Le cabaret, lieu de conciliation et de consolation

Entretien
Cabaret

Le cabaret, lieu de conciliation et de consolation

Entretien avec Pierre Maillet

Le 1 Nov 2023
Pierre Maillet dans One night with Holly Woodlawn, création de Pierre Maillet aux Plateaux sauvages, 2018. Photo Bruno Geslin.
Pierre Maillet dans One night with Holly Woodlawn, création de Pierre Maillet aux Plateaux sauvages, 2018. Photo Bruno Geslin.

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Pierre Maillet dans One night with Holly Woodlawn, création de Pierre Maillet aux Plateaux sauvages, 2018. Photo Bruno Geslin.
Pierre Maillet dans One night with Holly Woodlawn, création de Pierre Maillet aux Plateaux sauvages, 2018. Photo Bruno Geslin.
Article publié pour le numéro
Couverture du numéro 143 Cabaret - Althernatives Théâtrales
150 – 151

Entre­tien avec Pierre Mail­let

Après plusieurs créa­tions autour de la Fac­to­ry d’Andy Warhol, tu as mon­té en 2018 un cabaret, One Night with Hol­ly Wood­lawn, l’une de ses égéries. En tant qu’homme de théâtre, en quoi cette forme a mod­i­fié ton appréhen­sion du plateau ?

J’évoquerai en pre­mier lieu le pro­jet sur Pierre Molin­ier, Mes jambes si vous saviez, quelle fumée, créé en 2004, car il y a un avant et un après ce spec­ta­cle. J’y ai fait l’apprentissage d’une adresse au pub­lic, directe, très sin­gulière pour moi, d’autant que Molin­ier maîtri­sait une vraie dra­maturgie de la con­ver­sa­tion. Avec Bruno Ges­lin, nous avons établi le texte à par­tir d’enregistrements d’entretiens informels qu’il avait don­nés, et je dois dire que, depuis vingt ans que Molin­ier m’habite, je fais l’expérience de sa capac­ité de sym­pa­thie et de sa mal­ice à dos­er ce qu’il livre. J’aime de plus en plus me fon­dre dans les cir­con­vo­lu­tions de sa pen­sée, sa manière de com­pos­er ses phras­es, de tou­ss­er, de rire. Plus je reprends ce spec­ta­cle, plus cette sen­sa­tion unique de jeu au présent prend le dessus sur la dimen­sion esthé­tique.
Pour ce qui est de One Night with Hol­ly Wood­lawn, c’est un cabaret qui repose sur un texte, mais avec des pans d’improvisation. L’absence de qua­trième mur donne l’impression de se jeter dans une arène, cela place l’interprète dans une réelle fragilité. La mise à nu est ampli­fiée, car on y incar­ne plus une fig­ure qu’un per­son­nage de fac­ture clas­sique. Ce n’est pas le même fil­tre.

Tu es recon­nu pour ton jeu très spon­tané. Mes jambes si vous saviez… se clôt sur la voix off de Molin­ier : enten­dre son accent, son rire, opère un boule­verse­ment dans l’écoute d’un pub­lic qui ne te con­naî­trait pas et qui saisit alors ton tra­vail de com­po­si­tion. Tu ouvres, presque à l’inverse, Hol­ly par ta trans­for­ma­tion en live.

J’aime que le pub­lic puisse penser que je ne réalise pas un tra­vail d’acteur à pro­pre­ment par­ler. Bruno Ges­lin m’a pro­posé ce pro­jet sur Molin­ier sur une intu­ition, ma ressem­blance physique avec lui, nos orig­ines du Sud, notre prénom com­mun jusqu’à nos ini­tiales, P. M. Je dirais qu’Hol­ly m’a poussé à met­tre plus d’intime au plateau. J’ai décou­vert que nous étions par­tis de chez nous au même âge ; il est devenu femme en cours de route, moi acteur. Nous nous rejoignons sur ce rap­port à la trans­for­ma­tion. Je voulais en effet une ouver­ture sans rideau ni entrée en scène. J’accueille le pub­lic avec un verre, puis m’installe à ma coif­feuse ; je suis Pierre Mail­let acteur, mais déjà vers Hol­ly dans le trav­es­tisse­ment. J’aime ces frot­te­ments. Plus tard, moi Pierre Mail­let, je réap­pa­rais. Faire dans mon jeu écho à ma vie per­son­nelle est très fort. Je passe d’Hol­ly à ma sœur, décédée très jeune, qui m’emmenait quand j’avais une dizaine d’années voir son copain dans des spec­ta­cles trans­formistes. C’était loin du Palace ! Je garde une ten­dresse par­ti­c­ulière pour ces lieux jouis­sifs et généreux. Hol­ly rend hom­mage à ces types de cabarets avec lesquels j’ai gran­di. J’étais admi­ratif de ce qu’osaient ces drag- queens de l’époque dans une petite ville comme Nar­bonne ; je sen­tais l’importance de cet endroit pour eux. D’où mon choix d’un cabaret, qui peut pass­er des théâtres à des lieux alter­nat­ifs dans des soirées club­bing.

Tu as décidé de repren­dre tous les dix ans le Molin­ier, et tu avais déjà inter­prété Hol­ly dans Lit­tle Joe : New York 68 et Hol­ly­wood 72, une adap­ta­tion des films de Paul Mor­ris­sey tournés à la Fac­to­ry. Tu entre­tiens de longues rela­tions avec ces per­son­nal­ités.

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Chantal Hurault
Docteure en études théâtrales, Chantal Hurault a publié un livre d’entretiens avec Dominique Bruguière, Penser...Plus d'info
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