Repères biographiques

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Repères biographiques

Le 3 Sep 1995
LE RETOUR AU DÉSERT, Toneelgroep Amsterdam.
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Bernard-Marie Koltès est né le 9 avril 1948 à Metz et décédé à Paris le 15 avril 1989.

1966

Bernard-Marie Koltès quitte Metz « à l’âge de l7-18 ans ».

1968

Voy­age au Cana­da puis aux Etats-Unis (à New York).

« À 18 ans, j’ai explosé. Ça a été très vite Stras­bourg, très vite Paris, et très vite New York, en 68. Et là, tout d’un coup, la vie m’a sauté à la gueule. Il n’y a donc pas eu d’é­tapes, je n’ai pas eu le temps de rêver de Paris, j’ai tout de suite rêvé de New York. Et New York en 68, c’é­tait vrai­ment un autre monde. »

(Entre­tien avec E. Klaus­ner et B. Sali­no, L’Événe­ment du jeu­di, 12 jan­vi­er 1989)

1970

LES AMERTUMES 1, mise en scène de l’au­teur, créa­tion à Stras­bourg.

« La pre­mière fois que je suis allé au théâtre, c’é­tait très tard ; j’avais vingt-deux ans. J’ai vu une pièce qui m’a beau­coup ému, une pièce que j’ai oubliée mais avec une grande actrice, Maria Casarès. Elle m’avait beau­coup impres­sion­né, et tout de suite je me suis mis à écrire. J’ai com­mencé par une pièce d’après ENFANCE de Gor­ki, (LES AMERTUMES)je l’ai mon­tée avec des copains. C’é­tait à Stras­bourg ; Hubert Gig­noux l’a vue, il m’a pro­posé d’en­tr­er au TNS. Là, j’ai con­tin­ué à écrire des pièces et à les mon­ter avec des élèves comé­di­ens. J’ai con­tin­ué comme cela pen­dant huit ans, sans qu’au­cune soit jouée dans un vrai théâtre. » (Entre­tien avec Jean-Pierre Han, Europe, Ier trimestre 1983).

1970/71

Élève à l’É­cole du TNS (sec­tion régie).

1971

LA MARCHE PROCÈS IVRE, mis­es en scène de l’au­teur, créa­tion à Stras­bourg.

1972

Dif­fu­sion radio­phonique de L’HÉRITAGE, dans une réal­i­sa­tion de Jacques Taroni, sur Radio-France Alsace. Reprise sur France Cul­ture (Nou­veau réper­toire dra­ma­tique de Lucien Attoun), dans une réal­i­sa­tion d’Eve­line Frémy, avec notam­ment Maria Casarès.

1973

RÉCITS MORTS mise en scène de l’au­teur, créa­tion à Stras­bourg.

Voy­age en URSS (en voiture à par­tir de Paris).

1974

Dif­fu­sion radio­phonique de DES VOIX SOURDES dans une réal­i­sa­tion de Jacques Taroni, sur Radio-France Alsace. Reprise sur France Cul­ture (Nou­veau réper­toire dra­ma­tique de Lucien Attoun) dans une réal­i­sa­tion de Georges Pey­rou.

1977

Créa­tion à Lyon de SALINGER (inspirée des nou­velles de Salinger) mise en scène par Bruno Boeglin au Théâtre de l’EI Dora­do.

Créa­tion de LA NUIT JUSTE AVANT LES FORÊTS, mise en scène de l’au­teur, avec Yves Fer­ry, au Fes­ti­val « off » d’Av­i­gnon à l’hô­tel des ventes de la place Cril­lon.

« Il y a une coupure très nette entre LANUIT JUSTE AVANT LES FORÊTS et la pièce qui précède. Il y a d’abord beau­coup de temps, trois ans ; trois ans pen­dant lesquels je n’ai rien fait et où je pen­sais ne plus jamais écrire. Et quand je me suis remis à écrire, c’é­tait com­plète­ment dif­férent, c’é­tait un autre tra­vail. »
(Entre­tien avec J.P. Han, Europe, Ier trimestre 1983).

1978

Voy­age au Nige­ria.

1979

Bernard-Marie Koltès retourne en Afrique (Mali et Côte-d’Ivoire).
Voy­age au Guatemala (6 mois, dont deux au bord du lac Ati­t­la).

