Métamorphoses du chasseur chassé – Actéon, filmopéra

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Critique

Métamorphoses du chasseur chassé – Actéon, filmopéra

Le 23 Sep 2021
Actéon de Marc-Antoine Charpentier, mise en scène Benjamin Lazar et film Corentin Leconte, Théâtre du Châtelet, 2021. © Théâtre du Châtelet
Actéon de Marc-Antoine Charpentier, mise en scène Benjamin Lazar et film Corentin Leconte, Théâtre du Châtelet, 2021. © Théâtre du Châtelet
Actéon de Marc-Antoine Charpentier, mise en scène Benjamin Lazar et film Corentin Leconte, Théâtre du Châtelet, 2021. © Théâtre du Châtelet
Actéon de Marc-Antoine Charpentier, mise en scène Benjamin Lazar et film Corentin Leconte, Théâtre du Châtelet, 2021. © Théâtre du Châtelet
Article publié pour le numéro
Couverture du numéro 144-145 - Opéra et écologie(s)
144 – 145

Actéon – l’histoire d’un homme trans­for­mé en bête, puni de sa curiosité, châtié à cause de son voyeurisme. Est-ce un chas­seur habile, un voyeur lubrique, ou pour­rait-il être con­sid­éré comme une métaphore de notre société, prise à son pro­pre piège ? Ce mythe racon­té par Ovide dans ses Méta­mor­phose a été mis en musique par Marc-Antoine Char­p­en­tier en 1684 dans des cir­con­stances très par­ti­c­ulières.

Dans un for­mat peu habituel pour le genre lyrique, et surtout pour l’opéra baroque tel que nous l’imaginons aujourd’hui, Char­p­en­tier et son libret­tiste anonyme (peut-être lui-même ?) ont racon­té une his­toire mythique dans laque­lle la nature (sauvage, mais aus­si la nature humaine) occupe la place cen­trale. Le temps de l’action de cet « opéra de chas­se », qui ne dure que 40 min­utes, est représen­té dans le temps réel, ce qui donne une force vitale à sa dra­maturgie.

Les cir­con­stances dans lesquelles cet opéra a été créé – les restric­tions imposées par les droits priv­ilégiés dont Jean-Bap­tiste Lul­ly jouis­sait – sont par­ti­c­ulière­ment intéres­santes depuis le point de vue d’aujourd’hui. En ce moment quand on ne peut plus pro­gram­mer les pro­duc­tions libre­ment et où il faut respecter des restric­tions imposées par la pandémie glob­ale, met­tre en scène cet opéra qui fut con­di­tion­né à l’époque de sa créa­tion par dif­férents obsta­cles et qui est resté un exem­ple bril­lant de la créa­tion artis­tique, plus forte que toutes les lim­i­ta­tions, s’est révélé une déci­sion très per­ti­nente de la part de la direc­tion du Théâtre du Châtelet. La durée de cet opéra est très adap­tée pour les spec­ta­teurs con­tem­po­rains man­quant tou­jours de temps libre pour des activ­ités hors de leurs respon­s­abil­ités quo­ti­di­ennes.

Conçu comme un film-opéra à cause du coro­n­avirus, ce spec­ta­cle n’est pas une sim­ple trans­mis­sion en direct d’un opéra mais un vrai for­mat orig­i­nal dans lequel s’entremêlent le théâtre, l’opéra et le film. Les élé­ments cru­ci­aux du spec­ta­cle vivant ont été con­servés. L’opéra a été filmé entière­ment sans coupures ni arrêts, ce qui le rend plus con­va­in­cant et lui per­met de laiss­er une forte impres­sion sur les spec­ta­teurs, sem­blable à celle ressen­tie dans les con­di­tions du live dans un théâtre.

Au tout début de l’opéra dans un pro­logue déclamé, imag­iné par le met­teur en scène Ben­jamin Lazar, la comé­di­enne Judith Chem­la intro­duit les spec­ta­teurs regar­dant cet opéra à l’écran (à la télé, sur leurs ordi­na­teurs ou sur leurs télé­phones porta­bles) dans un monde qui est celui du théâtre. Elle se trou­ve dans les couliss­es du Théâtre du Châtelet, ce qui n’est pas évi­dent au pre­mier regard. La caméra mon­tre d’abord la comé­di­enne dans un espace qui ressem­ble à une scène sans décors, et que l’on recon­naî­tra bien­tôt comme les couliss­es du théâtre, rem­plies de bar­res de fer for­mant des cubes qui ont l’air de cages. Le met­teur en scène a eu l’idée de ce pro­logue après les répéti­tions ouvertes au pub­lic pen­dant le mois de sep­tem­bre 2020 (la péri­ode orig­inelle­ment prévue pour la pro­duc­tion). En rai­son des mesures san­i­taires, l’équipe était lim­itée à treize per­son­nes, dont sept chanteurs lyriques et six instru­men­tistes.

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Sofija Perovic
Sofija Perovic est doctorante en études théâtrales à l’Université Paris 8, docteure en arts musicaux...Plus d'info
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