The Other Side of the Garden, un jardin sans clef

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The Other Side of the Garden, un jardin sans clef

Le 18 Oct 2018
The Other Side of the Garden. (c)Hubert Amiel.
The Other Side of the Garden. (c)Hubert Amiel.

Une mère, représen­tée par un masque qu’endossent tour à tour les six comé­di­ens, cherche son fils dis­paru, dans une quête qui la mène aux con­fins du monde des vivants. Guidée par son inlass­able amour et sa souf­france vive, elle sac­ri­fiera dans ce som­bre voy­age des morceaux d’elle-même, déter­minée à affron­ter la Mort qui lui a ravi sa rai­son de vivre.

Toute la pièce baigne dans les métaphores, les allé­gories et les références : les fleurs, omniprésentes, pour fig­ur­er les morts ; les tamis, qui dans la cul­ture arabo-musul­mane ren­voient à des rit­uels de pro­tec­tion ; les longues robes blanch­es des comé­di­ens, évo­quant les vête­ments des der­vich­es tourneurs… Sans compter les cer­cles, la lumière, la musique, qui nim­bent l’ensemble d’une atmo­sphère tein­tée d’ésotérisme et de sen­su­al­ité cos­mique. Dans cette nar­ra­tion imprégnée de mer­veilleux, se glis­sent ponctuelle­ment des bribes de réc­its intimes, échos de sou­venirs per­son­nels vécus dans un Moyen Ori­ent tis­sé de vio­lence et de chaos.

Est-ce la mécon­nais­sance de l’imaginaire et des codes cul­turels ici mis à l’honneur ? La dif­fi­culté à faire tenir ensem­ble la trame du con­te et les expéri­ences con­tem­po­raines de la mort et de la perte, dans une région si sou­vent à feu et à sang ? Le flot­te­ment entre la fable ini­ti­a­tique fan­tas­tique, le poème mys­tique et le témoignage ? Tou­jours est-il qu’il est bien dif­fi­cile de pénétr­er dans ce jardin et d’y suiv­re un sen­tier, tant les pistes esquis­sées sem­blent se dérober une à une. Le texte, ellip­tique et très imagé, offre peu de pris­es à la com­préhen­sion.

Reste le corps, qui don­nait le meilleur dans Above Zero : le spec­ta­cle frap­pait par la vital­ité furieuse des gestes, des bruits, des sur­sauts, vibrants témoins de la vio­lence et de la cru­auté ordi­naires. Explo­rant ce que la guerre fait au corps, la pièce éclatait de panique et de beauté sauvage, faisant oubli­er ses mal­adress­es. Le rythme est ici tout autre et on ne peut reprocher à Ossama Halal d’explorer une autre énergie. Mal­heureuse­ment, elle sem­ble avoir cette fois-ci déserté les corps. S’égarant dans une parole trop ver­beuse, englouti par un sym­bol­isme insis­tant, ce jardin des morts nous laisse de l’autre côté, avec des regrets. Les moments les plus physiques, en effet – la dernière scène donne enfin l’impression de libér­er ces jeunes d’aujourd’hui de leurs habits grandil­o­quents ­­– lais­sent entrevoir la générosité et la cohé­sion du col­lec­tif. Quand ils répè­tent un geste infime et l’amplifient, yeux exor­bités, mains qui claque­nt, on a envie qu’ils aban­don­nent leurs masques, leurs robes blanch­es et leurs métaphores. Qu’ils rede­vi­en­nent bruts et sonores, et nous racon­tent le fra­cas urgent de leur jardin à eux.

The Other Side of the Garden Au Théâtre National Wallonie-Bruxelles

Metteur en scène et scénographie: 
Ossama Halal
D’après le conte
 « L’Histoire d’une mère »; Hans Christian Andersen
Dramaturge
: Alaa Aldin Alaalem & Hisham Hmedan
Marionnette, masques et accessoires: 
Natacha Belova & Loïc Nebrada
Avec
: Hamza Hamadeh, Sara Mashmoushy, Sara Zein, Seba Kourani, Shadi Mokresh, Stéphanie Kayal
Composition et performance musicale
: Singhkeo Panya
Costumes: 
Nicole Moris
Photographie et vidéo: 
Ziad Al Halabi
Direction technique: 
Karam Abu Ayash
Assistant à la mise en scène: 
Muhannad Samman & Tamim Sabri
Interprète
: Awni Daibes
Régisseur général
: Michel Ransbotyn
Régie lumière
: Isabel Scheck
Régie son
: Pawel Wnuczynski
Régie plateau: 
Stéphanie Denoiseux
Administration
: Koon Theater Group, Rime Khatab
Création: Studio Théâtre National Wallonie-Bruxelles 
Production: 
Théâtre National Wallonie-Bruxelles
Décor et costumes: 
Ateliers du Théâtre National Wallonie-Bruxelles
Coproduction: 
les ballets C de la B
Avec le soutien de: 
Zoukak Theater Company, Institut français du Liban
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Ossama Halal
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Emilie Garcia Guillen
Emilie Garcia Guillen dérive vers le nord depuis environ quinze ans. Suite à une première...Plus d'info
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