Patrick Kermann (1959 — 2000) est l’auteur d’une quinzaine de pièces, dont Seuils, dernière œuvre achevée, écrite pour la compagnie Éclats d’États. « Le théâtre est le territoire de la mort, ce lieu rituel où les vivants tentent la communication avec l’au-delà. Sur scène, dans une balance incessante entre incarnation et désincarnation, matériel et immatériel, visible et invisible, apparaissent des fantômes qui portent la parole des morts, pour nous encore et tout juste vivants. (…) De là (…) ce qui fait à mon sens la seule légitimité de l’écriture contemporaine, le travail sur/de/contre la langue : du monde des morts ne surgissent que des voix spectrales, des sons d’une autre langue, de cette langue des morts qui se fait chair et s’incarne en l’acteur. Ne m’intéresse donc que ce dialogue fragile avec les morts, ces souffles ténus recueillis auprès des morts qui témoignent de leur avoir été à l’histoire et au monde. »