“L’autonomie n’est jamais une fin en soi” : le Decoratelier de Jozef Wouters comme centre artistique du futur

Entretien
Théâtre

“L’autonomie n’est jamais une fin en soi” : le Decoratelier de Jozef Wouters comme centre artistique du futur

Le 8 Jan 2021
Photo de Jozef Wouters
Photo de Jozef Wouters
Photo de Jozef Wouters
Photo de Jozef Wouters

Don­ner de l’e­space, c’est divis­er le pou­voir, selon l’adage de Jozef Wouters. Avec Some­thing when it don’t rain, son Dec­o­rate­lier a réal­isé cet été le rêve secret du secteur cul­turel : la créa­tion d’un espace pub­lic rad­i­cale­ment inclusif sans pro­gramme fixe, que divers­es com­mu­nautés artis­tiques et de riverains pour­raient s’ap­pro­prier. Un mod­èle inspi­rant pour l’avenir ?

Le scéno­graphe Jozef Wouters (34 ans) a conçu de nom­breux espaces hors du com­mun ces dernières années, mais son Dec­o­rate­lier est tou­jours unique. L’an­ci­enne usine de la rue de Man­ches­ter à Molen­beek est bien plus qu’un stu­dio où Wouters et son com­plice Men­no Van­de­velde con­stru­isent des stands et des décors pour d’autres artistes. C’est aus­si un lieu de tra­vail social, un espace de rési­dence, un abri végé­tal, une dis­cothèque et un cen­tre artis­tique décalé tout en un. La fan­tas­tique cour intérieure, sur laque­lle don­nent les bureaux de Recyclart, du Vaartkapoen et de Charleroi Danse, s’est trans­for­mée cet été en un espace pub­lic pour tou.te.s.

Pen­dant Some­thing when it does­n’t rain, vous pou­viez vous ren­dre dans théâtre en plein air respec­tant les normes de sécu­rité Covid pour des pro­jec­tions de films, des ate­liers de danse, des débats et des micros ouverts. Quiconque souhaitait pro­gram­mer une soirée pou­vait sim­ple­ment s’in­scrire. Le cinéaste Enzo Smits ser­vait des glaces aux « saveurs du quarti­er Hey­vaert » dans une réplique de l’emblématique café Green­wich. Le coach de fit­ness M’hamed gérait une salle de sport avec des équipements auto-con­stru­its avec Youssef, Younes et Cis­sé, rési­dents du quarti­er. Et on allait chez Fars pour une coupe de cheveux sous le soleil. On avait rarement vu un pub­lic aus­si diver­si­fié se rassem­bler en un seul endroit.

©Ivan Put
©Ivan Put

« Il était clair dès le départ que Dec­o­rate­lier devait être un lieu plus grand que ce dont j’avais besoin pour mon pro­pre tra­vail », déclare Wouters. « Appelez cela une forme de scéno­gra­phie élargie. Com­ment laiss­er émerg­er de mon tra­vail scéno­graphique une plate­forme sur laque­lle d’autres font aus­si leur truc ? » Comme sou­vent chez Wouters, le Dec­o­rate­lier fut d’abord une métaphore, « un espace en lan­gage »1 qui ne s’est matéri­al­isée que plus tard dans le bois et la pierre. « La graine a été semée pen­dant Infi­ni (2015-présent) au KVS, un pro­jet en cours pour lequel le dra­maturge Jeroen Peeters et moi avons demandé à seize artistes quel paysage iels voulaient représen­ter au théâtre aujour­d’hui. Nous avons pu con­tourn­er le désir des pro­duc­teurs d’at­tribuer l’œu­vre à un seul indi­vidu en choi­sis­sant tou­jours, dès le départ, Dec­o­rate­lier comme auteur. Que le nom ait semé la con­fu­sion au KVS, qui pos­sède égale­ment son pro­pre stu­dio de déco­ra­tion nom­mé « Dec­o­rate­lier », ça a été un cadeau bonus.” (Rires)

