C’est un paradoxe : le Goethe-Institut – présent dans 158 pays – semble connu de tous, et pourtant bon nombre d’entre nous ignorent l’étendue de ses activités… Car au-delà des cours de langue, ces instituts nés au lendemain de la Seconde Guerre mondiale sont une aide précieuse à la création. Bozar (le Palais des Beaux-Arts de Bruxelles) est pour sa part une institution belge tournée vers de multiples horizons et cultures. Rencontre avec Elke Kaschl Mohni, directrice du Goethe-Institut Brüssel, Maud Qamar, coordinatrice du projet culturel Halaqat du Goethe-Institut de Bruxelles, et Tomas Van Respaille, conseiller institutionnel à Bozar, également partenaire de Halaqat.
Seize instituts Goethe sont présents dans le monde arabe. Au-delà de l’enseignement de la langue allemande, quelles sont leurs missions ? Sont-ce les mêmes qu’en Europe ?
EKM Les 158 instituts Goethe ont la même mission dans tous les pays, y compris dans des contextes fragiles tels que ceux de la Syrie où nous avons été physiquement présents très longtemps, en nous adaptant toujours au contexte et à la scène locale. De manière générale, il s’agit de mettre en place des programmations culturelles spécifiques avec des partenaires locaux en fonction de leurs intérêts. Il s’agit de coproduction et de co-création, nous ne sommes pas des « donneurs d’argent ». Parallèlement à ces projets locaux, nous mettons aussi en place des projets multilatéraux à Bruxelles. Nous sommes au cœur de l’Europe, à quelques pas du Parlement européen et c’est important pour nous de situer nos missions dans un contexte global. Notamment en mettant en place des programmations qui repensent les catégories géopolitiques et qui soutiennent les liens à travers la Méditerranée.
Quels sont les types de manifestations dans le monde arabe soutenues par le Goethe-Institut les plus importantes selon vous ?
EKM Nous couvrons toutes les disciplines, mais la programmation cinématographique est très forte. On a vu à Tunis, par exemple, que c’est un moyen excellent de traiter les sujets et d’ouvrir la discussion grâce notamment au projet CINÉMA AU FÉMININ. La performance également. Nous avons un grand projet ces deux dernières années, sur la danse et les questions du corps, géré par Le Caire et Tunis, Un/Controlled Gestures. D’autre part, depuis la pandémie, il est extrêmement important de soutenir les infrastructures culturelles dans les pays où elles ne sont pas dotées d’un soutien public, afin que les institutions, les organisations et les artistes puissent continuer à travailler. Le fonds Internationaler Hilfsfonds für strukturelle Unterstützung a été mis en place à cet effet au début de la pandémie et continue de les accompagner. Il offre aussi des formations en management culturel pour renforcer la capacité des artistes de vivre de leur art. Ce sont des trainings, dispensés par des experts locaux en dialogue avec des partenaires internationaux, en vue de soutenir le réseau et établir des contacts, par exemple. Là encore, et c’est fondamental, il s’agit d’une coopération.
Maud, le projet Halaqat (qui en arabe signifie « liens et cercles multiples ») se tient quant à lui à Bruxelles et a pour objet d’explorer et de favoriser les liens artistiques entre l’Europe et le monde arabe. De quoi s’agit-t-il concrètement ?