Un festival pour le XXIe siècle

Entretien
Théâtre

Un festival pour le XXIe siècle

Entretien avec Stanislas Nordey

Le 7 Mai 2013

A

rticle réservé aux abonné.es
Article publié pour le numéro
Couverture du numéro 117-118 - Utopies contemporaines
117 – 118

BERNARD DEBROUX : Pourquoi as-tu accep­té de devenir artiste asso­cié du Fes­ti­val d’Avignon ? Est-ce le fait de pou­voir créer dans de bonnes con­di­tions ? Est-ce pour défendre une posi­tion esthé­tique par rap­port au Fes­ti­val, en étant asso­cié à sa pro­gram­ma­tion ?

Stanis­las Nordey : Quand ils me l’ont pro­posé, je ne m’y attendais pas du tout. Ils sont venus à deux, comme à un ren­dez-vous amoureux. C’était assez joli la manière dont ils me l’ont pro­posé. Donc déjà le geste m’a poussé à accepter. Quelqu’un qui vient à toi pour te dire :
«j’ai envie que tu m’accompagnes un cer­tain temps », c’est tou­jours touchant, surtout venant de quelqu’un dont on estime le chemin. Il y a donc cela, tout sim­ple­ment, qui a motivé mon choix.

Et l’autre rai­son, peut-être plus impor­tante, c’était le fait qu’on soit deux, Dieudon­né et moi. Je ne dis pas que j’aurais refusé si on me l’avait pro­posé à moi seul, mais cela n’aurait pas été pareil. J’aurais peut-être plus hésité. Tan­dis que là, l’idée d’être à qua­tre à inven­ter un mou­ve­ment, le fait de ne pas être seul, mais à plusieurs, m’intéressait. C’est une prob­lé­ma­tique dans laque­lle je suis depuis plusieurs années, le fait de tra­vailler à plusieurs. En témoignent ma col­lab­o­ra­tion avec Falk Richter, le fait qu’on ait cosigné MY SECRET GARDEN, qu’on con­tin­ue pour le moment ; mes échanges avec Waj­di Mouawad, avec Pas­cal Ram­bert. C’est ce que j’aime à l’opéra aus­si, le fait de partager la respon­s­abil­ité avec le chef d’orchestre. Je suis fatigué d’être tout seul en tant que met­teur en scène, posi­tion qui est très soli­taire, finale­ment. Il y avait donc quelque chose qui me con­ve­nait bien, dans cette propo­si­tion.

Il y a aus­si le fait qu’on a une his­toire très longue, avec Hort­ense Archam­bault et Vin­cent Bau­driller, puisqu’on s’est ren­con­trés au moment où j’ai fait VOLE MON DRAGON à Avi­gnon, quand Vin­cent Bau­driller était attaché de pro­duc­tion et Hort­ense Archam­bault sta­giaire. C’était une aven­ture impor­tante pour le Fes­ti­val, pour moi et pour eux. Et puis plus tard, on a eu toute une his­toire assez com­pliquée avec la crise de 2003, des inter­mit­tents, puisque j’étais du côté de ceux qui dis­aient qu’il était impor­tant de ne pas laiss­er pass­er cette chose- là. J’étais un peu en ligne de front, dans la lumière, parce qu’il fal­lait bien qu’il y en ait un ou deux qui se sac­ri­fient et pren­nent cette posi­tion-là. Ils n’avaient pas for­cé­ment com­pris ma posi­tion, ni moi la leur. C’était donc l’année juste avant qu’ils repren­nent la direc­tion du Fes­ti­val. Ce qui fait qu’après on a été un peu éloignés les uns des autres. J’étais très scep­tique, au début, sur la ques­tion de l’artiste asso­cié. Et puis, je dois avouer que, petit à petit, j’ai vu qu’il y avait quelque chose qui se creu­sait. Il y avait une vraie démarche, un vrai sens. Le fait qu’ils invi­tent à chaque fois des artistes avec des esthé­tiques vrai­ment dif­férentes, qu’il y ait comme cela un mou­ve­ment très ouvert, me plai­sait. Puis, un jour, on s’est repar­lés, on a décidé de retra­vailler ensem­ble, on a fait DAS SYSTEM de Falk Richter, là-bas, à Avi­gnon. Et là, on a renoué quelque chose de très fort. Ils ont for­mi­da­ble­ment défendu ce tra­vail, qui n’était pas totale­ment fini, abouti. Ensuite, un peu par hasard, je suis venu trois ans de suite à Avi­gnon, en tant qu’acteur et met­teur en scène. On a renoué un lien sans doute plus fort encore que celui qu’on avait au départ, juste­ment parce qu’on avait tra­ver­sé ces tem­pêtes.

A

rticle réservé aux abonné.es
Envie de poursuivre la lecture?

Les articles d’Alternatives Théâtrales en intégralité à partir de 5 € par mois. Abonnez-vous pour soutenir notre exigence et notre engagement.

S'abonner
Déjà abonné.e ?
Identifiez-vous pour accéder aux articles en intégralité.
Se connecter
Accès découverte. Accès à tout le site pendant 24 heures
Essayez 24h
Entretien
Théâtre
Stanislas Nordey
Partager
Bernard Debroux
Bernard Debroux
Fondateur et membre du comité de rédaction d'Alternatives théâtrales (directeur de publication de 1979 à...Plus d'info
Partagez vos réflexions...
La rédaction vous propose
Mon panier
0
Ajouter un code promo
Sous-total

 
Artistes
Institutions

Bonjour

Vous n'avez pas de compte?
Découvrez nos
formules d'abonnements