Le Québec dans les échanges internationaux
Entretien

Le Québec dans les échanges internationaux

Le 29 Sep 1986
Article publié pour le numéro
Canada Quebec 86 repères-Couverture du Numéro 26 d'Alternatives ThéâtralesCanada Quebec 86 repères-Couverture du Numéro 26 d'Alternatives Théâtrales
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Danièle Stern : En sep­tem­bre prochain, le Québec sera l’in­vité d’hon­neur du XXIXè Fes­ti­val de Liège avec plusieurs spec­ta­cles ; actuelle­ment, se déroule à Mon­tréal un Fes­ti­val inter­na­tion­al de mime ; dans quelques jours la Quin­zaine inter­na­tionale du théâtre com­mencera à Québec, cette ouver­ture du Québec vers l’é­tranger n’est-elle pas assez récente, le Québec ayant d’abord affir­mé son iden­tité par une cer­taine fer­me­ture sur lui-même ? 

Claude Des Lan­des : Je ne pense pas que la fer­me­ture sur soi-même ait été volon­taire, ou même con­sciente. C’é­tait une arme, une façon de se retir­er pour faire le tour de la mai­son, pour inscrire les chose et les nom­mer, les expli­quer aus­si, parce que le théâtre Québé­cois avait un côté un peu didac­tique, illus­tratif, à ses débuts.
Il était néces­saire de con­fron­ter ce que les écrivains, les comé­di­ens voulaient dire, de le mon­tr­er, le partager avec le pub­lic et toute une nou­velle généra­tion. En même temps, c’est vrai que ce repliement qui s’est pro­duit a eu comme effet d’une part de refuser ce qui venait de l’é­tranger, puisqu’il avait eu telle­ment d’in­flu­ences jusqu’alors et d’autre part de ne pas songer à aller à l’ex­térieur pour ten­ter de partager, d’en­richir ce qu’on con­nais­sait. On peut dire que c’est nor­mal puisqu’on voulait ten­ter d’être orig­i­nal, d’être soi-même. On ne par­lait donc pas d’échanges inter­na­tionaux sinon qu’il y avait cer­taines com­pag­nies québé­cois­es, qu’on appelait cana­di­ennes qui allaient à l’é­tranger, mais avec des œuvres clas­siques, dites inter­na­tionales. C’é­tait vrai­ment un théâtre de langue française inter­na­tionale, même s’il y avait égale­ment quelques auteurs québé­cois. 

Je crois que c’est le Cen­tre d’es­sai des auteurs dra­ma­tiques, dont le but était de faire con­naître de jeunes auteurs du Québec qui a déclenché l’ou­ver­ture sur l’é­tranger — à ce moment-là, unique­ment l’Europe fran­coph­o­ne, plus tard, ce fut beau­coup plus vaste — lorsqu’il a organ­isé en 1975, en France, une série de lec­tures — spec­ta­cle avec 7 auteurs québé­cois, ce qui a per­mis de faire con­naître d’abord une langue, un style de jeu et ensuite des auteurs comme entre autres Michel Gar­neau et Michel Trem­blay.
Suite à cela des textes québé­cois ont été joués en Europe fran­coph­o­ne et des troupes ont été invitées, ont pu organ­is­er des tournées. Et le jeune théâtre québé­cois — on appelait ain­si à l’époque les troupes qui fai­saient un. tra­vail col­lec­tif — a suivi lui aus­si. On par­lait de repliement sur soi-même et tout à coup on s’est aperçu que c’é­tait impor­tant de s’ou­vrir vers l’é­tranger, pas telle­ment pour acquérir une recon­nais­sance inter­na­tionale, que pour partager des façons de tra­vailler et des lan­gages dif­férents. On s’est aperçu qu’il pou­vait y avoir une atten­tion portée sur le jeu, le lan­gage, le débit et que ce n’é­tait pas pour des ques­tions de région­al­isme, de folk­lore, absol­u­ment pas. Par la suite ces tournées ont crée des con­tacts et les com­pag­nies québé­cois­es ont voulu accueil­lir des com­pag­nies étrangères. Il n’y avait à ce moment-là que l’As­so­ci­a­tion québé­coise du jeune théâtre qui organ­i­sait chaque année un fes­ti­val, d’abord québé­cois et qui refu­sait d’in­viter des troupes étrangères. I n’y en avait pas d’autre et les moyens étaient très lim­ités — le grave prob­lèmes des troupes, ici, c’est qu’elles man­quent de lieux — mais toute­fois, à cause de ces influ­ences, dans les années 75 – 77, on a invité des troupes étrangères dans le cadre du fes­ti­val de l’As­so­ci­a­tion québé­coise du jeune théâtre. 

Cela s’est pour­suivi, de façon parci­monieuse peut-être à cause du manque de lieux, mais le mou­ve­ment à éclaté et il y a eu des échanges réguliers avec la France et la Bel­gique surtout pour arriv­er main­tenant à avoir des envies de jeter un regard sur les approches dif­férentes d’un pays et de l’autre, des écrivains, des comé­di­ens, des met­teurs en scène. Car je crois que les échanges inter­na­tionaux ce n’est pas seule­ment l’im­por­ta­tion et l’ex­por­ta­tion de com­pag­nies avec un spec­ta­cle mais aus­si — et c’est vers cela que l’on va main­tenant — des échanges de met­teurs en scène, de comé­di­ens pour con­fron­ter les pra­tiques. Tout repose avant tout sur les con­tacts, les rela­tions entre pro­fes­sion­nels, la con­nais­sance réciproque du tra­vail qui se fait et la curiosité, le désir d’échanges, de con­nais­sance réciproque. A ce niveau-là, déjà dans le passé, la Bel­gique, la Com­mu­nauté française a été très active. Si l’on par­le du jeune théâtre, je crois que c’est Robert Maréchal du Fes­ti­val du jeune théâtre de Liège qui le pre­mier a invité de façon régulière des troupes du Québec. Je pense entre autres à un Don Qui­chotte que Jean-Pierre Ron­fard avait mon­té avec de jeunes comé­di­ens, un Don Qui­chotte qui n’avait rien à voir avec une inter­pré­ta­tion clas­sique, la trame, les per­son­nages étaient là mais, c’é­tait une inter­pré­ta­tion com­plète­ment orig­i­nale, très québé­coise. Et cela, c’é­tait avant les années 75, avant ce mou­ve­ment dont je par­lais tout à l’heure.
Et cette année-ci on pour­ra voir au Fes­ti­val du jeune théâtre de Liège des pro­duc­tions cana­di­ennes et québé­cois­es très divers­es qui témoignent des pra­tiques du jeune théâtre chez nous. 

Pro­pos recueil­lis par Danièle Stern, Mon­tréal, le 30 mai 86

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Canada Quebec 86 repères-Couverture du Numéro 26 d'Alternatives Théâtrales
#26
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30 Sep 1986 — J'ai souvent dit et répété que la difficulté pour un organisateur de festivals est de concilier la variété et l’unité…

J’ai sou­vent dit et répété que la dif­fi­culté pour un organ­isa­teur de fes­ti­vals est de con­cili­er la var­iété…

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