Paysage actuel dela danse à Montréal

Paysage actuel dela danse à Montréal

Le 4 Sep 1986
Joe, chorégraphie de Jean-Pierre Perreault (1983)
Joe, chorégraphie de Jean-Pierre Perreault (1983)

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Joe, chorégraphie de Jean-Pierre Perreault (1983)
Joe, chorégraphie de Jean-Pierre Perreault (1983)
Article publié pour le numéro
Canada Quebec 86 repères-Couverture du Numéro 26 d'Alternatives ThéâtralesCanada Quebec 86 repères-Couverture du Numéro 26 d'Alternatives Théâtrales
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Etre danseur, être choré­graphe à Mon­tréal en 1986 est un état priv­ilégié. Non pas que l’art y ait atteint sa pleine matu­rité, non pas qu’il reçoive tout le sou­tien, toute la recon­nais­sance publique qu’il serait en droit de réclamer, mais un esprit règne, un esprit de créa­tion qui donne à croire que tout est à venir. Les artistes de la danse ne seront pas blasés avant longtemps : la foi les ani­me. 

Le pub­lic de la danse s’est con­sid­érable­ment élar­gi, depuis quelques années. Il s’est gon­flé des prati­ciens des autres arts, soudaine­ment con­scients des lim­ites de leur expres­siv­ité physique, soudaine­ment curieux de voir les moyens mis en œuvre par les danseurs pour com­mu­ni­quer avec les spec­ta­teurs. Et parce que ces artistes ont nour­ri leur pra­tique à fréquenter le milieu de la danse, une par­tie de leurs publics respec­tifs s’est ouverte elle aus­si à la danse. Nous sommes à l’ère du décloi­son­nement des gen­res, ici comme ailleurs : les artistes visuels engagés dans la per­for­mance cherchent à épur­er leur présence physique (Louise Mer­cille, Louis-Marie Caron). Suzanne Jacob, écrivaine et artiste de scène, est par­tie à la recherche du corps fic­tif de la chanteuse. Cer­tains musi­ciens ne se con­tentent plus du mou­ve­ment fonc­tion­nel qui leur fait émet­tre des sons à tra­vers leurs instru­ments (Jean Derome et Cather­ine Dostaler, de l’Ensem­ble de musique impro­visée de Mon­tréal, et, dans un tout autre reg­istre, Anony­mus, un groupe de musique médié­vale). Alors même que s’im­pose une nou­velle race de jeunes auteurs de théâtre, les acteurs et les met­teurs en scène cherchent à sig­ni­fi­er par le corps autant que par la parole. Mon­tréal est présen­te­ment un cen­tre impor­tant d’en­seigne­ment et de dif­fu­sion du mime cor­porel d’E­ti­enne Decroux. Jean Asselin et Denise Boulanger, fort tech­ni­ciens et créa­teurs authen­tiques, influ­en­cent, par leur enseigne­ment et leur aven­ture théâ­trale au sein de la com­pag­nie Omnibus, toute une généra­tion de jeunes artistes qui s’adonnent à des formes hybrides. Gilles Maheu, et son groupe Car­bone 14, de la même façon.
Bref, le corps est à la mode. Et en même temps, les danseurs tra­vail­lent leur voix, écrivent, impro­visent et s’in­téressent aux tech­nolo­gies nou­velles. Cette atten­tion au corps dou­blée d’un effort d’in­té­gra­tion de tous les sys­tèmes de signes.de la représen­ta­tion est Symp­to­ma­tique d’un fait de civil­i­sa­tion, du désir de remet­tre ensem­ble ce qui avait été jusque là séparé, sur la scène et dans la vie. Le théâtre était le fief de l’e­sprit, par le verbe, la prépondérance du texte, et la danse, le fief du corps, Mais un corps for­cé dans un moule angélique. Les artistes de toutes les dis­ci­plines se veu­lent main­tenant des corps pen­sants et des esprits en mou­ve­ment.
Ce vent souf­fle très fort, à Mon­tréal. L’ab­sence d’une forte tra­di­tion académique et la rel­a­tive petitesse du milieu font que tous en subis­sent l’in­flu­ence, que les inter­prètes cir­cu­lent des Com­pag­nies clas­siques aux groupes de danse mod­erne et post-mod­erne, qu’ils ont tous, pra­tique­ment, fréquen­té les mêmes pro­fesseurs et dan­sé pour les mêmes Choré­graphes, donc, dû s’adapter Pour répon­dre aux désirs des créa­teurs et les nour­rir. 