Depuis, Dec­o­rate­lier est un élé­ment fon­da­men­tal du tra­vail artis­tique de Wouters, son épithète homérique. « Le terme a quelque chose d’un ser­vice, il exprime le désir de faire par­tie de quelque chose. L’au­tonomie n’est jamais un objec­tif pour moi en tant que scéno­graphe, tout au plus une con­di­tion à la col­lab­o­ra­tion. ”

Avec le sou­tien struc­turel de la société de Meg Stu­art Dam­aged Goods, que Wouters a rejointe en 2017 en tant qu’artiste autonome en rési­dence, Dec­o­rate­lier est devenu un lieu con­cret avec un fonc­tion­nement con­tinu — d’abord dans une usine vide de pièces auto­mo­biles rue de Liv­er­pool, où ont eu lieu entre autres le fes­ti­val Bâtard et la pièce Under­neath
which rivers flow
(2019). Lorsque le site a été démoli pour faire place à un parc et à une crèche, les sci­es et les maque­ttes se sont déplacées une cen­taine de mètres plus loin vers la rue de Man­ches­ter. Dans son livre Moments before the wind (2020), Wouters décrit l’im­pact de ce moment où le lieu est devenu une insti­tu­tion avec une anec­dote révéla­trice :

« Après le net­toy­age de Dec­o­rate­lier et l’in­stal­la­tion des machines, Men­no a acheté pour la pre­mière fois une charge de bois, avant même que nous ne sachions à quoi elle servi­rait. Nous avions l’habi­tude de faire l’in­verse et nous n’a­chetions le bois qu’après avoir conçu le pro­jet. (…) Notre bois est en avance sur notre imag­i­na­tion. Où cela nous mèn­era-t-il ? “2

Pho­to d’I­van Put

ETC.: Dec­o­rate­lier est depuis devenu un lieu avec de nom­breuses col­lab­o­ra­tions.
Pour­riez-vous nous en faire une vue d’ensem­ble ?

J.W.: Env­i­ron la moitié de nos opéra­tions sont financées par des con­trats. Juste avant le deux­ième con­fine­ment, nous avons ter­miné une autre scéno­gra­phie pour Night Shift de Gou­verne­ment à l’opéra de Gand. Ce sont des études spa­tiales très fines dans lesquelles la con­struc­tion est cen­trale. Ces pro­jets per­me­t­tent d’employer un cer­tain nom­bre de per­son­nes qui ont du mal à trou­ver du tra­vail ailleurs. C’est pourquoi nous avons égale­ment fab­riqué des pom­pes à gel à main à par­tir de matéri­aux recy­clés ces derniers mois. La con­cep­tion exige délibéré­ment beau­coup de tra­vail et les pom­pes sont indi­vidu­elle­ment peintes à la main pour don­ner un emploi au plus grand nom­bre.

“En plus, il y a le tra­vail en rési­dence. Bar­ry Ahmad Tal­ib, l’un des inter­prètes de Under­neath which rivers flow, est main­tenant impliqué dans presque tout ce que nous faisons en tant que rési­dent. De plus, nous avons sélec­tion­né cinq artistes via un appel à pro­jets qui peu­vent tra­vailler ici pen­dant un an avec un bud­get et un espace. Iels avaient tou.te.s une vision unique de la ques­tion de savoir quel espace pub­lic iels veu­lent ajouter à Molen­beek. L’activiste Isabelle N’Diaye dirige une école sur la vio­lence poli­cière. Amari tra­vaille sur un club de strip-tease pour les per­son­nes de couleur queer et trans. À quoi ressem­ble un espace dans ce quarti­er où iels peu­vent se désha­biller sans prob­lème ? Le choré­graphe Milø Slay­ers est vive­ment acca­paré par le secteur artis­tique et trou­ve ici un lieu à l’abri. Les résident.e.s n’ont aucune oblig­a­tion envers nous. Ce ne sont pas les nôtres. Notre sou­tien est incon­di­tion­nel. Some­thing
when it does­n’t rain
est né du désir de faire quelque chose avec cette mag­nifique cour. Chacun.e pou­vait y aller de sa propo­si­tion, d’un ate­lier de capoeira à un débat sur le fémin­isme musul­man ou à une per­for­mance du col­lec­tif Ne Mos­qui­to Pas. Il se passe telle­ment de choses sur la scène brux­el­loise que met­tre sur pied un pro­gramme n’est en fait pas si dif­fi­cile. Avec Marie Umuhoza, qui sera la coor­di­na­trice de nos activ­ités en 2021, il nous a suf­fi de deman­der de bonnes idées et de fournir des micros et des lam­pes. Dec­o­rate­lier est aus­si le dôme sous lequel je développe mon pro­pre tra­vail artis­tique. Bien que je doive dire qu’en ce moment, cela se passe prin­ci­pale­ment dans le jardin secret de ma tête et pas telle­ment à cet endroit. Telle­ment d’én­ergie cir­cule déjà ici que je ne sais par­fois pas où je peux encore tra­vailler à mes pro­pres pro­jets.

