Chloé Dabert et Nadia Comaneci, les frontières en question

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Chloé Dabert et Nadia Comaneci, les frontières en question

Le 18 Juil 2016
Alexandrine Serre dans Nadia C. d’après Lola Lafon, mise en scène Chloé Dabert, Centquatre, Paris, 2016. Photo Marc Domage.
Alexandrine Serre dans Nadia C. d’après Lola Lafon, mise en scène Chloé Dabert, Centquatre, Paris, 2016. Photo Marc Domage.

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Alexandrine Serre dans Nadia C. d’après Lola Lafon, mise en scène Chloé Dabert, Centquatre, Paris, 2016. Photo Marc Domage.
Alexandrine Serre dans Nadia C. d’après Lola Lafon, mise en scène Chloé Dabert, Centquatre, Paris, 2016. Photo Marc Domage.
Article publié pour le numéro
Couverture du numéro 129 - Scènes de femmes
129

Remar­quée avec la créa­tion d’Orphe­lins de Den­nis Kel­ly, spec­ta­cle lau­réat du fes­ti­val Impa­tience en 2014, la met­teuse en scène Chloé Dabert est née en 1976 – l’année des Jeux olympiques de Mon­tréal, où fut révélée Nadia Comaneci. Elle appar­tient donc à cette généra­tion élargie des petites filles nées entre 1960 et 1990 qui, fascinées par le phénomène1, ont décou­vert la gym­nas­tique et ten­té de mimer les gestes inimag­in­ables de la « petite fée roumaine ».

Fig­ures d’identification 

Paru en 2014 chez Actes Sud, le roman de Lola Lafon La Petite Com­mu­niste qui ne souri­ait jamais retrace le des­tin de la gym­naste à tra­vers un dis­posi­tif sin­guli­er et fasci­nant. Aux réflex­ions d’une nar­ra­trice qui décide, de nos jours, de men­er une enquête pour écrire un livre sur Nadia Comaneci, se mêlent leurs échanges à toutes les deux et le texte du livre lui-même. Si Chloé Dabert a choisi d’adapter ce roman avec son spec­ta­cle Nadia C.2, c’est tout sim­ple­ment parce que le livre l’a boulever­sée. Mais on com­prend aus­si qu’il y a dans cette nar­ra­trice, qu’elle con­sid­ère comme le « per­son­nage prin­ci­pal du livre », un poten­tiel d’identification que ne per­met pas la fig­ure de Nadia en elle-même. Cette dernière, en ce qu’elle incar­ne une forme de « surnor­mal­ité », sus­cite au con­traire des réac­tions ambiguës, entre pas­sion et irri­ta­tion, dont le roman rend par­faite­ment compte.

L’adaptation d’un roman au théâtre pose des ques­tions dra­maturgiques bien spé­ci­fiques. Celle des coupes, du respect de la con­struc­tion interne du livre, mais surtout de son organ­i­sa­tion intime. En l’occurrence, le roman offre une struc­ture com­plexe à appréhen­der, faite de niveaux de dis­cours dif­férents, d’une chronolo­gie peu rigoureuse, n’offrant qu’irrégulièrement des repères dans l’histoire indi­vidu­elle ou col­lec­tive aux­quels se rac­crocher.

En col­lab­o­ra­tion avec Brigitte Fer­rari, Chloé Dabert a pour­tant relevé le défi de l’adaptation. Or, cette mise en abyme (le théâtre adapte le roman qui adapte la biogra­phie) fonc­tionne moins comme une lec­ture inter­pré­ta­tive du texte que comme un hom­mage. L’auteure ne tranche pas quant aux ambiguïtés du des­tin de Nadia Comaneci, Chloé Dabert non plus. Elle accentue même la porosité des fron­tières : aucune des trois comé­di­ennes n’incarne Nadia à pro­pre­ment par­ler et toutes endossent, à tour de rôle, dif­férentes poten­tial­ités de Nadia, de la nar­ra­trice ou encore de toutes ces fil­lettes qui s’identifient à la gym­naste et aux noms desquelles, d’une cer­taine façon, le livre a été écrit. Répar­ti entre les trois comé­di­ennes, le texte est livré tel quel, dans l’ordre de lec­ture mais sans que soit resti­tuée la dif­férence entre les niveaux de parole, qui sont mis sur le même plan. 

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Chloé Dabert
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Emmanuelle Favier
Auteure de théâtre (Laissons les cicatrices), de nouvelles (Confession des genres) et de poésie (Le Point...Plus d'info
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