Take five, chorégraphie de Jo Lechay
Take five, choré­gra­phie de Jo Lechay

Paysage actuel 

Deux com­pag­nies qui ont vu le jour à la fin des années soix­ante sont la source de tout ce qui a dan­sé jusqu’à il y a quelques années : le Groupe de la Place Royale et Nou­velle Aire. Le Groupe de la Place Royale a été fondé en 1966 par Peter Bone­ham et Jeanne Renaud. Lorsqu’elle s’est retirée en 1972, Jean-Pierre Per­reault, un danseur for­mé à l’école du Groupe, l’a rem­placée à la co-direc­tion artis­tique. Le Groupe a démé­nagé ses pénates à Ottawa en 1977. Le tra­vail a été par­ti­c­ulière­ment axé sur la mul­ti­dis­ci­pli­nar­ité. Le Groupe de la Place Royale existe tou­jours, tou­jours dirigé par Bone­ham. Per­reault est de retour à Mon­tréal et exerce une forte influ­ence sur la plus jeune généra­tion. Une mérid­ionale pro­fesseure d’é­d­u­ca­tion physique et spé­cial­iste de la ryth­mique Dal­croze a aus­si con­tribué à mod­el­er les créa­teurs des années qua­tre-vingt. Mar­tine Epoque a fondé la com­pag­nie Nou­velle Aire en 1968. Elle l’a dis­soute en 1980. Tous les danseurs mod­ernes et les choré­graphes de trente ans ont fait leurs class­es à Nou­velle Aire. Il y rég­nait un esprit de recherche, d’ou­ver­ture unique. Le dynamisme de l’animatrice se reflé­tait dans les spec­ta­cles en salle. Le for­mal­isme abstrait du début a cédé à la longue devant le désir de théâ­tral­i­sa­tion des plus jeunes. Mar­tine Epoque enseigne présen­te­ment au départe­ment de danse de l’Université du Québec à Mon­tréal (U.Q.A.M.) et pour­suit ses activ­ités choré­graphiques à l’intérieur de l’in­sti­tu­tion.
Après l’éclatement de Nou­velle Aire, ceux qui voulaient pour­suiv­re leur tra­vail en danse ont dû s’inventer des moyens, des lieux, des struc­tures et com­mencer à s’or­gan­is­er. Par­mi eux, Edouard Lock, Louis Guillemette, Louise Bédard, Manon Lev­ac, Louise Lecav­a­lier, Ginette Lau­rin, Paul-André Forti­er, Daniel Soulières, Daniel Léveil­lé. Ils se sont regroupés par affinités naturelles. Une Améri­caine fraîche­ment débar­quée, Dena Davi­da, a pris en charge les séries Qui danse ? au Musée des Beaux-Arts : Marie Chouinard, Margie Gillis, Edouard Lock y ont trou­vé leur pre­mier pub­lic. La même Dena Davi­da a fondé Tan­gente, avec quelques anciens de Nou­velle Aire, un lieu de dif­fu­sion très dynamique de la danse actuelle. Mal­gré plusieurs démé­nage­ments et la fer­me­ture récente de l’espace pour non-con­for­mité aux règle­ments du Ser­vice des incendies de la ville de Mon­tréal, Tan­gente per­dure. Tout le monde s’y est pro­duit un jour ou l’autre puisqu’elle a été la seule struc­ture d’accueil, le seul lieu con­sacré exclu­sive­ment à la danse actuelle. Tout en pour­suiv­ant sa pro­pre démarche artis­tique, Dena Davi­da est à la tête, avec Bar­bara Scales, d’un autre organ­isme, Dan­séchange, voué à l’organisation et à la pro­duc­tion d’échanges entre artistes mon­tréalais et étrangers. Il y a eu déjà des dan­séchanges avec New-York et Paris, on prévoit un Mon­tréal-Berlin pour la sai­son prochaine, et des dan­séchanges avec Toron­to et Van­cou­ver. Le Musée d’art con­tem­po­rain a pris la relève du Musée des Beaux-Arts : le ser­vice d’an­i­ma­tion pro­duit régulière­ment de courts spec­ta­cles le dimanche après-midi, et la respon­s­able de la sélec­tion, Suzanne Lemire, a jusqu’i­ci fait preuve de beau­coup de per­spi­cac­ité. En avril et mai 1986 on a pu y voir Marie Chouinard, Myr­i­am Mouthil­let et Julie West, en juin, Le Pool, un groupe de mime théâ­tral.
Il faut soulign­er égale­ment le tra­vail dis­cret et patient de Françoise Gra­ham, for­mée à la tech­nique de sa célèbre homonyme, qui donne des cours et ani­me des ate­liers de créa­tion depuis des années. Elle a mis sur pied un organ­isme, Bez­bodé, voué entre autres à la présen­ta­tion de spec­ta­cles titrés Por­tique, conçus par de très jeunes créa­teurs, qui en sont par­fois à leurs pre­miers pas, encadrés par des artistes d’ex­péri­ence. Por­tique V a eu lieu en juil­let. D’autres danseurs, Monique Gia­rd, Daniel Soulières, Louise Bédard, Ginette Lau­rin entre autres, rejoints ou rem­placés par des plus jeunes, ont exploré l’im­pro­vi­sa­tion dans les cadre des Evéne­ments de la Pleine Lune, et présen­té des spec­ta­cles où ils se font en alter­nance inter­prètes et choré­graphes. Ils en sont à leur troisième Most Mod­ern, nom adop­té comme un clin d’œil aux cri­tiques poseurs d’é­ti­quettes. D’autres Améri­cains se sont tail­lés des répu­ta­tions de péd­a­gogues et se parta­gent la clien­tèle des aspi­rants danseurs et des pro­fes­sion­nels : Lin­da Rabin et Jo Lechay en tèch­nique mod­erne, Andrew Har­wood en con­tact-impro­vi­sa­tion. Rabin choré­gra­phie pour les Grands Bal­lets de temps à autre, Jo Lechay mène sa pro­pre com­pag­nie et Andrew Har­wood danse en duo avec James Saya. En 1986, trois com­pag­nies de danse actuelle reti­en­nent l’at­ten­tion du pub­lic mon­tréalais et font exten­sive­ment de la tournée au Cana­da anglais et à l’ex­térieur du pays : Lalala Human Steps, com­posée d’artistes rassem­blés autour d’E­douard Lock, Forti­er Danse-Créa­tion, dirigée par Paul-André Forti­er, et OVer­ti­go, la plus jeune des trois, fondée par Ginette Lau­rin. Deux danseuses solo ont réus­si à s’im­pos­er à l’é­tranger : Margie Gillis et Marie Chouinard. Jean-Pierre Pereault, quant à lui, a conçu des événe­ments choré­graphiques de masse dif­fi­cile­ment exporta­bles mais qui ont forte­ment mar­qué le pub­lic et les créa­teurs. James Kudel­ka rehausse le pres­tige des Grands Bal­lets et pour­suit une œuvre forte, néces­saire, ici et dans des com­pag­nies de bal­let améri­caines. 

