Le couple originaire : Nemirovitch-Dantchenko et Stanislavski,

Théâtre
Portrait

Le couple originaire : Nemirovitch-Dantchenko et Stanislavski,

co-fondateurs et directeurs du Théâtre d’Art de Moscou1

Le 23 Oct 2015
Nemirovitch-Dantchenko et Konstantin Stanislavski à Berlin en 1906 lors de la tournée du Théâtre d’Art. Photo Musée du Théâtre d’Art de Moscou.
Nemirovitch-Dantchenko et Konstantin Stanislavski à Berlin en 1906 lors de la tournée du Théâtre d’Art. Photo Musée du Théâtre d’Art de Moscou.

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Nemirovitch-Dantchenko et Konstantin Stanislavski à Berlin en 1906 lors de la tournée du Théâtre d’Art. Photo Musée du Théâtre d’Art de Moscou.
Nemirovitch-Dantchenko et Konstantin Stanislavski à Berlin en 1906 lors de la tournée du Théâtre d’Art. Photo Musée du Théâtre d’Art de Moscou.
Article publié pour le numéro
126 – 127

« Deux ours dans une même tanière. »

Nemirovitch-Dantchenko

« Ils étaient si utiles, si néces­saires l’un à l’autre et – que cela reste entre nous –, ils se détes­taient ! »

M. Tchekhov

« I have one wish for him [Stanislavs­ki]… that in time to come he shall work alone. It is the best wish I have to give for he is a great being »

G. Craig à Lili­na

DANS LE PAYSAGE THÉÂTRAL européen dom­iné, depuis la fin du XIXe siè­cle par la figure du met­teur en scène qui, par son tra­vail d’interprétation de l’œuvre et de com­po­si­tion scénique, a ten­dance à éclipser l’auteur et à don­ner son iden­tité à la com­pag­nie qu’il dirige, le Théâtre d’Art de Moscou tient une place à part. Il affiche, dès sa créa­tion en 1898, une direc­tion bicéphale qui dur­era quar­ante-et-un ans, tra­ver­sant des crises internes, des drames indi­vidu­els, la pre­mière guerre mon­di­ale et deux révo­lu­tions… De juin 1897 (ren­con­tre au restau­rant Le Bazar slave) jusqu’à août 1938 (mort de Stanislavs­ki), les deux tim­o­niers ont nav­igué dans l’histoire du théâtre russe-sovié­tique et mon­di­al, de con­cert, en alter­nance, seuls ou avec leur « clan », sans tou­jours pou­voir main­tenir le cap artis­tique, éthique qu’ils s’étaient fixé, mais tou­jours sol­idaires en cas d’attaques extérieures con­tre l’œuvre de leur vie : le Théâtre d’Art.

L’histoire de leurs alliances-diver­gences fait par­tie de ces sujets tabous que l’URSS a longtemps écartés de la vul­gate offi­cielle alors qu’elle avait été relayée dans la presse prérévo­lu­tion­naire aux moments de forte crise, en 1902, 1906, 1916. Puis elle fut instru­men­tal­isée en 1921, au moment des com­bats idéologiques con­tre l’art bour­geois. […]

« L’artiste collectif » 

Les deux artistes qui se ren­con­trent au Bazar slave ont en com­mun un idéal : créer un théâtre nou­veau par sa troupe, son éthique, ses choix esthé­tiques rigoureux. Vladimir Nemirovitch-Dantchenko est un écrivain fameux, joué sur les scènes impéri­ales, qui va même rivalis­er avec Tchekhov lorsque sa pièce LE PRIX DE LA VIE est choisie pour le Prix Gri­boe­dov au détri­ment de LA MOUETTE. Kon­stan­tin Alek­seev, Stanislavs­ki à la scène, a une longue expéri­ence d’acteur ama­teur et de directeur de troupe de plus en plus appré­cié et recon­nu.

Con­scients de leurs tal­ents com­plé­men­taires, ils se parta­gent au départ la respon­s­abil­ité du réper­toire et de la par­tie scénique et se dis­tribuent le droit de veto, lit­téraire pour Nemirovitch-Dantchenko, qui prend en charge aus­si la par­tie admin­is­tra­tive, et artis­tique pour Stanislavs­ki. Ces deux vetos se trou­vent très vite inopérants car le goût du pou­voir de Nemirovitch débor­de sans cesse sur le ter­rain de la mise en scène. La co-sig­na­ture des spec­ta­cles au nom de l’idéal « d’artiste col­lec­tif » dur­era huit ans. Cet idéal s’est dess­iné au moment du tra­vail sur Tchekhov. Dans LA MOUETTE, se sou­vient Nemirovitch-Dantchenko, cette fusion a eu lieu lorsque l’un sen­tait l’atmosphère de la pièce et sa dic­tion et l’autre dev­inait com­ment la mon­ter. « Moi dans mon domaine et vous dans le vôtre, nous étions les por­teurs con­va­in­cus d’une idée artis­tique pré­cise. » Cette fusion, heureuse et fon­da­trice pour l’avenir et la répu­ta­tion de leur com­pag­nie, ils croiront pos­si­ble de la repro­duire. Leur but artis­tique, leur idéal est com­mun, mais leurs approches diver­gent.

À la révo­lu­tion, ils réus­sis­sent à faire accepter et à main­tenir le car­ac­tère atyp­ique de la direc­tion bicéphale, bien utile pour pra­ti­quer l’alternance lors des tournées du Théâtre, des mal­adies et des voy­ages des deux parte­naires. Il passera même pour une mar­que de solid­ité des objec­tifs au fil du temps, la troupe étant renou­velée et for­mée au sein même de l’organisme, dans ses stu­dios.

« Notre différend artistique » 

  1. Cet arti­cle est pub­lié dans ce numéro dans une ver­sion réduite, sous la forme d’extraits choi­sis. La ver­sion com­plète est lis­i­ble sur notre site www.alternativestheatrales.be ↩︎

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