Lumières à l’opéra : constats et perspectives écologiques

Opéra
Réflexion

Lumières à l’opéra : constats et perspectives écologiques

Le 10 Sep 2021
Hippolyte et Aricie de Jean-Philippe Rameau, mise en scène de Jeanne Candel, Opéra Comique, 2020. Photo Stephan Brion.
Hippolyte et Aricie de Jean-Philippe Rameau, mise en scène de Jeanne Candel, Opéra Comique, 2020. Photo Stephan Brion.

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Hippolyte et Aricie de Jean-Philippe Rameau, mise en scène de Jeanne Candel, Opéra Comique, 2020. Photo Stephan Brion.
Hippolyte et Aricie de Jean-Philippe Rameau, mise en scène de Jeanne Candel, Opéra Comique, 2020. Photo Stephan Brion.
Article publié pour le numéro
Couverture du numéro 144-145 - Opéra et écologie(s)
144 – 145

L’opéra est con­sid­éré comme un art coû­teux dont la forme excède tout autre genre scénique. Réal­ité jus­ti­fiée par le nom­bre d’artistes en scène, la mobil­i­sa­tion de solistes et de chef·fes d’orchestres inter­na­tionaux, aus­si bien que par la taille des salles et des plateaux qui accueil­lent les spec­ta­cles. Art mon­u­men­tal, l’opéra se déploie sur une durée peu sou­vent égalée par le théâtre. Un opéra de Ver­di d’un peu plus de deux heures mobilise une soix­an­taine de musi­ciens et une quar­an­taine de cho­ristes, un opéra de Wag­n­er de qua­tre heures comme Par­si­fal ou Siegfried aura besoin d’un orchestre de qua­tre-vingts à qua­tre-vingt-dix musi­ciens (cent-sept à la créa­tion de Par­si­fal en 1882), tout autant de cho­ristes (cent-vingt-trois à sa créa­tion) et pas moins de vingt-trois solistes. Les mis­es en scènes dont la par­tie vis­i­ble est incar­née par les décors et les cos­tumes ne sont pas en reste. Qu’en est-il de la lumière, est-elle aus­si con­séquente et dis­pendieuse ?

De l’hypothèse à la réalité

La lumière d’un spec­ta­cle d’opéra n’échappe pas à la règle de toute forme scénique, elle est rel­a­tive aux ori­en­ta­tions esthé­tiques de la pro­duc­tion. Néan­moins, deux fac­teurs par­ti­c­uliers entrent en ligne de compte. D’une part, la néces­sité d’une bonne vis­i­bil­ité entre les chanteurs et le·la chef·fe d’orchestre qui impose un éclairage proche du plein feu et, d’autre part, la taille de la salle et du plateau. Cette dernière donne rejoint la ques­tion de la vis­i­bil­ité pour le pub­lic qui peut être éloigné de trente à quar­ante mètres du plateau comme à l’Opéra Bastille dont la salle peut accueil­lir 2700 per­son­nes. La quan­tité et l’intensité de la lumière doivent garan­tir une bonne per­cep­tion de la scène au spec­ta­teur le plus éloigné. Quant au plateau, sa taille est à pren­dre en compte : celui de Bastille con­stitue une super­fi­cie de 750 m², le plateau de la Salle Favart de l’Opéra Comique est de 210 m². Le tout ramené à la durée d’une représen­ta­tion, la ques­tion de la con­som­ma­tion élec­trique d’un spec­ta­cle d’opéra se pose.

Notons d’abord qu’actuellement, en 2021, le bilan car­bone de l’éclairage scénique est dif­fi­cile à éval­uer sci­en­tifique­ment1 car il n’est pas imposé. Le cal­cul du bilan car­bone, ou émis­sion de gaz à effet de serre, ne se fait pas unique­ment sur la base des kilo­watts-heures (kWh : dépense énergé­tique en kilo­watts ramenée à l’heure), mais devrait inclure les dépens­es occa­sion­nées par la fab­ri­ca­tion des pro­jecteurs, ce que ne ren­seignent pas les fab­ri­cants. En out­re, la fac­ture énergé­tique d’un éclairage scénique d’opéra pour­rait être nuancée en ramenant son bilan car­bone au spec­ta­teur à l’image de la SNCF qui rap­porte le cal­cul du bilan car­bone d’un tra­jet par voyageur.

Quoiqu’il en soit, la réal­ité s’avère nuancée par rap­port à l’imaginaire du coût énergé­tique d’un plan feux d’opéra, ce que démon­trent des exem­ples con­crets. Ain­si, la fiche tech­nique de la créa­tion d’Atys, opéra de Lul­ly dirigé par William Christie et mis en scène par Jean-Marie Vil­légi­er en 2011 Salle Favart, fait état de 151 pro­jecteurs tra­di­tion­nels de divers types dont la puis­sance totale s’élève à 195 kWh. Le créa­teur lumière Patrick Méeüs, qui tra­vaille depuis les années 1980 pour des créa­tions à l’international, avait util­isé un matériel d’éclairage courant dans les théâtres (PC, bass­es ten­sions, découpes, etc.), équipé de lam­pes halogènes et de lam­pes à décharge. En admet­tant théorique­ment et de manière quelque peu sim­pliste que les 151 sources taxées d’être éner­gi­vore soient allumées en plein feux durant la représen­ta­tion, la con­som­ma­tion élec­trique cor­re­spondrait à 195 kWh soit l’équivalent de 16,4 ampoules à basse con­som­ma­tion durant un an (sur la base d’une ampoule domes­tique économique d’une puis­sance de 12 W qui con­somme 12 kWh par an en usage moyen). 

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Véronique Perruchon
Véronique Perruchon est docteur en études théâtrales et auteur d’une thèse intitulée L’ŒUVRE théâtrale d’André...Plus d'info
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