La marionnette ? De l’humanité dans l’espace public

Entretien
Art de rue
Théâtre

La marionnette ? De l’humanité dans l’espace public

Entretien avec Alain Moreau 
et My-Linh Buy (Tof Théâtre)

Le 16 Fév 2023
Les Zakouskis Érotiks, mise en scène d’Alain Moreau/TOF Théâtre, création 2002 à Bruxelles. Photo TOF Théâtre.
Les Zakouskis Érotiks, mise en scène d’Alain Moreau/TOF Théâtre, création 2002 à Bruxelles. Photo TOF Théâtre.

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Les Zakouskis Érotiks, mise en scène d’Alain Moreau/TOF Théâtre, création 2002 à Bruxelles. Photo TOF Théâtre.
Les Zakouskis Érotiks, mise en scène d’Alain Moreau/TOF Théâtre, création 2002 à Bruxelles. Photo TOF Théâtre.
Article publié pour le numéro
Couverture du numéro 148 - Arts vivants. Cirque marionnette espace public - Alternatives Théâtrales
148

Il y a tou­jours eu des spec­ta­cles de mar­i­on­nettes dans l’espace pub­lic, mais leur fonc­tion dans la société et leurs objec­tifs se sont trans­for­més vers la fin du xxe siè­cle. Au Tof Théâtre, les représen­ta­tions hors salle sem­blent vous tenir à cœur autant comme créa­teurs que comme pro­gram­ma­teurs.

My-Linh Buy Nous avons organ­isé un col­loque inti­t­ulé « Mar­i­on­nettes et arts asso­ciés en espace pub­lic », à Genappe, en novem­bre 2021. En tant que pro­gram­ma­teurs, nous nous sommes ren­du compte avec des col­lègues que nous avions du mal à trou­ver des formes inno­vantes de mar­i­on­nette dans cet espace. Alors que la mar­i­on­nette est née dans la rue, elle n’a pas suivi le même développe­ment que les arts de la mar­i­on­nette en salle qui ont béné­fi­cié de créa­tiv­ité, de dynamisme, et de beau­coup d’hybridations. Ce col­loque avait pour but de sus­citer l’envie de créer de nou­velles formes, de faire se ren­con­tr­er les artistes et d’initier des col­lab­o­ra­tions. Il s’agissait aus­si de réfléchir aux enjeux de la créa­tion en espace pub­lic.

Djarama, workshop fabrication et manipulation de marionnettes par Alain Moreau/TOF Théâtre, pour l’association Djarama, Toubab Dialaw (Sénégal), 2022. Photo TOF Théâtre.
Djara­ma, work­shop fab­ri­ca­tion et manip­u­la­tion de mar­i­on­nettes par Alain Moreau/TOF Théâtre, pour l’association Djara­ma, Toubab Dialaw (Séné­gal), 2022. Pho­to TOF Théâtre.

Alain More­au Pourquoi joue-t-on dans la rue ? Si on n’y retrou­ve pas la même recherche formelle, c’est peut-être parce que cer­tains y vont par pis-aller : une manière de faire son méti­er, alors que c’est de plus en plus dif­fi­cile d’être engagé dans une com­pag­nie puis pro­gram­mé dans des théâtres.

Est-ce que l’espace pub­lic est for­cé­ment la rue ? Il y a bien d’autres lieux à inve­stir pour des artistes, hors théâtre.

MLB Pen­dant le col­loque, Pas­cal Le Brun-Cordier a défi­ni la notion d’espace pub­lic comme un espace du quo­ti­di­en. Ça peut être un espace privé, ouvert au pub­lic, pas néces­saire­ment la rue. Ça peut être aus­si la nature. Par exem­ple, le Tof Théâtre a créé un spec­ta­cle pour un fes­ti­val au Por­tu­gal qui a la spé­ci­ficité de pro­gram­mer dans les espaces naturels. Il a ain­si joué Soleil couchant sur une plage du sud du Por­tu­gal1 ; ou d’autres spec­ta­cles dans des maisons de retraite avec des mar­i­on­nettes de taille humaine, ou dans des mag­a­sins sous forme d’entre-sort. 

Alain, qu’est-ce qui a motivé votre choix de l’espace pub­lic pour cer­taines de vos créa­tions ?

AM C’est tou­jours en fonc­tion de ce que j’ai envie de racon­ter. À par­tir du moment où je décide de traiter un sujet, je cherche la manière de l’aborder et là où c’est le mieux de le faire. Je ne me mets pas de bar­rière en pen­sant qu’il faut for­cé­ment que ce soit dans une salle ou dans la rue. Ce n’est pas le lieu qui est au départ d’une créa­tion, c’est l’idée, la forme qu’elle va pren­dre. Ensuite, il s’agit d’aller au plus près du pub­lic auquel on a envie de s’adresser.

Par exem­ple, le spec­ta­cle J’y pense et puis… a été créé au plus fort de la crise migra­toire, au moment où tous les médias nous abreuvaient d’images de migrants per­dus en mer sur des rafiots de for­tune, ou noyés. En tant qu’humain, j’ai eu envie de par­ler de ça. Je ne pou­vais plus vivre sans faire ma part. Ma manière d’agir, c’est par le théâtre, j’ai donc imag­iné de faire un spec­ta­cle autour de ce sujet et de ne pas le mon­tr­er à un pub­lic habitué au théâtre, mais d’aller dans la rue avec un camion de démé­nage­ment pour y faire entr­er les spec­ta­teurs. Je voulais par­ler des grands démé­nage­ments dans tous les sens du terme. Par une courte mise en scène qui se pas­sait d’abord à l’extérieur, on don­nait l’envie au pub­lic de pénétr­er à l’intérieur. On fai­sait ren­tr­er trente-cinq spec­ta­teurs à la fois.

Com­ment a réa­gi ce pub­lic ?

AM Le spec­ta­cle était prévu pour tous publics, mais on a fait beau­coup de sco­laires. À l’issue de la représen­ta­tion, les comé­di­ennes pre­naient un temps pour un bord de scène assez informel qui per­me­t­tait de recevoir la parole des élèves. J’ai remar­qué en y assis­tant que cer­tains d’entre eux étaient déjà bien for­matés par ce qu’ils entendaient à la mai­son : « On ne peut pas accueil­lir tout le monde », « Pourquoi ils ne restent pas chez eux ? ». On touchait quelque chose, c’était intéres­sant parce que, grâce au théâtre, il y avait du débat en direct dans ce camion. 

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Évelyne Lecucq
Évelyne Lecucq est journaliste et dirige Mû, publication consacrée à l’art de la marionnette.Plus d'info
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