Who’s Afraid of the Big Bad Wolf ?

Annonce

Who’s Afraid of the Big Bad Wolf ?

Le 7 Jan 2016
Dessin d'Adèle Grégoire
Dessin d'Adèle Grégoire
Article fraîchement numérisée
Cet article rejoint tout juste nos archives. Notre équipe le relit actuellement pour vous offrir la même qualité que nos éditions papier. Pour soutenir ce travail minitieux, offrez-nous un café ☕

Trois petits cochons vivent mod­este­ment dans un apparte­ment brux­el­lois délabré. « Dar­ius, Stan et Gabriel ». Dar­ius c’est le plus âgé, hard rockeur au chô­mage ; ensuite il y a Stan, trente­naire nerveux et Gabriel, jeune étu­di­ant aux Beaux-Arts. Leur sit­u­a­tion pré­caire ne s’arrange pas avec l’arrivée du par­a­site-Benoît, un vieil ami de Dar­ius, devenu SDF qui s’installe pro­gres­sive­ment dans l’appartement jusqu’à se con­stru­ire une petite cabane au milieu du salon.

La Bel­gique est en crise. L’Europe est en crise. C’est le con­stat de nos cama­rades. Si le grand méchant loup est absent du spec­ta­cle, c’est la crise en per­son­ne qui toque à la porte et les chas­se de leur apparte­ment. Pour con­tin­uer à vivre digne­ment, il ne leur reste plus qu’à fuir et retrou­ver le par­adis per­du, loin de l’Europe. Dans un songe utopique et naïf, ils rêvent de s’expatrier au Mali où la vie leur paraît sim­ple et heureuse. Un beau jour, nos trois pieds nick­elés déci­dent alors de faire leurs valis­es et s’engagent sur l’autoroute, direc­tion : « LE SUD ».

BRUSSELS, BELGIUM-NOVEMBER 8, 2015: Rehearsal of the theater play "Darius, Stan et Gabriel contre le monde méchant" by Claude Schmitz at Les Halles de Shaerbeek, in Brussels. From left to right: Olivier Zanotti (Gabriel), Clément Losson (Stan), Patchouli (Darius). (Photo by Clémence de Limburg)
Les trois petits cochons en route vers le sud, pho­to © Clé­mence de Lim­burg

À l’origine, il y a le désir de par­ler de la crise. « Par­ler de la crise, c’est vaste, ça ne fait pas un spec­ta­cle ! », remar­que Claude Schmitz en souri­ant. Toute la dif­fi­culté est d’écrire une fable, de trou­ver une pos­si­ble métaphore du sujet qu’il abor­de. Pour imag­in­er son scé­nario, il s’empare d’une his­toire qui est réelle­ment arrivée à l’un des comé­di­ens dans sa colo­ca­tion. En mêlant ce fait divers à la fable des trois petits cochons, il lui donne l’amplitude d’un con­te et l’anecdote devient alors une poten­tielle métaphore de la crise. Par­tant d’une sit­u­a­tion réal­iste, Claude parvient à ménag­er une dimen­sions fab­uleuse si bien qu’une ten­sion est main­tenue entre la fable et le réel sans jamais bas­culer d’un côté ou de l’autre.

