Avec Valentina, Caroline Gueila Nguyen explore le cœur de l’enfance.
Entretien
Théâtre

Avec Valentina, Caroline Gueila Nguyen explore le cœur de l’enfance.

Le 8 Déc 2025
Valentina, texte et mise en scène de Caroline Guiela Nguyen, dans le cadre des Galas du Théâtre national de Strasbourg, avril 2025. Avant-première au festival FIND – Schaubühne, Berlin, avril 2025 © Jean-Louis Fernandez
Valentina, texte et mise en scène de Caroline Guiela Nguyen, dans le cadre des Galas du Théâtre national de Strasbourg, avril 2025. Avant-première au festival FIND – Schaubühne, Berlin, avril 2025 © Jean-Louis Fernandez

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Valentina, texte et mise en scène de Caroline Guiela Nguyen, dans le cadre des Galas du Théâtre national de Strasbourg, avril 2025. Avant-première au festival FIND – Schaubühne, Berlin, avril 2025 © Jean-Louis Fernandez
Valentina, texte et mise en scène de Caroline Guiela Nguyen, dans le cadre des Galas du Théâtre national de Strasbourg, avril 2025. Avant-première au festival FIND – Schaubühne, Berlin, avril 2025 © Jean-Louis Fernandez

Pour sa nou­velle créa­tion, la met­teuse en scène et autrice, direc­trice du Théâtre nation­al de Stras­bourg, Car­o­line Gueila Nguyen, a d’abord choisi d’écrire un con­te (pub­lié aux édi­tions Actes Sud-Papiers) con­tem­po­rain autour de Valenti­na. Cette petite fille roumaine s’installe en France avec sa mère atteinte d’une grave mal­adie car­diaque, afin que cette dernière y reçoive les soins néces­saires. Mais, allo­phone, la mère de Valenti­na ne peut com­mu­ni­quer avec le corps médi­cal. Très douée pour le français, qu’elle apprend vite, la fil­lette de neuf ans répond à ce besoin cru­cial en devenant l’interprète de sa mère auprès des médecins. Une sit­u­a­tion qui va boule­vers­er toute l’existence de Valenti­na, qui adore sa mère. Un spec­ta­cle poignant et sub­til, où Car­o­line Gueila Nguyen mêle humour, onirisme et émo­tion et nous plonge, à grande hau­teur d’enfant, dans notre rap­port à la vérité et au men­songe. 

Ces dernières années, vous nous avez habitués à des pièces chorales. Pour quelles raisons avez-vous choisi d’écrire une his­toire cen­trée sur une mère et sa fille, une rela­tion qui affleu­rait déjà, en 2024, dans Lacrima ?

 J’écrivais un con­te. J’ai tou­jours besoin d’une adresse dans ce que je fais. Ce spec­ta­cle, je voulais l’adresser à ma mère et à ma fille. Et pour l’adresser à ma fille, j’ai eu envie de revenir à la forme la plus prim­i­tive des his­toires, qui est celle du con­te, et la présence de per­son­nages arché­ty­paux. C’est une his­toire assez sim­ple avec une maman, une petite fille, un médecin, un cuisinier, un père et une direc­trice d’école. Des per­son­nages qui n’ont pas de prénom, à part Valenti­na. Cela me sem­blait la forme la plus directe pour m’adresser à ma fille ain­si qu’aux jeunes spec­ta­teurs et aux adultes. 

Le fait que Valenti­na soit le seul per­son­nage doté d’un prénom ren­force notre impres­sion que le spec­ta­cle se focalise sur elle, d’autant que c’est la seule enfant de la pièce…

Je demande surtout au spec­ta­teur de regarder ce qui se passe dans la vie de cette petite fille quand on accueille si mal sa mère dans un hôpi­tal français. C’est ce que j’accentue pour dire : « Regardez ce qui se passe dans la vie de cet enfant quand les par­ents ne sont pas accueil­lis de façon digne sur le ter­ri­toire français. »

Com­ment avez-vous été en rela­tion avec les deux petites filles qui jouent, en alter­nance, Valenti­na ?

