Basi na Mizik, les femmes et la musique

Entretien
Musique

Basi na Mizik, les femmes et la musique

Entretien avec Maryse Ngalula

Le 14 Juil 2014
Luc Mayitoukou et Maryse Ngalula, tournée Visa pour la Création de l’Institut Français, Madagascar, décembre 2012.
Luc Mayitoukou et Maryse Ngalula, tournée Visa pour la Création de l’Institut Français, Madagascar, décembre 2012.

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Luc Mayitoukou et Maryse Ngalula, tournée Visa pour la Création de l’Institut Français, Madagascar, décembre 2012.
Luc Mayitoukou et Maryse Ngalula, tournée Visa pour la Création de l’Institut Français, Madagascar, décembre 2012.
Article publié pour le numéro
Couverture du 121-122-123 - Créer à Kinshasa
121 – 122-123

Bernard Debroux : Com­ment est venue cette voca­tion qui t’a con­duite à exercer ce méti­er d’artiste, de chanteuse, de musi­ci­enne ?

Maryse Ngalu­la : Nor­male­ment, je ne devais pas être musi­ci­enne. Je suis née dans une famille très tra­di­tion­nelle et intel­lectuelle. Mon père est prof de math­é­ma­tiques et physique. Il enseigne à l’université. Ma mère est enseignante. Pour­tant, si je me trou­ve aujourd’hui à faire de la musique, de la gui­tare et du chant, c’est grâce à eux. Ils étaient chanteurs, cho­ristes à l’église catholique. Mon père chan­tait les chœurs latins. Ma mère, les chants protes­tants. Chaque soir, à la mai­son, on se rassem­blait et on chan­tait. Mon père jouait de la gui­tare. Il a joué avec un des grands gui­taristes con­go­lais, Nico Kasan­da. On l’appelait Doc­teur Nico. Ils ont étudié et joué ensem­ble mais mon père a arrêté pour faire des études.

Je suis la huitième de la famille sur douze. Enfant, j’ai aus­si beau­coup écouté mes aînés qui jouaient. Le frère qui vient juste avant moi m’a vrai­ment poussée à m’exercer à la gui­tare. Ensuite, j’ai com­mencé à com­pos­er. À l’âge de quinze ans, j’ai com­mencé à l’accompagner dans des con­certs. Il était soliste et gui­tariste. Mon père ne voy­ait pas ça d’un bon œil, il dis­ait que c’était un tra­vail de voy­ous ! J’ai donc pour­suivi et ter­miné mes études sec­ondaires et passé mon bac. En 1998, un ami me pro­pose de par­ticiper à une émis­sion pour la télé. Le directeur du cen­tre cul­turel français de l’époque m’a vue et m’a invitée à par­ticiper à un fes­ti­val, sorte de con­cours pour jeunes tal­ents.

B. D. : Où se déroulait ce fes­ti­val ?

M. N. : À Kin­shasa. Tout s’est passé à Kin­shasa. C’est de là que tout est par­ti. C’est Kin­shasa qui m’a influ­encée, cette vie par­ti­c­ulière de la société kinoise. Je ne me rap­pelle pas avoir pris une déci­sion du genre « aujourd’hui, je com­mence ». Tout s’est mis en place pro­gres­sive­ment. On me dis­ait que ce que je fai­sais était intéres­sant, on m’encourageait. J’ai com­mencé à jouer à Kin­shasa, à don­ner des con­certs : au Cen­tre Wal­lonie- Brux­elles, au cen­tre cul­turel français. Je le fai­sais surtout pour le plaisir de jouer avec mes amis.

En 2001, j’ai reçu une invi­ta­tion pour aller au Séné­gal, au fes­ti­val Ban­lieue Rythme, à Gué­di­awaye. Ensuite, ce fut Ban­gui, en République Cen­trafricaine. Puis, l’Association Française d’Action Artis­tique (AFAA, l’ancêtre de Cul­ture France) m’a pro­posé de faire une démo, une maque­tte de mon tra­vail. C’est grâce à Cul­ture France que je suis par­tie en Afrique du Sud en 2002.

Là, j’ai com­mencé à jouer avec des artistes sud africains. On est allé à Sowe­to, tra­vailler avec des enfants et des jeunes gens. En même temps, j’ai pour­suivi des études.

B. D. : Des études musi­cales ?

M. N. : Non, j’ai étudié la soci­olo­gie à Sowe­to (j’habitais Johan­nes­burg) et spé­ciale­ment la « réso­lu­tion de con­flits ». On y enseignait la non-vio­lence.

B. D. : Les cours se don­naient en anglais ?

M. N. : Oui, je com­mence à par­ler par­faite­ment l’anglais et influ­ence même mon usage du français. J’étais très engagée dans ce tra­vail auprès des jeunes enfants où je don­nais des cours de réso­lu­tion des con­flits.

B. D. : Com­ment faisiez-vous pour leur enseign­er la non vio­lence ?

M. N. : J’allais par­ler avec des jeunes, je leur expli­quais la notion de non-vio­lence. Ils vivaient encore dans le sou­venir de l’apartheid. J’utilisais le sup­port musi­cal, je jouais de la gui­tare, je pou­vais par­ler facile­ment. Les gens écoutaient…

J’ai reçu le prix « Décou­verte Fran­coph­o­nie 2004 » en Afrique du Sud. En même temps, j’ai trou­vé un pro­duc­teur sud africain qui m’a pro­posé d’enregistrer dans son stu­dio. À la même époque, j’ai ren­con­tré l’association de jeunes King Luthuli Trans­for­ma­tion Cen­ter, qui tra­vail­lait dans la philoso­phie de Mar­tin Luther King. C’est comme ça que je suis restée en Afrique du Sud de 2002 à 2010.

Et puis finale­ment, j’ai décidé de ren­tr­er à Kin­shasa. B. D. : Pourquoi ?

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Bernard Debroux
Bernard Debroux
Fondateur et membre du comité de rédaction d'Alternatives théâtrales (directeur de publication de 1979 à...Plus d'info
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