Le Théâtre de la comédie

Le Théâtre de la comédie

Le 24 Fév 1986
Alceste d’Euripide Mise en scène : Michel Kullmann Photo Daniel Vittet
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Alceste d’Euripide Mise en scène : Michel Kullmann Photo Daniel Vittet
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Le théâtre en Suisse Romande-Couverture du Numéro 25 d'Alternatives ThéâtralesLe théâtre en Suisse Romande-Couverture du Numéro 25 d'Alternatives Théâtrales
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Le Théâtre de la comédie de Genève a été créé en 1913 par Ernest Fournier qui s’est effor­cé pen­dant vingt-cinq ans de défendre et d’il­lus­tr­er un réper­toire mis à l’hon­neur par Copeau. Longtemps il l’a fait sans sub­ven­tions publiques et, lorsque celles-ci ont fini par venir, elles furent extrême­ment mod­estes.
Pour réus­sir à équili­br­er son bud­get, Fournier a été obligé de présen­ter aus­si des pièces dites « de boule­vard » et de tra­vailler à un rythme ter­ri­ble : un nou­veau spec­ta­cle chaque semaine et un clas­sique par mois.
Après Ernest Fournier, ses suc­cesseurs (Mau­rice Jacquelin : jusqu’à la fin des années 50, puis André Talmès) ont don­né une plus grande place au « boule­vard » parisien et ont accueil­li généreuse­ment les tournées Her­bert et Karsen­ty. Il faut not­er pour­tant que c’est à la Comédie qu’un jeune Ital­ien incon­nu exilé en Suisse, Gior­gio Strehler, a mon­té en 1945 son pre­mier spec­ta­cle, Meurtre dans la cathé­drale, d’E­liot. Par la suite, Richard Vachoux, directeur jusqu’en juin 1982, a eu le courage de se libér­er de l’emprise des galas parisiens, mais sa tâche en a été ren­due sin­gulière­ment dif­fi­cile.

Lorsqu’il a repris la direc­tion de la Comédie, répon­dant à l’ap­pel qui lui avait été adressé, Ben­no Besson — col­lab­o­ra­teur pen­dant de nom­breuses années du Berlin­er Ensem­ble et du Deutsches The­ater, puis directeur de la Volks­bühne, met­teur en scène à la répu­ta­tion inter­na­tionale — s’est trou­vé devant l’énorme tâche de mobilis­er un large pub­lic autour d’un pro­jet ambitieux : faire un théâtre acces­si­ble à tous mais répon­dant à des critères de qual­ité rigoureux. Sous son impul­sion, la Comédie a pris en trois ans un essor con­sid­érable, tant en Suisse qu’en dehors des fron­tières.

Quelques ques­tions à Emmanuel de Véri­court, col­lab­o­ra­teur de Ben­no Besson à la Comédie de Genève, ancien directeur délégué du Théâtre nation­al de l’Est parisien

Yvette Z’Graggen : Com­ment situez-vous la Comédie dans la vie théâ­trale genevoise ?

Benno Besson. Photo Beata Bergström
Ben­no Besson. Pho­to Bea­ta Bergström

Emmanuel de Véri­court : A Genève, il existe qua­tre insti­tu­tions théâ­trales. La pre­mière c’est le Grand-Théâtre, c’est-à-dire l’Opéra. Ensuite vien­nent la Comédie et le Théâtre de poche qui sont sous le con­trôle de la Fon­da­tion d’art dra­ma­tique de la Ville de Genève. La qua­trième insti­tu­tion, qui n’est pas à pro­pre­ment par­ler en ville mais dans l’ag­gloméra­tion genevoise, c’est le Théâtre de Carouge. Pour une ville qui compte grosso modo, avec la périphérie, 300.000 habi­tants, c’est énorme, si l’on com­pare avec ce qui existe dans des villes equiv­a­lentes de l’ensem­ble des pays européens avoisi­nants. La Comédie de Genève est le plus impor­tant de ces théâtres insti­tu­tion­nels après le Grand-Théâtre (Opéra). Sa sub­ven­tion est de l’or­dre de FS 2.500.000 (c’é­tait en tout cas celle de la sai­son 1984/1985). Quant à son bud­get, il fluctue en fonc­tion des copro­duc­tions et des tournées qui peu­vent se réalis­er chaque sai­son, mais il est rarement en-dessous de 5 mil­lions de francs, ce qui, par rap­port à la sub­ven­tion, représente une part de recettes de 50%.
Au regard de sa sub­ven­tion, la Comédie de Genève est un théâtre plutôt mod­este en com­para­i­son des théâtres en France, en Alle­magne et en Ital­ie — je ne par­le pas de la Bel­gique ou des sub­ven­tions de ce type sont rel­a­tive­ment rares. C’est un théâtre mod­este aus­si dans le sens que son per­son­nel est très peu nom­breux, puisqu’il n’y a que 18 à 20 per­ma­nents. Grâce à cette struc­ture, la plus grande par­tie du bud­get peut être con­sacrée à l’artis­tique, c’est-à-dire à la créa­tion de spec­ta­cles, l’en­gage­ment de comé­di­ens, met­teurs en scène, musi­ciens, déco­ra­teurs, etc.

Il n’y a pas de troupe à la Comédie de Genève. Cela cor­re­spond à la fois à une habi­tude de ce théâtre et à la volon­té de Ben­no Besson quand il en a pris la direc­tion : venant de théâtres dans lesquels il trou­vait des troupes per­ma­nentes, il a eu envie de pou­voir con­stituer ici, à l’oc­ca­sion de chaque spec­ta­cle, des équipes artis­tiques indépen­dantes. D’ailleurs, une troupe ne peut exis­ter dans un théâtre que s’il y a un nom­bre rel­a­tive­ment impor­tant de comé­di­ens, ce qui serait exclu a la Comédie de Genève puisque ses moyens ne lui per­me­t­traient pas d’avoir les 20 à 30 comé­di­ens per­ma­nents néces­saires à la créa­tion de qua­tre à cinq spec­ta­cles par sai­son et à l’ex­ploita­tion de ceux-ci en tournée. Cette sai­son 1985/1986, nous aurons même six créa­tions à la Comédie de Genève grâce à nos béné­fices antérieurs et au con­cours de copro­duc­tions avec d’autres étab­lisse­ments suiss­es ou étrangers.

Y.Z’G.: Cette ouver­ture sur l’ex­térieur n’est-elle pas un élé­ment nou­veau dans l’his­toire du Théâtre de la comédie ?

La Cerisaie de Tchekov Mise en scène : Manfred karge et Matthias Langhoff Photo Jesus Moreno
La Ceri­saie de Tchekov Mise en scène : Man­fred karge et Matthias Lang­hoff Pho­to Jesus Moreno

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