« J’ai écrit COMBAT DE NÈGRE ET DE CHIENS au Guatemala, dans un petit vil­lage où l’on ne par­lait même pas espag­nol. J’y suis resté pen­dant deux mois. »

(Entre­tien avec M. Mer­schmeier, The­ater Heute n ° 7, Juil­let 1983).

Mise en voix de COMBAT DE NÈGRE ET DE CHIENS, par Gabriel Mon­net. avec Mare Bet­ton, Gérard Essom­ba, Gabriel Mon­net. Hélène Vin­cent, au Cen­tre cul­turel de la Com­mu­nauté française de Bel­gique à Paris.

Pub­li­ca­tion de COMBAT DE NÈGRE ET DE CHIENS (« Tapuscrit » n° 7 de Théâtre Ouvert, puis chez Stock). Bourse du Cen­tre Nation­al des Let­tres.

1980

Dif­fu­sion radio­phonique de COMBAT DE NÈGRE ET DE CHIENS, dans une réal­i­sa­tion d’Eve­line Frémy, sur France Cul­ture.

1981

Voy­age à New York (4 mois).

Reprise au Petit Odéon de LA NUIT JUSTE AVANT LES FORÊTS, dans une mise en scène de Jean-Luc Bout­té, avec Richard Fontana.

Com­mande par Jacques Toja d’une pièce à l’in­ten­tion des comé­di­ens du Français.

1982

Retourne à New York.

LE LIEN DE SANG, adap­ta­tion de THE BLOOD KNOT d’A. Fugard, créa­tion au Fes­ti­val d’Av­i­gnon dans une mise en scène de Y. Wada.

1983

Créa­tion en France 2 de COMBAT DE NÈGRE ET DE CHIENS, dans une mise en scène de Patrice Chéreau, avec Michel Pic­coli. Philippe Léo­tard, Myr­i­am Boy­er, Sidi­ki Bak­a­ba. au Théâtre des Amandiers de Nan­terre.

« En fait, cette pièce est née d’une vision furtive irréelle, mais telle­ment sai­sis­sante : ma pre­mière vision de l’Afrique ! A ma sor­tie d’avion, j’avais d’abord été agressé par cette for­mi­da­ble chaleur qui vous pesait sur la nuque. vous écra­sait. et dès que j’ai franchi les portes de l’aéro­port. toutes les idées de l’Afrique que j’avais emportées dans mes bagages se sont figées en cette scène : un polici­er noir était à grands coups de matraque, en train de bat­tre un de ses frères. J’ai avancé dans la foule. et me suis heurté immé­di­ate­ment à cette bar­rière invis­i­ble, mais omniprésente. qui met­tait sym­bol­ique­ment les Blancs d’un côté. et les Noirs de l’autre. J’ai regardé vers les Noirs. J’avais honte des miens : mais une telle haine bril­lait dans leurs regards que j’ai pris peur. et j’ai cou­ru du côté des Blancs. »

(Entre­tien avec Nja­mi Simon dans Bwana Mag­a­zine. Mars 1983).

1984

Voy­age au Séné­gal.

Pub­li­ca­tion du roman LA FUITE À CHEVAL TRES LOIN DANS LA VILLE [écrit en 1976].

« Mon rêve absolu est d’écrire des romans. Mon pre­mier livre pub­lié était un roman. LA FUITE À CHEVAL TRÈS LOIN DANS LA VILLE. Si je n’écris plus de romans. c’est pour la sim­ple rai­son que je ne peux pas en vivre. Je refuse par ailleurs de faire un quel­conque méti­er. même un méti­er para-lit­téraire. J’écris… et je m’en trou­ve bien même si c’est dur, même si c’est con­traig­nant : il en résulte de grands moments de plaisir.-(Entretien avec Véronique Hotte dans Théâtre pub­lic. Nov./Déc. 1988).

1986

Créa­tion en France de QUAI OUEST, dans une mise en scène de Patrice Chéreau , avec Maria Casarès, Jean-Mare Thibault. Jean-Paul Rous­sil­lon. Cather­ine Hiégel, Ham­mou Graïa, Isaach de Bankolé. Jean-Philippe Ecof­fey, Mar­i­on Gri­mault au Théâtre des Amandiers de Nan­terre.

