son-phare du film Bag­dad Café) et autres envolées lyriques. Car au-delà de la ques­tion du genre ‑somme toute symp­to­ma­tique mais loin d’être anecdotique‑, c’est un autre cou­ple qui est ques­tion­né : spec­ta­teurs à l’heure et comé­di­ens-comé­dons, euh par­don, regardant(s)/regardé(e), et qui gardera le trou­peau au fait ? Explor­er les dif­férents postes, dévelop­per son ubiq­ui­té et se jouer des pos­tures, inter­peller, créer de l’interactivité, et ma foi un peu de ten­dresse entre la fos­se et soi, et peu importe où l’on se trou­ve. La scène comme un ring, et grimper sans filet, sans pro­tec­tions. Au-delà des pra­tiques hygiénistes, voir l’acrobatie comme un sport de com­bat de tous les instants, une soci­olo­gie en devenir, une auto­analyse latente. Se lancer le défi de voltiger dans les airs ? Entre moments de grâce et grotesque, for­cé­ment. Mais chut.

Décou­vert sur la scène du Théâtre d’Arras/TANDEM en févri­er dernier, ce pre­mier solo con­coc­té par San­drine Juglair a de quoi sur­pren­dre et décon­cert­er. Cepen­dant, aus­sitôt fini qu’on voudrait le voir recom­mencer. Temps dis­ten­du, DIK­TAT/tic-tac, touche repeat enfon­cée, inex­orable­ment cyclique. La jeune cir­cassi­enne au par­cours déjà impres­sion­nant (Cirque Plume, Cahin-Caha, La Scala ou encore lau­réate Cir­cus Next 2016) flirte ici avec la per­for­mance et le bur­lesque et manie la dis­tan­ci­a­tion brechti­enne avec panache. Le tout autour de ce mât-totem donc ; entre danse de sioux et escalades intem­pes­tives, la vic­toire de grimper dessus armée de la panoplie robe et talons, la fig­ure-pein­ture de guerre ou la crinière androg­y­ne, à la fois féline et prim­i­tive. Une attaque mas­sive, autant vous prévenir.

Les prochaines dates de DIKTAT : 

13 octobre 2017 > Théâtre d’Arles
15-16 février 2018 > La Batoude, Beauvais
1er mars 2018 > Mâcon Scène Nationale
15-25 mars 2018 > Le Monfort, Paris

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Sandrine Juglair
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Écrit par aSk
Sans fard ni masque, a tou­jours un truc à deman­der. Prend autant de plaisir à gam­bad­er by night qu’à graphouiller...Plus d'info
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