POUR TOUS CEUX qui l’ont vu, que ce soit au Manège de Mons, où il a été créé en mars 2011, au Printemps des comédiens de Montpellier (où nous l’avons vu en juin 2013), au Théâtre du Rond-Point à Paris ou ailleurs, Kiss & CRY est vite apparu comme l’un des objets scéniques les plus singuliers et les plus créatifs du moment.
S’il témoigne de ce vaste mouvement de fond qui fait de la scène le champ de tous les possibles formels et de tous les mixages interdisciplinaires, Kiss & CRY a sa manière bien à lui de s’inscrire dans la vague. C’est en effet un mélange tout à fait inédit de « nanodanse », de cinéma, de théâtre d’objet et de narration littéraire qu’ont inventé dans ce spectacle le cinéaste belge
Jaco Van Dormael et sa femme, la chorégraphe Michèle Anne De Mey. Un « jeu de mains » qui tient du jeu d’enfant, du rituel primitif et de la rêverie proustienne.
Le réalisateur de TOTO LE HÉROS et de MR NOBODY et la chorégraphe de SINFONIA EROICA, figure de la scène belge (elle fut une des fondatrices de Rosas avec Anne Teresa De Keersmaeker), disent l’avoir commencé sur la table de leur cuisine, avec les jouets de leurs propres enfants, ce petit bijou d’inventivité et de sensibilité. « Michèle et moi avions envie de travailler ensemble », raconte Jaco Van Dormael. « Nous avions envie, aussi, de quelque chose de plus minimaliste et de plus expérimental que ce que nous faisons d’habitude. Et envie, enfin, d’utiliser le cinéma autrement que ce qui se réalise habituellement : que ce ne soit pas, encore une fois, le cinéma au service de la danse, ou la danse au service du cinéma ».