ETC.: Vous tra­vaillez délibéré­ment de manière aus­si décen­tral­isée que pos­si­ble.

J.W.: C’est vrai. Nous voulons que Dec­o­rate­lier se développe en un réseau rhi­zoma­tique, en par­tie par néces­sité : ce lieu doit pou­voir con­tin­uer sans moi, car je veux con­tin­uer à faire mon pro­pre tra­vail. Par exem­ple, au lieu d’un appel à pro­jets ouvert, nous tra­vaillerons à l’avenir avec un sys­tème de référence pour les nouveaux.elles résident.e.s. De cette manière, nous espérons appro­fondir notre réseau dans le monde des artistes et militant.e.s bruxellois.es, et leur offrir une passerelle solide vers le cir­cuit artis­tique insti­tu­tion­nel. Un mod­èle sans directeur.rice artis­tique, dans lequel chacun.e assume ses respon­s­abil­ités, nous sem­ble le mieux adap­té pour le moment. C’est une expéri­ence. Je suis curieux de voir si ça va fonc­tion­ner.

ETC.: Dec­o­rate­lier a réus­si à s’ancrer solide­ment dans le quarti­er, avec pour point
d’orgue avec l’événement Allume tes Skills avec les com­mis­saires Molen­beek
M’hamed, Younes, Cis­sé, Bilal et Youssef Bouch. Com­ment vous ont-ils don­né
con­fi­ance ?

 J.W.: Nous organ­isons des soirées spé­ciales depuis plusieurs années en col­lab­o­ra­tion avec le col­lec­tif brux­el­lois d’art et de fête Leav­ing Liv­ing Dako­ta : iels four­nissent le line-up, nous four­nissons le bon cadre. Grâce à elleux, Dec­o­rate­lier s’est fait un nom en dehors du monde de l’art. Fait intéres­sant, c’é­tait aus­si le pre­mier lien avec les jeunes du quarti­er. Depuis, cer­tains d’en­tre eux tra­vail­lent régulière­ment pour nous en tant que videurs ou bar­mans. De nou­veaux plans en sont sor­tis pen­dant le con­fine­ment, comme le gym­nase en plein air de M’hamed. Le temps et la con­fi­ance sont essen­tiels. Avec Camille Thiry, nous avons eu une médi­atrice en interne cet été qui s’est con­cen­trée exclu­sive­ment sur le con­tact avec le quarti­er. Grâce à elle et aux nom­breuses con­ver­sa­tions que nous avons eues ces dernières années, nous com­prenons un peu mieux la diver­sité au sein d’un tel groupe de jeunes et nous ne devons pas fer­mer la porte à tout le monde si quelques-un.e.s font par­fois des erreurs. De plus, je suis suff­isam­ment anti-autori­taire pour com­pren­dre cer­tains de leurs réflex­es et engager un dia­logue vul­nérable. Il était clair dès le départ que nous ne sommes pas des travailleur.euse.s sociaux.iales et qu’iels ne sont pas un groupe-cible dans notre dossier de sub­ven­tions. S’iels veu­lent faire quelque chose de cet endroit, nous pou­vons les aider, mais iels doivent d’abord le faire elleux-mêmes.