Qu'est-ce qui est blanc et noir et qui fume ?chorégraphie de Catherine Tardif Photo Robert Etcheverry
Qu’est-ce qui est blanc et noir et qui fume ?choré­gra­phie de Cather­ine Tardif Pho­to Robert Etchev­er­ry

Le ray­on­nement de ces quelques per­son­nes a attiré à Mon­tréal des inter­prètes à la tech­nique solide de partout au Cana­da. Des choré­graphes angio­phones sont venus s’y fix­er. Autour de ces fig­ures, gravi­tent quelques petites com­pag­nies et un grand nom­bre d’artistes indépen­dants, dont Julie West, et une nou­velle généra­tion issue des pro­grammes de danse de l’‘U.Q.A.M. (Cather­ine Tardif, Annie Dréau, Hélène Blacburn, Danielle Desnoy­ers) et de l’Université Con­cor­dia (Pierre-Paul Savoie, Jeff Hall, Lisa McLel­lan). La com­mu­nauté de la danse à Mon­tréal fait face présen­te­ment à un prob­lème de lieu de dif­fu­sion. Il n’y a aucune salle de grandeur moyenne con­sacrée exclu­sive­ment à la danse, et il faut chaque fois par­tir en chas­se et s’accomoder de salles mal équipées, trop grandes, trop petites, mal situées, trop chères. Les artistes, les pro­fesseurs et les admin­is­tra­teurs se sont asso­ciés en 1985 pour for­mer le Regroupe­ment des pro­fes­sion­nels de la danse du Québec : un organ­isme voué à la défense des intérêts de ses mem­bres. Le dossier salle de spec­ta­cle est l’une des pri­or­ités du Regroupe­ment. 

