Le grand théâtre ment beaucoup moins que la vie

Le grand théâtre ment beaucoup moins que la vie

Entretien avec Pierre Laroche

Le 6 Sep 1995

A

rticle réservé aux abonné.es
Article publié pour le numéro
Article fraîchement numérisée
Cet article rejoint tout juste nos archives. Notre équipe le relit actuellement pour vous offrir la même qualité que nos éditions papier. Pour soutenir ce travail minitieux, offrez-nous un café ☕

Pierre Laroche est met­teur en scène et comé­di­en. Il a mon­té COMBAT DE NÈGRE ET DE CHIENS au Rideau de Brux­elles en 1984 puis deux ans après, en néer­landais. au Théâtre Roy­al Fla­mand. Il va inter­préter le rôle d’Adrien dans la pièce LE RETOUR A DÉSERT qui sera mon­tée au Rideau de Brux­elles en 1991.

Serge Saa­da : Dans quelles cir­con­stances avez-vous mon­té COMBAT DE NÈGRE ET DE CHIENS ?

Pierre Laroche : En 1984 Claude Eti­enne m’a fait lire la pièce. j’ai eu le coup de foudre et Claude a été d’ac­cord pour que je la monte au Rideau de Brux­elles. Deux ans après je l’ai mon­tée en néer­landais au Théâtre Roy­al Fla­mand à Brux­elles.

La pre­mière fois que j’ai mon­té COMBAT DE NÈGRE ET DE CHIENS j’ai cru percevoir qu’il ne fal­lait pas don­ner la pre­mière ou seule impor­tance à la sit­u­a­tion, au con­texte qui présente des Noirs et des Blancs dans un chantier au coeur de l’Afrique.

La pièce a d’autres ambi­tions que d’être une resti­tu­tion réal­iste des choses même si les obser­va­tions de Koltès sont très sub­tiles et très con­crètes. D’ailleurs Mir­céa Marosin, le déco­ra­teur roumain avec qui je tra­vail­lais, avait déjà la volon­té de sym­bol­is­er le lieu, de le traiter comme un lieu dont les élé­ments réal­istes se meu­vent. Mon pre­mier pas vers l’u­nivers de Koltès allait dans ce sens mais je n’avais fait qu’une par­tie du chemin et cela a dou­blé mon envie de dire oui quand on m’a à nou­veau pro­posé de mon­ter la pièce ; entre temps j’avais fait la con­nais­sance de Koltès et l’ayant écouté je me devais de refaire le chemin.

À présent en relisant la pièce, je me sou­viens que Koltès par­lait volon­tiers de métaphore quand il par­lait de son théâtre. Dès lors, si j’avais un jour à remon­ter la pièce, je ne suis pas sûr que j’y met­trais un décor. Je me demande si ces solil­o­ques dés­espérés, où les vel­léités de dia­logues s’avèrent très vite des utopies, ne se suff­isent pas sur le plan de la force dra­ma­tique. Les mots de ces per­son­nages — qui cherchent dés­espéré­ment une porte de sor­tie et qui croient de manière utopique la trou­ver — sont si forts que l’e­space vide dont par­le Peter Brook devrait suf­fire.

S.SA. : Les mots seraient une présence suff­isante, investis d’une puis­sance évo­ca­trice ?

P.L. : Oui, d’ailleurs l’idée à laque­lle Koltès reve­nait volon­tiers, celle d’une écri­t­ure métaphorique, est demeurée essen­tielle dans ses autres pièces.

A

rticle réservé aux abonné.es
Envie de poursuivre la lecture?

Les articles d’Alternatives Théâtrales en intégralité à partir de 5 € par mois. Abonnez-vous pour soutenir notre exigence et notre engagement.

S'abonner
Déjà abonné.e ?
Identifiez-vous pour accéder aux articles en intégralité.
Se connecter
Accès découverte. Accès à tout le site pendant 24 heures
Essayez 24h
Partager
Serge Saada
Auteur et essayiste, Serge Saada enseigne le théâtre et la médiation culturelle à l’université Paris...Plus d'info
Partagez vos réflexions...
La rédaction vous propose
Mon panier
0
Ajouter un code promo
Sous-total

 
Artistes
Institutions

Bonjour

Vous n'avez pas de compte?
Découvrez nos
formules d'abonnements