Pho­to d’I­van Put

ETC.: Dans une let­tre à l’ar­chi­tecte Wim Cuyvers3, vous décrivez à quel point il est impor­tant de fer­mer un espace pub­lic de temps en temps et de le ren­dre invis­i­ble, afin de créer un “safe space”, un espace sûr. Dans quelle mesure devez-vous par­fois faire la médi­a­tion entre les lim­ites des dif­férents groupes qui se réu­nis­sent à Dec­o­rate­lier ?

J.W.: Quelle scéno­gra­phie per­met à quelqu’un.e de ren­con­tr­er l’autre et tout en se sen­tant en sécu­rité ? Dans toute notre diver­sité, quel espace fic­tif pou­vons-nous partager ? Telle est la ques­tion cen­trale dans cette cour. Par­fois, il suf­fit de met­tre une chaise au bon endroit, par­fois il en faut plus. Je me sou­viens d’une soirée mon­trant un film sur la com­mu­nauté LGBTQ à Tunis. Pour un cer­tain nom­bre de per­son­nes de la com­mu­nauté trans et queer, il était dif­fi­cile de partager un espace à l’époque avec des hommes cis qui s’en­traî­naient torse nu à quelques mètres de là. Nous en avons ensuite dis­cuté. J’aime ce genre de con­flit. J’en apprends beau­coup. Où dans la ville avez-vous encore la chance d’avoir un espace trans­for­mé à par­tir de dif­férents points de vue ? C’est de la scéno­gra­phie pour moi : con­cevoir une cour intérieure de manière à ce que chacun.e puisse pren­dre place et par­ticiper à un pro­gramme partagé selon ses pro­pres con­di­tions. Ou pas. Par­fois, tout le monde n’est pas autorisé à entr­er. La porte qui nous sépare de la rue en est un élé­ment impor­tant. La porte changeait de sens chaque jour. En col­lab­o­ra­tion avec le fan­tas­tique Youssef Bouch, qui com­prend très bien ce quarti­er, nous avons pen­sé à une poli­tique de porte appro­priée pour chaque événe­ment.

ETC.: La Ville de Brux­elles a des pro­jets ambitieux de mod­erni­sa­tion de la zone du Canal. Com­ment voyez-vous le rôle de Dec­o­rate­lier dans tout cela ?

J.W .: Il y a un plan directeur sur la table pour faire du quarti­er de Man­ches­ter un cen­tre cul­turel. En plus de Recyclart, de Vaartkapoen, Charleroi Danse et Cin­e­max­i­m­il­i­aan, un cer­tain nom­bre d’autres organ­i­sa­tions seraient ajoutées. Je suis curieux, mais je reste pru­dent. L’am­pleur de ce pro­jet per­me­t­tra-t-elle des choses ou bien les blo­quera-t-elle ?

Pen­dant la crise du coro­na, nous avons remar­qué à quel point il est impor­tant d’être sou­ple en tant qu’in­sti­tu­tion. Grâce à son lien avec Dam­aged Goods, Dec­o­rate­lier a tous les avan­tages juridiques et admin­is­trat­ifs d’une insti­tu­tion, mais a en même temps la lib­erté de pren­dre des déci­sions rapi­de­ment et, par exem­ple, d’être un hâvre de paix pour des per­son­nes aux statuts juridiques com­pliqués. Notre façon spon­tanée de tra­vailler s’est aus­si révélée être un soulage­ment pour les artistes : une grande par­tie de notre pro­gramme con­sis­tait en des annonces à la « quelqu’un.e va présen­ter quelque chose » et sou­vent avec « peut-être » à côté. (rires) Il sem­ble dif­fi­cile pour des insti­tu­tions beau­coup plus grandes de répon­dre adéquate­ment à un monde en évo­lu­tion rapi­de. J’e­spère que la crise du Covid sus­cit­era une con­ver­sa­tion sur l’échelle idéale de nos insti­tu­tions et la façon dont nous voulons organ­is­er les choses à l’avenir.

ETC.: Y a‑t-il quelque chose de typ­ique­ment brux­el­lois dans cet endroit, ou pour­riez-vous installer un Dec­o­rate­lier n’im­porte où ?