Si la fable est essen­tielle, c’est qu’elle devient dès lors la pos­si­bil­ité pour que la triv­i­al­ité de cette sit­u­a­tion prenne une dimen­sion mythique. En effet, Claude pousse les acteurs à se can­ton­ner au plus près du réel car c’est la triv­i­al­ité qui fait naître la fable, c’est ce qui la rend crédi­ble et lui donne de la chair. Et s’il pro­pose à des per­son­nes qui ne sont pas des acteurs de for­ma­tion de par­ticiper au pro­jet, c’est parce qu’il veut tra­vailler avec ce qu’ils sont dans la réal­ité. Dès le pre­mier jour des répéti­tions, il racon­te très pré­cisé­ment son scé­nario, tout en ajoutant qu’aucun des dia­logues n’est écrit à l’avance. Il ne choisit pas ses inter­prètes pour com­pos­er un rôle mais bien pour créer un per­son­nage avec eux. Tra­vailler avec Olivi­er Zan­ot­ti, Clé­ment Los­son, Patchouli et Fran­cis Soetens c’est donc tra­vailler à par­tir d’eux, avec ce qu’ils sont, avec ce que leurs corps racon­tent. L’origine du pro­jet c’est aus­si et surtout les acteurs, comme le pré­cise Claude : « Je ne pense pas à des per­son­nages quand je tra­vaille avec eux. Je pense à eux et donc je pense à la sit­u­a­tion dans laque­lle je les mets. J’essaye d’être sen­si­ble à ce qu’ils vivent réelle­ment dans la vie, à ce qu’on vit ensem­ble et de con­stru­ire à par­tir de ça. Je com­pose à par­tir d’eux. Le réel est là, à l’origine. Ce n’est pas comme si j’inventais une his­toire qui était décon­nec­tée de la réal­ité et qu’après j’allais choisir des acteurs et que je leur demandais de com­pos­er à par­tir de ça. Tu es donc obligé de tor­dre ton his­toire, ou en tout cas de tra­vailler avec les deux. »

Aux fron­tières de la réal­ité et de la fic­tion, Claude Schmitz con­stru­it des passerelles entre les per­son­nes avec qui il choisit de tra­vailler et la fable qu’il écrit. À la recherche d’une parabole pour par­ler de la crise, il puise dans une matière brute pour en révéler l’essence. Il parvient ain­si à nous plonger au coeur d’un micro­cosme aus­si réal­iste qu’ex­trav­a­gant, métaphore de l’ab­sur­dité de dif­férentes sit­u­a­tions de crise en Europe.

Darius, Stan et Gabriel contre le monde méchant

Avec : Marc Barbé, Lucie Debay, Clément Losson, Patchouli, Olivier Zanotti, Francis Soetens. 

Mise en scène : Claude Schmitz | Dramaturge : Judith Ribardière | Assistante lumière et stagiaire à la mise en scène : Judith de Laubier | Stagiaire à la scénographie : Jade Hidden | Stagiaire aux accessoires : Camille Chateauminois | Scénographie : Boris Dambly | Maquette : Nora Kaza Vubu | Création Sonore et Musique Originale : Thomas Turine | Lumières : Octavie Piéron | Image : Florian Berutti | Direction technique : Fred Op de Beek | Construction du décor : Fred Op de Beeck, Yoris Van de Houte, Alocha Van de Houte, Olivier Zanotti et Jade Hidden | Sculpteur - Peintre : Laurent Liber, Boris Dambly et Guillaume Molle.


Avec la participation amicale de Drissa Kanambaye et Djeumo Sylvain Val.

Production déléguée : Halles de Schaerbeek.

Coproduction : Comédie de Caen, Compagnies Paradies Avec l’aide de la Fédération Wallonie Bruxelles, service Théâtre. Et le soutien du théâtre Océan-Nord. Avec l’aide de la Fédération Wallonie Bruxelles, Service Théâtre.
À lire dans le n°120 d'Alternatives théâtrales (avril 2014) : Claude Schmitz, croire en sa fiction - Entretien avec le metteur en scène bruxellois, auteur d’une œuvre ambitieuse et protéiforme, réalisé par Antoine Laubin
Claude Schmitz parle du spectacle (vidéo)
Annonce
Théâtre
Journal de création
Schmitz
49
Partager
Judith de Laubier
Née en 1990, Judith vit et travaille entre Bruxelles et Paris. En 2011, elle entre...Plus d'info
Partagez vos réflexions...

Vous avez aimé cet article?

Aidez-nous a en concocter d'autres

Avec votre soutien, nous pourrons continuer à produire d'autres articles de qualité accessibles à tous.
Faites un don pour soutenir notre travail
Soutenez-nous
Chaque contribution, même petite, fait une grande différence. Merci pour votre générosité !
La rédaction vous propose
Mon panier
0
Ajouter un code promo
Sous-total

 
Artistes
Institutions

Bonjour

Vous n'avez pas de compte?
Découvrez nos
formules d'abonnements