Maria Braun, dans la lignée de Nora et Hedda Gabler

Entretien
Théâtre

Maria Braun, dans la lignée de Nora et Hedda Gabler

Entretien avec Thomas Ostermeier

Le 24 Avr 2009
Hanna Schygulla et George Byrd dans LE MARIAGE DE MARIA BRAUN de Rainer Werner Fassbinder, 1979. Photo D. R.
Hanna Schygulla et George Byrd dans LE MARIAGE DE MARIA BRAUN de Rainer Werner Fassbinder, 1979. Photo D. R.

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Hanna Schygulla et George Byrd dans LE MARIAGE DE MARIA BRAUN de Rainer Werner Fassbinder, 1979. Photo D. R.
Hanna Schygulla et George Byrd dans LE MARIAGE DE MARIA BRAUN de Rainer Werner Fassbinder, 1979. Photo D. R.
Article publié pour le numéro
Couverture du numéro 101 - Extérieur Cinéma - théâtre national de Nice
101

Jean-Louis Per­ri­er : Qu’est-ce qui vous a con­duit à met­tre en scène Le Mariage de Maria Braun1, votre pre­mière adap­ta­tion d’un film à la scène ?

Thomas Oster­meier : Au départ, mon choix du Mariage de Maria Braun n’avait rien à voir avec le fait que c’était un film. Mon intérêt por­tait sur le per­son­nage prin­ci­pal et sur le traite­ment de l’histoire de l’Allemagne. En cela, ce texte – ou ce film – était par­ti­c­ulière­ment adap­té, dans la mesure où il décrit bien la sit­u­a­tion de l’Allemagne après-guerre et parce qu’il est le réc­it de l’émancipation d’une femme, un sujet qui m’avait déjà intéressé avec Nora (Mai­son de poupée) ou Hed­da (Hed­da Gabler).

J.-L. P. : Ain­si, ce ne serait ni le film, ni la per­son­nal­ité de Fass­binder qui vous auraient retenu ?

T. O. : L’idée ini­tiale n’était pas de tir­er une mise en scène du film de Fass­binder. Une copine m’avait racon­té l’histoire du film que je n’avais pas vu à l’époque. Je me suis dit : « Tiens voilà une his­toire intéres­sante ! ». J’ai pris le scé­nario du film, écrit  par Peter Märthesheimer et Pea Fröh­lich et pas par Fass­binder, comme s’il s’agissait d’une pièce de théâtre. Il est vrai qu’il y a une grande dif­férence entre la plu­part des pièces et des scé­nar­ios, du fait qu’ils sont con­sti­tués de scènes très cour­tes et qu’il faut trou­ver des solu­tions pour les lier.

J.-L. P. : Avez-vous fait le même tra­vail dra­maturgique à par­tir de ce scé­nario qu’à par­tir d’une pièce de théâtre ?

T. O. : Non, ça s’est effec­tué en plusieurs étapes. J’ai fait tra­vailler le scé­nario par des étu­di­ants en mise en scène. Ils l’ont partagé en six par­ties, que cha­cun d’eux a mis en scène. Le résul­tat m’a con­va­in­cu qu’il était impos­si­ble d’opérer ain­si. Il fal­lait trou­ver une solu­tion qui donne du sens à la mise en scène du film, un sens théâ­tral. J’ai pris alors une déci­sion impor­tante qui con­sis­tait à tra­vailler avec une seule actrice face à qua­tre acteurs qui allaient jouer les vingt per­son­nages qui tour­nent autour de Maria Braun dans le film. Cette idée était aus­si une idée dra­maturgique, parce que je voulais racon­ter l’histoire afin que le manège des hommes autour d’elle en une sorte de jeu cru­el donne à Maria une vision de lib­erté, alors qu’à la fin, le monde mas­culin, le sys­tème patri­ar­cal reprend le pou­voir. Dans ce con­texte, c’était pour moi évi­dent de pren­dre des hommes qui jouent aus­si des femmes. Leur pas­sage très rapi­de et très sim­ple d’un per­son­nage à un autre don­nait en out­re la pos­si­bil­ité de tra­vailler à la même vitesse sur la scène que dans le film.

J.-L. P. : Êtes vous allé voir le film ? L’aviez en tête au moment de la mise en scène ?

T. O. : C’est le per­son­nage de Maria Braun qui m’a intéressé et l’histoire. J’ai pris l’histoire comme si elle prove­nait d’un roman ou d’une pièce de théâtre ou d’un film. Mais je n’ai pas tra­vail­lé sur la ques­tion de copi­er ou de réin­ven­ter le film sur la scène.

J.-L. P. : Pour­tant, le per­son­nage de Maria, inter­prété par Brigitte Hob­meier, reprend les mêmes pos­es que Han­na Schygul­la, les mêmes jeux de regard, elle a for­cé­ment vu le film, elle ? L’avez-vous vu vous ?

T. O. : J’ai vu le film, bien sûr. Mais je n’ai pas demandé à Brigitte Hob­meier de déclin­er les gestes de Han­na Schygul­la. C’est peut-être le seul prob­lème de cette mise en scène, car Brigitte est très proche d’Hanna Schygul­la par son physique et par son jeu. Pour moi la ressem­blance n’a joué aucun rôle. Je voulais tra­vailler avec cette actrice-là et met­tre en scène ce scé­nario. Si elle avait été une petite brune toute dif­férente d’Hanna Schygul­la, je l’aurais prise quand même.

Hans Kremer, Jean-Pierre Cornu, Steven Scharf, Brigitte Hobmeier dans DIE EHE DER MARIA BRAUN (Le Mariage de Maria Braun) d'après Rainer Werner Fassbinder, mise en scène Thomas Ostermeier, Schauspielhaus, Hambourg, 2007. Photo Arno Declair.
Hans Kre­mer, Jean-Pierre Cor­nu, Steven Scharf, Brigitte Hob­meier dans DIE EHE DER MARIA BRAUN (Le Mariage de Maria Braun) d’après Rain­er Wern­er Fass­binder, mise en scène Thomas Oster­meier, Schaus­piel­haus, Ham­bourg, 2007. Pho­to Arno Declair.

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