« À l’ouest de New York. à Man­hat­tan. dans un coin du West End. là où se trou­ve Van­cien port. il y a des docks : il y a en par­ti­c­uli­er un dock désaf­fec­té. un grand hangar vide, dans lequel j’ai passé quelques nuits. caché. C’est un endroit extrême­ment bizarre — un abri pour les clo­dos, les pédés, les trafics et les règle­ments de comptes, un endroit pour­tant où les flics ne vont jamais pour des raisons obscures. Dès que l’on y pénètre. on se rend compte que l’on se trou­ve dans un coin priv­ilégié du monde. comme un car­ré mys­térieuse­ment lais­sé à l’a­ban­don au milieu d’un jardin, où les plantes se seraient dévelop­pées dif­férem­ment ; un lieu où l’or­dre nor­mal n’ex­iste pas, mais où un autre ordre. très curieux, s’est créé (…) J’ai eu envie de par­ler de ce petit endroit du monde. excep­tion­nel et, pour­tant, qui ne nous est pas étranger : j’aimerais ren­dre compte de cette impres­sion étrange que l’on ressent en tra­ver­sant ce lieu immense. apparem­ment désert, avec, au long de la nuit, le change­ment de la lumière à tra­vers les trous du toit, des bruits de pas et de voix qui réson­nent. des frôle­ments, quelqu’un à côté de vous, une main qui tout à coup vous agrippe. »

(Entre­tien avec Jean-Pierre Han. Europe. ler trimestre 1983).

TABATABA, au Fes­ti­val d’Av­i­gnon. présen­tée par Théâtre Ouvert. dans le cycle Oser aimer. dans une mise en espace de Ham­mou Graïa. avec Isaach de Bankolé et Myr­i­am Tadesse.

Le 3 août 1986, dif­fu­sion sur France Cul­ture de TABATABA dans une réal­i­sa­tion de Chris­tine Bernard Sugy.

1987

Créa­tion de DANS LA SOLITUDE DES CHAMPS DE COTONS, dans une mise en scène de Patrice Chéreau, avec Lau­rent Malet et Isaach de Bankolé. au Théâtre des Amandiers de Nan­terre.

« DANS LA SOLITUDE DES CHAMPS DE COTON est une his­toire de deux per­son­nages. une con­ver­sa­tion. un dia­logue dans la manière du dix-huitième siè­cle (…). Il y a un blues-man imper­turbable­ment gen­til. doux. un de ces types qui ne s’én­er­vent jamais. ne revendiquent jamais. Je les trou­ve fasci­nants. L’autre est un agres­sif écorché. un punk de l’East Side. imprévis­i­ble, quelqu’un qui me ter­ri­fie. Ils se ren­con­trent. cha­cun attend en vain quelque chose de l’autre. Ils finis­sent par se taper dessus, mais c’est une his­toire drôle. »

(Entre­tien avec C. Godard. Le Monde. 13 juin 1986).

La pièce DANS LA SOLITUDE DES CHAMPS DE COTON fut reprise avec Patrice Chéreau et Lau­rent Malet durant plusieurs saisons.

1988

LE CONTE D’HIVER, de William Shake­speare, texte français de Bernard-Marie Koltès, pour la mise en scène de Luc Bondy au Théâtre des Amandiers de Nan­terre.

« J’ai traduit LE CONTE D’HIVER ; je ne ferais pas de la tra­duc­tion toute ma vie, évidem­ment, mais de temps en temps ce tra­vail serait source de grand plaisir, une expéri­ence de plus( … ). Peut-être me remet­trai-je( … ) à traduire Shake­speare, soit RICHARD III, soit LE ROI LEAR. Pour qui écrit, la tra­duc­tion est une leçon prodigieuse car dans ce méti­er on est com­plète­ment seul et per­son­ne ne vous apprend à écrire ; on n’a pas de juge (… ). Traduire Shake­speare per­met de voir com­ment cet auteur con­stru­i­sait ses pièces et de quelle lib­erté il usait : c’est une preuve de luxe pour ce qui est de l’écri­t­ure. »

(Entre­tien avec Véronique Hotte dans Théâtre Pub­lic, Nov./Déc. 1988).

