Carnets d’Aix #1 : Ariadne auf Naxos — Katie Mitchell

Opéra
Critique

Carnets d’Aix #1 : Ariadne auf Naxos — Katie Mitchell

Le 16 Juil 2018
ARIADNE AUF NAXOS de Richard Strauss, mise en scène de Katie Mitchell. Photo Pascal Victor/ArtComPress.
ARIADNE AUF NAXOS de Richard Strauss, mise en scène de Katie Mitchell. Photo Pascal Victor/ArtComPress.

Mer­cre­di 11 juil­let

C’est avec ent­hou­si­asme que je me suis ren­du à la cour de l’archevêché en arrivant à Aix.
Katie Mitchell m’a tant de fois fasciné lors d’autres fes­ti­vals où me furent révélés l’extraordinaire créa­tion de  Writ­ten on skin 1 de George Ben­jamin en 2012, l’approche sin­gulière en opéra de can­tates de Bach avec Trauer­nacht  en 2014 et l’éblouissant Alci­na de Haen­del en 2015. 2


On retrou­ve dans cet ouvrage de Richard Strauss toute la maîtrise que Katie Mitchell pos­sède des mou­ve­ments scéniques et de l’occupation de l’espace. La cour de l’archevêché ne per­me­t­tant pas la pro­fondeur qu’on trou­ve habituelle­ment dans les théâtres d’opéra, elle a, avec sa scéno­graphe Chloe Lam­ford, opté pour un tra­vail sur la latéral­ité et, comme à son habi­tude, divisé la scène en deux par­ties, les pro­tag­o­nistes se faisant face la plu­part du temps pour les besoins d’un pro­pos dont le fil, qui mal­heureuse­ment m’est resté obscur tout au long de la représen­ta­tion, prend appui sur une dialec­tique qui fait s’entremêler les gen­res (masculin/féminin/travesti), les formes (tragédie, bouf­fon­ner­ie), les voix (par­lées et chan­tées).
La mise en abîme de l’ensemble de la représen­ta­tion peut attis­er un temps la curiosité — les spec­ta­teurs regar­dent d’autres spec­ta­teurs sur la scène qui eux-même regar­dent la scène que l’on regarde ; une cheffe d’orchestre sur le plateau repro­duit plus ou moins la gestuelle du chef d’orchestre dans la fos­se, etc.
Las, au fur et à mesure du développe­ment de « l’action », la mul­ti­plic­ité des références qui, même en ayant eu soin de pré­par­er la vision de l’opéra par sa mise en con­texte his­torique et dra­maturgique, m’ont sem­blé sou­vent nébuleuses et m’ont pro­gres­sive­ment entraîné dans un ennui, qui est, comme nous l’a enseigné Peter Brook, le dia­ble au théâtre !
Est-ce la super­po­si­tion des com­plex­ités, celle de la musique, celle du livret d’Hofmannsthal et celle un peu gra­tu­ite de la mise en scène qui ont entraîné ma décep­tion ?
Je n’ai pas trou­vé de réponse à la ques­tion de savoir quel intérêt il y avait à mon­ter cet opéra aujourd’hui… Certes de temps à autres, de belles images, l’exécution musi­cale tout en finesse de la par­ti­tion par l’orchestre et la qual­ité des voix — tout par­ti­c­ulière­ment la Zebi­net­ta de Sabine Devieil­he — ont relancé mon intérêt, mais cela n’a pas suf­fi à emporter mon adhé­sion et surtout à me pro­cur­er de l’émotion.

Ariadne auf Naxos de Richard Strauss, livret de Hugo Von Hofmannsthal, opéra en un acte précédé d’un prologue, mise en scène Katie Mitchell, direction musicale Marc Albrecht, décor Chloé Lamford, avec Lise Davidsen, Eric Cutter, Sabine Devieilhe, Angela Brower, Josef Wagner, Rupert Charlesworth, Huw Montague Rendall, Jonhatan Albernethy, Emilio Pons, David Shipley, Beate Mordal, Andrea Hill, Elena Galitskaya, Peter Moen, Jean-Gabriel Saint Martin, Sava Vemic, Mais Solbach, Paul Herwig, Julia Wieninger.
Du 4 au 16 juillet 2018 dans le cadre du Festival International d'art lyrique d'Aix en provence, avec l'orchestre de Paris.

  1. Writ­ten on skin, un chef d’oeuvre de feu et de glace, Alter­na­tives théâ­trales n°115, novem­bre 2012 ↩︎
  2. Alci­na et le pou­voir des femmes, Alter­na­tives théâ­trales n°126 – 127, octo­bre 2015 ↩︎
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Festival international d'art lyrique d'Aix-en-Provence
Katie Mitchell
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Bernard Debroux
Écrit par Bernard Debroux
Fon­da­teur et mem­bre du comité de rédac­tion d’Al­ter­na­tives théâ­trales (directeur de pub­li­ca­tion de 1979 à 2015).Plus d'info
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