J.W.: Cela peut être fait n’im­porte où, les paramètres sont sim­ples : l’au­tonomie et le juste équili­bre entre pro­fes­sion­nal­isme et sim­plic­ité. À Brux­elles, c’est peut-être un peu plus facile car il se passe telle­ment de choses. Je me sens faire par­tie d’un réseau plus vaste ici. (réflé­chit) J’ai vécu à Anvers pen­dant sept ans, mais là-bas, il était encore dif­fi­cile de se con­necter avec des insti­tu­tions telles que le Toneel­huis, deSin­gel ou de Mon­ty. Cela explique peut-être pourquoi je n’y suis jamais devenu très act­if en tant qu’artiste, mal­gré mon rela­tion étroite avec Scheld’apen, Het Bos et surtout Elsemieke Scholte au dethe­ater­mak­er. J’ai vrai­ment essayé, mais je suis par­ti après ma pre­mière ren­con­tre au Mon­ty, quand un homme a com­mencé, sans que ne lui ai rien demandé, à m’ex­pli­quer com­ment faire mon pro­jet.

Cela m’a con­duit à vouloir pro­téger Dec­o­rate­lier de trop d’in­ter­férences extérieures. Per­son­ne ici ne vous dit com­ment faire. En tant que scéno­graphe, c’est mon tra­vail de faire respecter un espace sans com­pro­mis pour nos résident.e.s afin qu’iels aient aus­si peu de comptes à ren­dre que pos­si­ble. Bien sûr, je ne peux le faire que parce que Dam­aged Goods me donne la même lib­erté. Peu de gens savent que Meg Stu­art est der­rière ce pro­jet, elle n’a aucune envie de revendi­quer mon tra­vail. C’est rel­a­tive­ment invis­i­ble.

ETC.: Les lieux que vous créez sont intrin­sèque­ment imper­ma­nents. Est-ce un choix de fond ou prag­ma­tique ?

J.W.: Cela, nous ne l’avons pas encore résolu. L’ac­cord jusqu’à présent a tou­jours été : l’au­tonomie en échange d’un lieu tem­po­raire et c’é­tait bien. Mais en vieil­lis­sant, je sens com­bi­en d’én­ergie il faut pour con­tin­uer à créer quelque chose de nou­veau à par­tir de rien. Par­fois, je préfère courir un peu plus longtemps au même rythme plutôt que de tou­jours chang­er. D’autre part, l’oblig­a­tion de chang­er de forme nous empêche de penser trop vite que tout ce que nous faisons doit être préservé. À un cer­tain moment, un espace est égale­ment « épuisé ». Je remar­que que je rêve déjà du prochain lieu pro­vi­soire : un entre­pôt dans les Ardennes, un petit ciné­ma ou la chauf­ferie entre Kanal — Cen­tre Pom­pi­dou et le Kaaithe­ater. Cela me sem­ble être un endroit intéres­sant, entre deux insti­tu­tions. L’e­space est ma muse. Tout part de la ques­tion que pose un lieu.

ETC.: Trou­vez-vous impor­tant qu’une mémoire soit con­sti­tuée de la dynamique
par­ti­c­ulière qui se pro­duit ici ?

J.W.: Je pense qu’il est impor­tant qu’il y ait tou­jours un endroit comme Dec­o­rate­lier, mais cet endroit n’a pas besoin de moi. En tant qu’homme blanc et priv­ilégié aujour­d’hui, il est très dif­fi­cile de se con­va­in­cre qu’on a de toute façon besoin de vous. Rachi­da Aziz a dit avant de com­mencer cet endroit qu’un ate­lier dans ce quarti­er serait bien mieux géré par quelqu’un qui ne me ressem­ble pas. Elle a rai­son. Grâce à de telles cri­tiques, la barre reste haute. Je chéris les doutes et les ques­tions dif­fi­ciles que cela implique.

Traduit du néer­landais par Car­o­line Godart. Cet arti­cle est paru dans le numéro 162 (décem­bre 20-mars 21) de la revue Etcetera.


  1. Wouters, J. (2020). Moments before the wind – Notes on scenog­ra­phy. Varamo Press, 51. ↩︎
  2. Ibid, 78. ↩︎
  3. Ibid, 104 – 109. ↩︎
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