LE TRAMWAY DES ENFANTS

LE TRAMWAY DES ENFANTS

Le 26 Jan 2015
Pierre Sartenaer, Jean- Pierre Baudson, Jeannine Godinas, Nicole Valberg, Jean-Claude Derruder, LE TRAMWAY DES ENFANTS de Philippe Blasband, 2015. Photo Christophe Urbain.
Pierre Sartenaer, Jean- Pierre Baudson, Jeannine Godinas, Nicole Valberg, Jean-Claude Derruder, LE TRAMWAY DES ENFANTS de Philippe Blasband, 2015. Photo Christophe Urbain.

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Pierre Sartenaer, Jean- Pierre Baudson, Jeannine Godinas, Nicole Valberg, Jean-Claude Derruder, LE TRAMWAY DES ENFANTS de Philippe Blasband, 2015. Photo Christophe Urbain.
Pierre Sartenaer, Jean- Pierre Baudson, Jeannine Godinas, Nicole Valberg, Jean-Claude Derruder, LE TRAMWAY DES ENFANTS de Philippe Blasband, 2015. Photo Christophe Urbain.
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Extraits d’une let­tre écrite par Philippe Blas­band aux com­man­di­taires de son spec­ta­cle LE TRAMWAY DES ENFANTS.

…JE VEUX met­tre en scène moi-même. (Dans le cas de ce pro­jet, pas met­tre en scène seul, comme on le ver­ra plus loin.)

Je suis bien con­scient que ce n’est pas ce que vous envis­agiez au départ, quand vous m’aviez fait cette com­mande. Ce n’est pas ce que j’en­vis­ageais moi-même, en fait.

J’ai changé, pen­dant toutes ces années, et je chang­erai encore. Pas beau­coup (à mon grand dam, je ne deviendrai ni un grand blond ath­lé­tique, ni une très jolie femme brune avec des yeux verts, une belle voix rauque, des prob­lèmes de poids et une for­ma­tion de médi­atrice juridique) mais suff­isam­ment changé pour que cela altère de manière sig­ni­fica­tive ma façon de con­sid­ér­er Le pro­jet pour lequel vous vous êtes réu­nis pour me com­man­der une écri­t­ure.

Je me sens donc obligé, ici, d’i­ci vous réex­pos­er le pro­jet afin que vous ayez assez d’élé­ments en main pour, éventuelle­ment, chang­er d’avis et l’abandonner.

Je com­prendrais cet aban­don mais je le déplor­erais. Vous feriez une erreur, dont l’His­toire du théâtre belge et l’His­toire des artistes bar­bus forestois vous tien­dront respon­s­able. Mais bon, si vous voulez vrai­ment vous faire con­spuer par la postérité, qui suis-je pour vous en empêch­er ?

Ce pro­jet a, pen­dant un temps, dans ma tête, porté un titre trop long, un titre poé­tique et sans doute trop poé­tique, mais un titre qui le résume par­faite­ment : LE TRAMWAY DES ENFANTS MORTS QU’ON OUBLIE PEU À PEU. (Je me suis rabat­tu, depuis, sur le titre, plus sim­ple, du TRAMWAY DES ENFANTS.)

Dans cette pièce, des tramways (prob­a­ble­ment invis­i­bles pour les mor­tels) tour­nent sur le réseau de la STIB, la nuit. Dans ces trams, des fan­tômes d’en­fants morts atten­dent que les vivants les oublient. Plus on les oublie, plus eux-mêmes s’oublient et plus leur lan­gage se sim­plife.

Quand enfin plus per­son­ne ne se sou­vient d’eux, ces enfants peu­vent descen­dre du tramway, et cess­er d’ex­is­ter. Même les autres enfants du tramway Les oublient.

Dans le tramway de notre pièce, se trou­vent deux garçons et deux filles, dont les noms sont Danielle, Sylvie, Serge et Patrick, et un ange, au sexe évidem­ment indéfi­ni, qui fait aus­si office de con­duc­teur (de wattman !) et qui annonce les arrêts. Ce sont les vrais arrêts de la STIB : pen­dant la pièce, ce tramway roulera d’un côté à l’autre de Brux­elles.

La pièce com­mence avec l’arrivée d’un enfant dans le tramway (cet enfant vient de mourir) et le départ d’un autre enfant du tramway (tout le monde a enfin oublié cet enfant ; il peut dis­paraître).

Il y aura, en plus, de part et d’autre de ce début et de cette fin, une sorte de pro­logue et une sorte d’épi­logue, presque sim­i­laires, où les enfants jouent aux cartes (des cartes blanch­es ; un jeu aux règles fluc­tu­antes et absur­des).

Entre ce début et cette fin, des moments, des tableaux, des micro-événe­ments : l’un des enfants cherche un mot qui lui manque, un des enfants tombe amoureux d’un autre, l’ange explique son rôle au nou­v­el arrivant, etc.

Le seul lien nar­ratif sera, juste­ment, l’arrivée et l’adaptation de ce nou­v­el arrivant dans le tramway. Mais sinon, aucun fil nar­ratif fort, aucun ten­deur, aucun enjeu nar­ratif : ce sont des enfants qui atten­dent ; nous atten­dons avec eux.

L’or­dre des moments ne suiv­ra pas une logique nar­ra­tive mais une logique musi­cale, avec con­trastes entre rythmes, motifs, éner­gies, etc.

Ce sera un spec­ta­cle mélan­col­ique, triste, par­fois absurde, par­fois cru­el, par­fois drôle, mais avec tou­jours quelque chose de détaché — quelque chose de fan­toma­tique.

Je m’é­tais un moment demandé quels comé­di­ennes et comé­di­ens pour­raient jouer les enfants dans la pièce.

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