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Le jeune homme de Lorenzo Lotto ne lit pas (ndlr.: Lorenzo Lotto, Ritratto di giovane gentiluomo nel suo studio, 1528 env.), il feuillette le livre après l'avoir fini pour apprécier ce qu'il lui en reste. Le geste est mécanique et le regard tourné vers l'extérieur comme s'il s'agissait de mettre en balance la portée du livre consommé et l'attrait du paysage non fréquenté, paysage miniatural, à peine visible, qui fait respirer le bureau où les papiers sont déchirés et les folios racornis. Qu'ai-je perdu? Qu'ai-je gagné ? se demande le jeune homme. Lire ou sortir? Le spectateur rejoint parfois dans ses doutes le lecteur dont l'image nous a servi d'emblème pour ce numéro sur le théâtre en quête de nature, eau et feu, fleurs et animaux, mer, pierres et montagnes. Prélèvements significatifs, tout aussi perturbants que la pincée de réel dans le tableau de Lotto: scène et livre sont également soumis à l'épreuve de la nature. Elle finit souvent par faire irruption dans l'espace clos d'une bibliothèque ou d'une salle souvent menacées d'asphyxie par manque d'air. La nature est ici polémique. Elle troue une unité, l'unité du dedans traversé par cet écho du dehors qui pénètre à travers le cadre d'une fenêtre ou surgit grâce à une flamme, une grenade ou une goutte d'eau. Cette nature sert de tremplin à l'imaginaire et d'appui au jeu. Furtivement, elle intercède entre le monde et le théâtre.