De quelques noms impor­tants 

Margie Gillis 

Marie Chouinard
Photo Germain Anger
Marie Chouinard Pho­to Ger­main Anger

Margie Gillis a l’é­trange voca­tion d’être une danseuse pop­u­laire, pop­u­laire comme peut l’être une chanteuse qui s’adresse à la sen­si­bil­ité du grand nom­bre. Elle sus­cite un engoue­ment immé­di­at et total partout où elle passe. Elle donne des réc­i­tals solo où elle danse des pièces de sa com­po­si­tion, choré­graphiées pour elle (par James Kudel­ka, Paul-André Forti­er entre autres) ou acquis­es du réper­toire Margie Gillis, dans Third worid dream étranger (le Noc­turne de Martha Clarke, par exem­ple). Son oeu­vre pro­pre con­siste surtout en de cour­tes vignettes, non nar­ra­tives et chargées d’un fort con­tenu émo­tif, sur des chan­sons, de la musique qu’elle affec­tionne et le pub­lic avec elle : Tom Waits, Leonard Cohen, Talk­ing Heads, Mar­i­anne Faith­full, de la harpe cel­tique, les canons de Pachel­bel. Son corps ath­lé­tique s’est plié à toutes les tech­niques, et elle a un con­trôle dynamique par­ti­c­ulière­ment sub­til, comme si elle se déplaçait dans l’air sans ren­con­tr­er aucune résis­tance. 

Margie Gillis, dans Third world dream
Margie Gillis, dans Third world dream

Elle a tou­jours su traduire l’ex­trême grâce et l’ex­trême déso­la­tion. Elle explore de plus en plus les nuances. Son reg­istre d’in­ter­pré­ta­tion s’est beau­coup élar­gi depuis quelques années. Elle a la fac­ulté de se livr­er totale­ment sur scène, avec une can­deur et une générosité immé­di­ate­ment recev­ables, con­stam­ment renou­velés. Il ne faut pas chercher en allant la voir ce qu’on ne peut pas y trou­ver, c’est-à-dire un mode d’ex­pres­sion par­faite­ment orig­i­nal, une réflex­ion inusitée sur l’é­tat de l’art et du monde. Mais on ver­ra un corps mag­nifique, une inter­prète sincère qui réus­sit chaque fois le mir­a­cle de la com­mu­ni­ca­tion avec les spec­ta­teurs, com­plète­ment engagée dans son art. Elle fait aimer la danse actuelle à tous ceux qui la voient. S’il n’y avait qu’elle au menu de la danse, le repas ne serait pas très nour­ris­sant. Mais si elle n’y était pas, il serait plus terne. 

Marie Chouinard 

Marie Chouinard est un peu le « pen­dant cir­cuits par­al­lèles » de Margie Gillis. Même grâce, même générosité. Mais elle est seule maîtresse de ses actes. Elle donne des per­for­mances sauvages — son dernier spec­ta­cle était titré Crue — où elle allie la danse, la voix, les actions, les objets. Elle accom­plit des rit­uels par elle inven­tés, fait se heurter les sym­bol­es, pro­pose une écri­t­ure idéo­graphique du corps : ses gestes ne se lisent pas de façon linéaire, mais le sens s’en dis­tille insi­dieuse­ment, un peu mal­gré elle. Elle expose un univers très privé, forte­ment éro­tisé, sans qu’il ne devi­enne pour autant un objet pub­lic. Elle est fan­tasque, impudique, et surtout, elle se laisse être l’in­stru­ment des choses qui deman­dent à se faire voir. Elle se mod­èle selon les formes de l’in­con­scient, le sien, mais aus­si, de la planète terre en entier. Ses spec­ta­cles sont tou­jours trou­blants, desta­bil­isants, et por­tent les couleurs du temps. 

Jean-Pierre Per­reault 

In paradisum, chorégraphie de James Kudelka. Photo Dominique Durocher
In par­adis­um, choré­gra­phie de James Kudel­ka. Pho­to Dominique Durocher

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#26
mai 2025

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