Des artistes au cœur du festival d’Avignon

Théâtre
Parole d’artiste

Des artistes au cœur du festival d’Avignon

Le 28 Mai 2013
Lina Saneh dans PHOTO-ROMANCE de Lina Saneh et Rabih Mroué, Festival d’Avignon 2009. Photo Christophe Raynaud de Lage.
Lina Saneh dans PHOTO-ROMANCE de Lina Saneh et Rabih Mroué, Festival d’Avignon 2009. Photo Christophe Raynaud de Lage.

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Lina Saneh dans PHOTO-ROMANCE de Lina Saneh et Rabih Mroué, Festival d’Avignon 2009. Photo Christophe Raynaud de Lage.
Lina Saneh dans PHOTO-ROMANCE de Lina Saneh et Rabih Mroué, Festival d’Avignon 2009. Photo Christophe Raynaud de Lage.
Article publié pour le numéro
Couverture du numéro 117-118 - Utopies contemporaines
117 – 118

LA LONGÉVITÉ du Fes­ti­val d’Avignon, qui souf­flera cette année ses soix­ante-sept bou­gies, dans un monde qui depuis 1947 ne cesse de bouger, d’interrogations mul­ti­ples en crises divers­es, entre espérance d’un avenir meilleur et doute angois­sant sur un futur peu maîtris­able, oblige à se ques­tion­ner sur les raisons qui font aujourd’hui encore son suc­cès. Com­ment a‑t-il pu résis­ter au temps qui passe, aux évo­lu­tions et révo­lu­tions qui auraient pu en faire un objet d’étude his­torique, une forme dépassée ? Sans doute parce que les deux idées fon­da­men­tales sur lesquelles il a été fondé par Jean Vilar, pro­duire un théâtre d’art et de créa­tion qui soit des­tiné au plus large pub­lic pos­si­ble, restent aujourd’hui effi­cientes car incon­tourn­ables.

S’inscrivant, dès leur pro­jet de can­di­da­ture, dans cet héritage, Hort­ense Archam­bault et Vin­cent Bau­driller se sont ques­tion­nés sur le moyen de faire enten­dre avec force les poètes de la scène dans la diver­sité des formes pos­si­bles en ce début de XXIe siè­cle.

À un Fes­ti­val, comme il en existe ailleurs, qui ressem­ble à un gigan­tesque marché du théâtre réu­nis­sant ce qui peut être con­sid­éré comme le meilleur de la pro­duc­tion européenne, sinon mon­di­ale, ils ont préféré imag­iné un Fes­ti­val qui per­me­t­trait aux artistes les plus représen­tat­ifs du théâtre con­tem­po­rain et des arts de la scène, de France ou d’ailleurs, de trou­ver à Avi­gnon les moyens de pou­voir tra­vailler, les moyens de créer dans les meilleures con­di­tions pos­si­bles les œuvres qui les habitaient. Un Fes­ti­val qui prend le risque de déranger, de cho­quer, de per­turber tout autant que de plaire, de séduire et d’enthousiasmer.

Pour sig­ni­fi­er d’une façon écla­tante ce désir de plac­er les artistes au cœur du Fes­ti­val les deux directeurs ont pro­posé de deman­der à un ou deux artistes de venir chaque année « penser » le Fes­ti­val avec eux en appor­tant leurs réflex­ions et leurs vécus. Faites de ren­con­tres régulières, de voy­ages en com­mun, de dis­cus­sions, cette col­lab­o­ra­tion a beau­coup intrigué ceux qui imag­i­naient le Fes­ti­val comme une suite de propo­si­tions de grande qual­ité dans lesquelles le pub­lic était invité à faire son choix. Pourquoi lorsqu’il y a déjà deux directeurs chargés de choisir des spec­ta­cles, ajouter un troisième, par­fois un qua­trième, inter­venant ? Quel pou­vait bien être l’intérêt de cette mul­ti­plic­ité de respon­s­ables ? À cela Hort­ense Archam­bault et Vin­cent Bau­driller ont tou­jours apporté la même réponse : avec un artiste asso­cié nous dessi­nons chaque année la carte d’un ter­ri­toire dif­férent, nous écou­tons ses ques­tion­nements, nous béné­fi­cions de ses ent­hou­si­asmes, nous l’aidons à dévelop­per ses envies et ses pro­jets. L‘artiste asso­cié emmène les directeurs sur des ter­rains qu’ils ne fréquen­taient pas oblig­a­toire­ment, et il est lui-même amené à ren­con­tr­er des artistes qu’il ne con­nais­sait pas. De cet échange naît chaque année un pro­gramme con­tenant des propo­si­tions artis­tiques, très sou­vent en lien les unes avec les autres, à l’intérieur duquel le pub­lic est invité à cir­culer pour mieux « entr­er » dans l’œuvre des artistes invités, et plus par­ti­c­ulière­ment dans celle de ou des artistes asso­ciés, en présen­tant plusieurs formes artis­tiques pour le même artiste, que ce soit un autre spec­ta­cle, un con­cert, des lec­tures, des films, une expo­si­tion ce qui a l’avantage de pou­voir organ­is­er en aval des ren­con­tres et des débats beau­coup plus rich­es entre artistes et publics.

Les artistes peu­vent aus­si pro­pos­er des aven­tures nou­velles en fonc­tion de leurs pra­tiques et de leurs cen­tres d’intérêt. C’est Thomas Oster­meier qui, en racon­tant com­ment il organ­ise un dimanche par mois des ren­con­tres avec des philosophes dans son théâtre de la Schaubühne de Berlin, donne l’idée de créer le « Théâtre des Idées » où Nico­las Truong invite depuis 2004 ceux qui, dans le domaine de la pen­sée, se con­fron­tent à des ques­tion­nements proches de ceux
des artistes présents au Fes­ti­val. De la même façon c’est Frédéric Fis­bach qui en 2007, à par­tir de son expéri­ence de ren­con­tres avec le pub­lic au Stu­dio Théâtre de Vit­ry, per­met d’imaginer à l’École d’Art d’Avignon un lieu qui sera depuis con­sacré en grande par­tie aux ren­con­tres entre le pub­lic et les artistes, mais aus­si à des expo­si­tions ou à la présen­ta­tion de petites formes per­for­ma­tives.

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Jean-François Perrier
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Jean-François Perrier est agrégé d’histoire et comédien pour le théâtre et le cinéma. Il a...Plus d'info
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