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Marcher dans le paysage

Entretien avec Monia Montali et François Bodeux

Le 17 Juin 2023
Sur la nature des choses invisibles #1. Pièce pour deux performers et un objet lumineux motorisé, concept et mise en scène Monia Montali et François Bodeux, 2023. Photo François Bodeux.
Sur la nature des choses invisibles #1. Pièce pour deux performers et un objet lumineux motorisé, concept et mise en scène Monia Montali et François Bodeux, 2023. Photo François Bodeux.

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Sur la nature des choses invisibles #1. Pièce pour deux performers et un objet lumineux motorisé, concept et mise en scène Monia Montali et François Bodeux, 2023. Photo François Bodeux.
Sur la nature des choses invisibles #1. Pièce pour deux performers et un objet lumineux motorisé, concept et mise en scène Monia Montali et François Bodeux, 2023. Photo François Bodeux.
Article publié pour le numéro
Couverture du numéro 149 - Théâtre / Paysage - Althernatives Théâtrales
149

Vous menez depuis 2010 un tra­vail com­mun entre danse, per­for­mance et art visuel dévolu à ce que vous nom­mez une « dra­maturgie de la per­cep­tion ». Com­ment est née cette col­lab­o­ra­tion ? 

François Bodeux Pour ma part, j’ai d’abord com­mencé une thèse en soci­olo­gie urbaine, avec une sen­si­bil­ité forte pour l’image, ce qui m’a amené à suiv­re en par­al­lèle un cur­sus en pho­togra­phie. J’ai quit­té l’université avant la fin de ma thèse, en étant en crise face à la manière dont on pro­duit du savoir uni­ver­si­taire. L’année suiv­ante, en 2006, je ren­con­trais Monia aux ren­con­tres d’Arles et nous avons com­mencé à col­la­bor­er ensem­ble, d’abord au sein du col­lec­tif européen de pho­tographes SMOKE puis en tant qu’éclai-ragiste impro­visé sur ses pre­miers solos. En 2009, j’ai repris un cur­sus en régie de spec­ta­cle pour com­pléter mon bagage tech­nique, sen­tant qu’il y avait là quelque chose qui m’intéressait. 

Monia Mon­tali De mon côté j’ai com­mencé par des études en arts de la scène à l’Université de Bologne que j’ai aus­si inter­rompues pour démé­nag­er à Brux­elles et com­mencer à tra­vailler comme danseuse. J’ai eu ensuite moi aus­si ma petite crise avec le lan­gage de la danse. J’ai arrêté de danser et j’ai com­mencé des études de pho­togra­phie. C’est là que j’ai ren­con­tré François. Quelques années plus tard je suis rev­enue au théâtre parce que la réal­ité de l’art vivant me man­quait. J’ai com­mencé à tra­vailler dif­férem­ment. La recherche sur le mou­ve­ment choré­graphique en soi ne m’intéressait plus vrai­ment, c’était plutôt la ques­tion de met­tre le corps dans un cadre de per­cep­tion très pré­cis, toute une réflex­ion autour de la rela­tion entre le corps et l’image. 

FB Ce que la pho­togra­phie nous a aus­si apporté, c’est la ques­tion du par­cours de l’œil et du spec­ta­teur. Au sein du col­lec­tif SMOKE nous fai­sions beau­coup d’accrochages, d’edit­ing et cela nous a fait com­pren­dre que la pho­togra­phie ne con­siste pas seule­ment à pro­duire des images mais néces­site de tra­vailler sur une tra­jec­toire à pro­pos­er au spec­ta­teur. Cela m’a per­mis d’appréhender le lieu du théâtre dif­férem­ment, de penser le tra­vail sur une autre base que celle du réc­it, une ques­tion qui ne m’intéressait absol­u­ment pas et qui ne fai­sait pas écho à nos par­cours. 

Vous vous qual­i­fiez d’« agri­menseurs du voir », une expres­sion chargée d’une dimen­sion très con­crète, voire arti­sanale de découpage, de mesure. Pourquoi ce choix ? 

MM C’est une expres­sion de Georges Didi-Huber­man que je trou­ve très belle. Elle ren­voie à une ques­tion fon­da­men­tale dans notre tra­vail : com­ment créer les con­di­tions du regard ? C’est-à-dire quel cadre de per­cep­tion met­tre en place et quels sont les mécan­ismes capa­bles d’activer ou d’infléchir le regard du spec­ta­teur ? Il ne s’agit pas ici seule­ment de vision mais du regard dans sa per­cep­tion totale, avec le corps, le sen­si­ble. Être agri­menseur du voir ren­voie aus­si à une forme de pré­ci­sion, de rigueur dans l’écriture, pour activ­er chez le spec­ta­teur une sorte d’hyperacuité, pour l’amener à percevoir ce que, d’habitude, il ne perçoit pas. Le spec­ta­cle Com­pa­ny (2015) par exem­ple débu­tait par sept min­utes de noir com­plet avec une voix et un tra­vail sonore spa­tial­isé, mobil­isant l’oreille du spec­ta­teur de manière aiguë. 

Le choix d’un cadre, la délim­i­ta­tion d’un espace pour le regard et son élar­gisse­ment : ce sont des gestes que l’on retrou­ve dans la notion de paysage. Com­ment se traduisent-ils dans votre tra­vail scénique ? 

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François Bodeux
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Chloe Larmet
Docteure en Arts du spectacle, Chloé Larmet mène une recherche sur les esthétiques scéniques contemporaines...Plus d'info
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