Valentina, texte et mise en scène de Caroline Guiela Nguyen, dans le cadre des Galas du Théâtre national de Strasbourg, avril 2025. Avant-première au festival FIND – Schaubühne, Berlin, avril 2025 © Jean-Louis Fernandez
Valenti­na, texte et mise en scène de Car­o­line Guiela Nguyen, dans le cadre des Galas du Théâtre nation­al de Stras­bourg, avril 2025. Avant-pre­mière au fes­ti­val FIND – Schaubühne, Berlin, avril 2025 © Jean-Louis Fer­nan­dez

Dans ce spec­ta­cle, il y a cinq comé­di­ens, dont qua­tre qui n’avaient jamais fait de théâtre, et une comé­di­enne pro­fes­sion­nelle, Chloé Catrin, avec qui j’avais déjà col­laboré sur Le Cha­grin. J’avais très envie de tra­vailler avec des per­son­nes de la com­mu­nauté roumaine et que la langue du spec­ta­cle soit bilingue, alter­nant le français et le roumain. À Stras­bourg, il y a une impor­tante com­mu­nauté roumaine, avec laque­lle j’ai essayé d’entrer en con­tact. Après plusieurs ten­ta­tives, j’y ai été intro­duite par le pope de l’église ortho­doxe. Il m’a présen­tée après la messe et m’a offert le micro pour que je puisse expos­er le pro­jet et deman­der si des per­son­nes seraient intéressées de venir au TNS pen­dant une à trois semaines, pour décou­vrir le théâtre et son plateau, et tra­vailler avec moi par la suite. Toute per­son­ne par­lant le roumain pou­vait venir. Suite à cet appel, cinquante per­son­nes roumaines sont venues et cela nous a per­mis d’entrer dans cette com­mu­nauté. Loredana Ian­cu (qui joue la mère de Valenti­na) était présente à la messe ce jour-là. Comme j’avais pré­cisé que je cher­chais aus­si des enfants et qu’elle avait envie de faire quelque chose avec sa fille, Angeli­na, elles sont venues ensem­ble. Et elles ont été extra­or­di­naires ! Bien sûr, le fait que ces rôles soient joués par des per­son­nes qui avaient réelle­ment ce lien m’intéressait énor­mé­ment. Le rôle de Valenti­na, qu’interprète Angeli­na, étant dou­blé, il y a une autre petite fille, qui s’appelle Cara, et qui est tout aus­si for­mi­da­ble.

Pour quelles raisons la voie du con­te est-elle apparue, dans un pre­mier temps, comme la plus prop­ice pour imag­in­er et écrire cette his­toire ?

J’ai tou­jours besoin de pass­er par un autre média avant d’écrire du théâtre. Pour Elle brûle, par exem­ple, qui est l’un de mes pre­miers spec­ta­cles, j’avais imag­iné toute une instal­la­tion plas­tique avant de com­mencer à écrire la pièce ; pour Le Cha­grin, j’avais écrit une dizaine de nou­velles ; pour Saï­gon, j’ai écrit une bible, un livre qui est d’ailleurs édité par le Théâtre nation­al de Rennes ; pour Fra­ter­nité, con­te fan­tas­tique, j’ai réal­isé un film. 

Valentina, texte et mise en scène de Caroline Guiela Nguyen, dans le cadre des Galas du Théâtre national de Strasbourg, avril 2025. Avant-première au festival FIND – Schaubühne, Berlin, avril 2025 © Jean-Louis Fernandez
Valenti­na, texte et mise en scène de Car­o­line Guiela Nguyen, dans le cadre des Galas du Théâtre nation­al de Stras­bourg, avril 2025. Avant-pre­mière au fes­ti­val FIND – Schaubühne, Berlin, avril 2025 © Jean-Louis Fer­nan­dez

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Photo de Marjorie Bertin, Crédit Anthony Ravera RFI
Écrit par Marjorie Bertin
Doc­teur en Études théâ­trales, enseignante et chercheuse à la Sor­bonne-Nou­velle, Mar­jorie Bertin est égale­ment jour­nal­iste à RFI et au...Plus d'info
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