L’expérience du K‑Mu Théâtre

Entretien
Théâtre

L’expérience du K‑Mu Théâtre

Entretien avec Toto Kisaku

Le 18 Juil 2014
Basal’ Ya Bazoba, mise en scène Guido Kleene, co régie Toto Kisaku, Theatre Embassy / Compagnie Dakar / K-Mu theatre / Oser la Vie. Photo Guido Kleene.
Basal’ Ya Bazoba, mise en scène Guido Kleene, co régie Toto Kisaku, Theatre Embassy / Compagnie Dakar / K-Mu theatre / Oser la Vie. Photo Guido Kleene.

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Article publié pour le numéro
Couverture du 121-122-123 - Créer à Kinshasa
121 – 122-123

Bernard Debroux : Com­ment êtes-vous venu au théâtre, quelle for­ma­tion avez-vous suiv­ie ?

Toto Kisaku : Je suis né à Kin­shasa, un same­di midi, dans une voiture. Ma mère avait seize ans et mon père vingt- trois. Mon père venait plutôt de la classe moyenne tan­dis que ma mère était d’une famille très mod­este. La famille de mon père n’a pas sup­porté cette dif­férence sociale. Ma mère, deux semaines après ma nais­sance, a été mise à la porte. Ma grand-mère s’est occupé de moi parce que ma mère était encore très jeune. À l’âge de cinq ans, une voi­sine de ma grand-mère, qui trou­vait que j’étais un enfant gâté, a voulu m’empoisonner : j’ai dû suiv­re un traite­ment durant deux ans dans un vil­lage du Bas- Con­go. Une année de soin et une année de con­va­les­cence. Quand je suis revenu à Kin­shasa, j’avais presque sept ans et demi. Toute la péri­ode de la mater­nelle était passée et j’ai com­mencé l’école pri­maire avec deux ans de retard. Le poi­son avait aus­si provo­qué un retard de crois­sance ; j’étais un tout petit dans une classe de petits, mais je n’avais pas le même âge que les autres. J’étais un vieux dans un petit corps.

On étu­di­ait dans des con­di­tions dif­fi­ciles, à même le sol. Quand j’ai eu neuf ans, ma mère a ren­con­tré un homme et je suis allé vivre avec elle. Mon beau-père me détes­tait, il ne m’avait pas accep­té. Quand elle a eu les moyens, ma mère m’a inscrit dans une école privée. Elle louait notre habi­ta­tion dans des annex­es de vil­las, à Bin­za, un quarti­er de gens aisés, pour que je sois en con­tact avec les enfants des rich­es qui par­laient français. Elle con­sid­érait le français comme une porte vers l’émancipation.

Enfant, je ne me rendais pas compte de mon état de pau­vre. Je côtoy­ais les enfants de rich­es, et on allait dra­guer les mêmes filles. On me rap­pelait régulière­ment que je n’étais pas de ce milieu, je me sen­tais de plus en plus rejeté.

Quand j’ai eu mon Bac, ma mère n’était plus en mesure de pay­er mes études. J’ai dû me débrouiller seul (on vit dans le pays de la débrouil­lardise). Con­traint de tra­vailler, j’ai trou­vé des petits boulots à gauche et à droite…

Un ami dont le père était très riche voulait me pay­er des études de droit à Lubum­bashi. J’ai refusé, parce que c’était déjà l’art qui m’intéressait… Comme mon père est musi­cien, j’ai décidé de faire de la musique et de m’inscrire à l’Institut Nation­al des Arts (INA). Le hasard a voulu que je par­ticipe aux tests d’entrée de la sec­tion théâtre. Mon test d’improvisation a séduit le jury que j’ai fait beau­coup rire en inven­tant une liste absurde de médica­ments à pre­scrire à une per­son­ne souf­frant de la malar­ia.

C’est ain­si que j’ai démar­ré ma for­ma­tion théâ­trale à l’INA. Dès le début de mes études j’ai par­ticipé à un spec­ta­cle sur les vic­times de Makobo­la (plus de cinq mille morts à l’époque, à l’Est, en 1998 – 1999) présen­té aux fac­ultés catholiques. Je jouais l’une des vic­times et ma presta­tion a fort impres­sion­né le pub­lic. Je n’avais jamais été dans une salle de théâtre, et ce soir-là j’ai signé des auto­graphes ! J’ai été payé vingt dol­lars améri­cains, que j’ai util­isés comme pre­mier acompte pour mes études.

B. D. : Com­bi­en coûte la for­ma­tion à l’INA ?

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Toto Kisaku
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Bernard Debroux
Bernard Debroux
Fondateur et membre du comité de rédaction d'Alternatives théâtrales (directeur de publication de 1979 à...Plus d'info
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