L’art en guise de visa pour changer de cap

Entretien
Performance

L’art en guise de visa pour changer de cap

Entretien avec Steve Bandoma

Le 5 Juil 2014
Steve Bandoma. Photo Martin van der Belen.
Steve Bandoma. Photo Martin van der Belen.
Steve Bandoma. Photo Martin van der Belen.
Steve Bandoma. Photo Martin van der Belen.
Article publié pour le numéro
Couverture du 121-122-123 - Créer à Kinshasa
121 – 122-123

Sor­ti de l’Académie des Beaux-Arts de Kin­shasa, Steve Ban­do­ma est allé en Afrique du Sud pour par­faire sa for­ma­tion. Il est revenu au pays en 2011 après avoir reçu divers prix et bours­es à l’étranger. Il a créé Koi d 9?, une struc­ture pour la pro­mo­tion des arts con­tem­po­rains en RD Con­go, dont il assume la coor­di­na­tion. Ren­con­tre avec un jeune artiste kinois de la « South African con­nex­ion ».

Mar­tin van der Belen : Quel est ton par­cours ?

Steve Ban­do­ma : Je suis né et j’ai gran­di à Kin­shasa. J’ai 33 ans. En 2004, j’ai été gradué en art plas­tique, option pein­ture, à l’Académie des Beaux-Arts. La fin de mes études a été plutôt mou­ve­men­tée. Quelques amis et moi, on jouait déjà les avant-gardistes. On voy­ait bien que le secteur de l’art au Con­go stag­nait par manque d’innovation. On voulait faire chang­er cela. On en avait ras-le-bol de l’académisme obsolète qui nous était imposé. En 2002, dans le sil­lage du « Lib­risme » lancé quelques années plus tôt par Fran­cis Mam­puya, on a créé une plate­forme sous l’appellation de « Lib­risme Syn­ergie ». Comme des dis­ci­ples de ce précurseur de l’art con­tem­po­rain en RDC, on voulait aus­si prôn­er une atti­tude d’esprit libre, on peut dire même « libéré ». Sous les aus­pices de La Halle de la Gombe [l’Institut français de Kin­shasa], qui voy­ait cela plutôt d’un bon œil, on se retrou­vait là avec Vit­shois, Alain Mwil­amb­we, Wan­ti­na… comme des maquis­ards, des fron­deurs embusqués, en train d’échanger des idées autour du développe­ment de cet art dit « con­tem­po­rain ». Lib­risme Syn­ergie était comme l’enfant direct du Lib­risme. Qui prô­nait juste « l’état libre d’esprit » dans le vrai sens du mot. On était encore étu­di­ants, mais cha­cun de nous avait déjà son espace respec­tif de pro­duc­tion…

En 2005, je suis par­ti en Afrique du Sud. D’abord pour par­faire mon anglais, tout en me dis­ant que j’allais aus­si prospecter en matière de débouchés artis­tiques. J’ai abouti à Cape Town où j’ai suivi des for­ma­tions pro­fes­sion­nelles à City Var­si­ty Uni­ver­si­ty avec le par­rainage de Cape Africa Plat­form. Ça m’a per­mis de mieux com­pren­dre les enjeux majeurs de l’art con­tem­po­rain. Au bout de trois ans et beau­coup de sac­ri­fices pour m’intégrer, ma car­rière a con­nu là-bas une vraie ascen­sion ! Lors de ma toute pre­mière expo­si­tion solo à l’Alliance Française de Cape Town, le génial artiste et cura­teur Brett Bai­ley a décou­vert mon tra­vail et a décidé de me don­ner ma chance en m’invitant à un grand pro­jet de per­for­mances publiques appelé Infect­ing the city. Là, j’ai con­quis un pub­lic vrai­ment large.

En 2007, j’ai été admis dans le comité de Vansa, Visu­al Art Net­work in South Africa. En son sein, j’ai appris pas mal d’autres choses sur l’administration cul­turelle… et j’ai égale­ment élar­gi mon réseau de rela­tions pro­fes­sion­nelles, ce qui m’a per­mis de franchir l’étape suiv­ante… En 2009, j’ai béné­fi­cié d’une bourse de l’ONG suisse Pro Hel­ve­tia, qui m’a per­mis d’aller pour la pre­mière fois en Europe, par­ticiper à une rési­dence de créa­tion à Zurich. Dans le cadre du pro­gramme « Visa pour la créa­tion », j’ai été invité à Paris par Cul­tures­France… J’ai con­tribué à des grands pro­jets et expo­si­tions à Pointe-Noire, Paris, Lon­dres, La Nou­velle Orléans, Flori­da (US), Kin­shasa…

Entretien
Performance
Steve Bandoma
1
Partager
auteur
Écrit par Martin van der Belen
Jour­nal­iste de for­ma­tion spécialisé dans le domaine socio­cul­turel, Mar­tin van der Belen s’intéresse depuis tou­jours aux voix du...Plus d'info
Partagez vos réflexions...

Vous aimez nous lire ?

Aidez-nous à continuer l’aventure.

Votre soutien nous permet de poursuivre notre mission : financer nos auteur·ices, numériser nos archives, développer notre plateforme et maintenir notre indépendance éditoriale.
Chaque don compte pour faire vivre cette passion commune du théâtre.
Nous soutenir
Précédent
Suivant
Article publié
dans le numéro
Couverture du 121-122-123 - Créer à Kinshasa
#121 – 122-123
mai 2025

Créer à Kinshasa Creating in Kinshasa

Précédent
4 Juil 2014 — Bernard Debroux : Comment est née ta vocation artistique ? Quels ont été les éléments déclencheurs des expressions artistiques que…

Bernard Debroux : Com­ment est née ta voca­tion artis­tique ? Quels ont été les élé­ments déclencheurs des expres­sions artis­tiques que tu pra­tiques aujourd’hui ? Kiripi Katem­bo Siku : À la fin de mes études sec­ondaires, j’ai…

Par Bernard Debroux
La rédaction vous propose
Mon panier
0
Ajouter un code promo
Sous-total

 

Bonjour

Vous n'avez pas de compte?
Découvrez nos
formules d'abonnements