Créa­tion de LE RETOUR AU DÉSERT dans une mise en scène de Patrice Chéreau, avec Jacque­line Mail­lan, Michel Pic­coli, Marie Daëms, lsaach de Bankolé, Pas­cal Bon­gard, Hélène de Saint-Père, Bernard Nis­sille, Eva Ionesco, Monique Chaumette, Ben Smail, Salah Tesk­ouk, Jacques Debary, Pier­rick Mescam.

« J’é­tais à Metz en 1960. Mon père était offici­er, c’est à cette époque-là qu’il est ren­tré d’Al­gérie. En plus, le col­lège Saint- Clé­ment était au cœur du quarti­er arabe. J’ai vécu l’ar­rivée du général Mas­su, les explo­sions des cafés arabes, tout cela de loin, sans opin­ion, et il ne m’en est resté que des impres­sions — les opin­ions je les ai eues plus tard. J’ai tenu à ne pas écrire une pièce sur la guerre d’Al­gérie, mais à mon­tr­er com­ment, à douze ans, on peut éprou­ver des émo­tions à par­tir des événe­ments qui se déroulent au dehors. En province, tout cela se pas­sait quand même d’une manière étrange : l’Al­gérie sem­blait ne pas exis­ter et pour­tant les cafés explo­saient et on jetait les Arabes dans les fleuves. Il y avait cette vio­lence-là, à laque­lle un enfant est sen­si­ble et à laque­lle il ne com­prend rien. Entre douze et seize ans, les impres­sions sont déci­sives, je crois que c’est là que tout se décide. Tout. Moi, évidem­ment, en ce qui me con­cerne c’est prob­a­ble­ment cela qui m’a amené à m’in­téress­er davan­tage aux étrangers qu’aux Français. J’ai très vite com­pris que c’é­tait eux le sang neuf de la France, que si la France vivait sur le seul sang des Français, cela deviendrait un cauchemar, quelque chose comme la Suisse. La stéril­ité totale sur le plan artis­tique et sur tous les plans. »

(Entre­tien avec M. Gen­son, Le Répub­li­cain Lor­rain, 27 octo­bre — 3 nov. 1988).

1990


Créa­tion de ROBERTO ZUCCO en langue alle­mande, dans une mise en scène de Peter Stein, à la Schaubühne (12 avril 1990), avec notam­ment Max Tid­of et Dorte Lyssews­ki.

« En févri­er de cette année [févri­er 1988], j’ai vu, plac­ardé dans le métro, l’avis de recherche de l’as­sas­sin d’un polici­er. J’é­tais fasciné par la pho­to du vis­age. Quelque temps après, je vois à la télévi­sion le même garçon qui, à peine empris­on­né, s’échap­pait des mains de ses gar­di­ens, mon­tait sur le toit de la prison et défi­ait le monde. Alors, je me suis très sérieuse­ment intéressé à l’his­toire. Son nom était Rober­to Suc­co : il avait tué ses par­ents à l’âge de quinze ans, puis rede­venu « raisonnable » jusqu’à vingt-cinq ans, brusque­ment il « déraille » une nou­velle fois, tue un polici­er, fait une cav­ale de plusieurs mois, avec pris­es d’o­tages, meurtres, dis­pari­tions dans la nature, sans que per­son­ne ne sache qui c’é­tait exacte­ment. Puis, après son spec­ta­cle sur les toits, il est enfer­mé à l’hôpi­tal psy­chi­a­trique et se sui­cide de la même manière qu’il avait tué son père. Un tra­jet invraisem­blable, un per­son­nage mythique, un héros comme Sam­son ou Goliath, mon­stres de force, abat­tus finale­ment par un cail­lou ou par une femme ; c’est la pre­mière fois que je m’in­spire de ce que l’on appelle un fait divers, mais celui-là, ce n’est pas un fait divers. »

(Le Monde du 28 sep­tem­bre 1988).

Juin 1990, créa­tion radio­phonique (France Cul­ture) de ROBERTO ZUCCO dans une réal­i­sa­tion de Cather­ine Lemire.

Biogra­phie établie par Serge Saa­da

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Serge Saada
Auteur et essayiste, Serge Saada enseigne le théâtre et la médiation culturelle à l’université Paris...Plus d'info
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