PREMIER SEGMENT : Mayflower hotel N Y
Toller :
Entends-tu les otaries à Central Park la nuit
comme dans leurs bassins
elles crient les crânes chauves
leurs plaintes dans les eaux
insipides s’élèvent
je les entends
cner
lorsque dans mon lit
étendu sous les projecteurs
j’entends le battement
de leurs nageoires sur
les cordes d’acier des cages et
le bruit étouffé
de la ville qui avec ses yeux hystériques
cherche les déchirures
dans les membranes du ciel nocturne
insomniaque je suis étendu
et j’attends sur mon
châlit la cabine-cercueil du
mayflower qu’elle
m’efface comme une cargaison
inutile un passager
clandestin parmi les
naufragés
entends-tu maintenant comme elles crient toujours elles exigent
le naufrage de la ville
parce que tout comme nous des anges
sont derrière des grilles
dans le pays appartenant à Dieu
dans lequel
il nous a abandonné
Tollkirsch :
sur des nuages blancs de deuxième
classe sur arrière plan de
l’infini la tournée
des fallen-angels de New York
avec leurs ailes obèses et
leurs moustaches fatiguées qui
coulent pardessus les commissures des lèvres lorgu’ ils arrondissent leurs gueules
qu’ils soufflent dans l’éther
en auréoles
telles des cercles de fumée
avant-coureurs
d’une ville en flammes
craignez
les prophètes-otaries lorsgu’ elles
grimpent hors de l’eau
elles chasseront les canetons
de caoutchouc de vos baignoires