L’aventure de la Mousson d’été

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L’aventure de la Mousson d’été

Entretien avecMichel Didym

Le 1 Juil 1999
Article publié pour le numéro
Écrire le théâtre aujourd'hui-Couverture du Numéro 61 d'Alternatives ThéâtralesÉcrire le théâtre aujourd'hui-Couverture du Numéro 61 d'Alternatives Théâtrales
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ALTERNATIVES THÉÂTRALES : Com­ment est née la Man­i­fes­ta­tion de la Mous­son d’été ?

Michel Didym : Depuis sept ans, mon tra­vail théâ­tral en Lor­raine a pour but de dévelop­per le pat­ri­moine con­tem­po­rain au sein de ma com­pag­nie « Boomerang » mais aus­si de manière per­son­nelle, en rela­tion avec dif­férences insti­tu­tions, comme Théâtre Ouvert ou les édi­tions Théâ­trales par exem­ple. Je voulais don­ner aux auteurs un parte­naire afin de leur ren­voy­er une image de leur écri­t­ure qui puisse les éclair­er, les faire avancer, et que cet étayage ne reste pas ponctuel, mais sus­cite une rela­tion durable entre l’au­teur et nous.

Nous voulions tout sim­ple­ment et fon­da­men­tale­ment don­ner à enten­dre les textes con­tem­po­rains. Il nous fal­lait un lieu, il fal­lait une équipe ; avec une ving­taine de comé­di­ens nous nous sommes réu­nis dans l’ab­baye des Pré­mon­trés, située dans la ville de Pont-à-Mous­son.

En 1992, j’avais réal­isé une « maque­tte » de la Mous­son d’été où seuls quelques auteurs étaient réu­nis. La man­i­fes­ta­tion a tout de suite ren­con­tré l’ad­hé­sion pro­fes­sion­nelle. Mais les moyens étaient très lim­ités. Après cette pre­mière expéri­ence, j’ai décidé de trou­ver les moyens financiers néces­saires à la réal­i­sa­tion de nos objec­tifs. Ce qui n’a pas été sim­ple : il nous a fal­lu trois ans. La pre­mière véri­ta­ble Mous­son d’été a lieu en 1995. C’est alors que notre ori­en­ta­tion s’esc réelle­ment affir­mée. Nous avions per­mis à de nom­breuses per­son­nes de ren­con­tr­er, de manière privée et de manière publique, un auteur et son œuvre. Il s’agis­sait de faire partager des textes, des expéri­ences, des événe­ments, des con­nais­sances.

Le partage des con­nais­sances esc organ­isé autour d’un cer­tain nom­bre d’ate­liers qui sont encadrés par des auteurs ou des auteurs-met­teurs en scène ; ces auteurs sont présents à tous les postes de l’or­gan­i­sa­tion de la Mous­son : au niveau de la con­sti­tu­tion du pro­gramme — ils par­ticipent aux tables ron­des -, au niveau artis­tique — ils sont aus­si musi­ciens, acteurs, chanteurs de cabaret, ani­ma­teurs. Les auteurs sont tout sim­ple­ment le cen­tre vital de la man­i­fes­ta­tion.

A. T.: Com­ment se déroule une Mous­son d’été ?

M. D.: Elle a lieu à la fin du mois d’août à l’ab­baye des Pré­mon­trés de Pont-à-Mous­son et dure cinq jours ; les mat­inées sont con­sacrées aux ate­liers, les après-midi et les soirées aux présen­ta­tions de textes ; nous organ­isons aus­si des débats et des tables ron­des.

Mais avant tout aux Pré­mon­trés, on « pré­mon­tre ». On donne à enten­dre des textes qui vont devenir des spec­ta­cles. C’est impor­tant pour l’au­teur lui-même qui met à l’épreuve son texte devant un pub­lic, inter­prété par des acteurs de haut niveau. Cela lui per­met d’en analyser les richess­es et les faib­less­es et de le con­fron­ter aux inten­tions qu’il avait
au départ ; mais aus­si d’en­ten­dre le point de vue d’autres auteurs jeunes ou con­fir­més, d’évoluer dans une dynamique de cri­tique con­struc­tive. C’est aus­si impor­tant pour l’avenir du texte car sont présents des édi­teurs et des pro­fes­sion­nels sus­cep­ti­bles d’aider le pro­jet, de per­me­t­tre sa mise en pro­duc­tion, d’éditer ou de traduire le texte.

A. T. : Vous vous adressez donc prin­ci­pale­ment à un pub­lic de pro­fes­sion­nels ?

M. D.: Non, pas du tout. Cette Uni­ver­sité d’été étaye aus­si le tra­vail réal­isé tout le long de l’an­née en Lor­raine avec de nom­breux pro­fesseurs. Ceux-ci sont devenus très récep­tifs au théâtre con­tem­po­rain, et ne tra­vail­lent plus avec leurs élèves les seuls auteurs clas­siques. Ces pro­fesseurs, mais aus­si un cer­tain nom­bre d’a­ma­teurs ou de jeunes pro­fes­sion­nels mon­tent des textes écrits par les auteurs de la Mous­son. Cette imprég­na­tion de l’écri­t­ure con­tem­po­raine en Lor­raine est un des objec­tifs prin­ci­paux de notre tra­vail. L’u­ni­ver­sité s’ou­vre d’ailleurs avec un spec­ta­cle ama­teur réal­isé par une équipe de la région ; nous tra­vail­lons égale­ment avec des sco­laires de la ville de Pont-à-Mous­son, et ce tra­vail abouti­ra cer­taine­ment à une présen­ta­tion lors de l’U­ni­ver­sité d’été 1999.

Nous sommes soutenus en ce sens par les villes de Pont-à-Mous­son ec de Blén­od, par la région, par le départe­ment ec par la DRAC de Lor­raine.

A. T. : Com­ment déter­minez-vous les auteurs pro­gram­més ?

M. D.: Nous fonc­tion­nons avec un comité de lec­ture bénév­ole con­sti­tué de huit per­son­nes qui se réu­nie tout
le long de l’an­née. Nous recevons et lisons env­i­ron trois cents textes. Ceux-ci sont lus par crois ou qua­tre lecteurs. Au bouc de six mois nous faisons un bilan et choi­sis­sons les auteurs dont nous voulons par­ler, avec gui nous voulons tra­vailler.

Nous col­laborons égale­ment avec les édi­teurs de théâtre comme les Soli­taires Intem­pes­tifs, Théâ­trales ou Actes Sud.

Mais nous ne présen­tons pas que des textes déjà écries. Nous en com­man­dons aus­si. Cette année, nous avons demandé à douze auteurs sud-améri­cains et à douze français d’écrire leur con­fes­sion. Ces vingt-qua­tre textes rassem­blés
ont don­né lieu à un spec­ta­cle. Nous avons aus­si présen­té des textes gui n’avaient pas été lus avant la Mous­son, et donc le pro­jet nous avait intéressés : Le MALCOM X de Mohammed Rouab­hi ou L’EXPOSITION de Philippe Minyana.

Pour déter­min­er ces choix je m’en­toure de deux con­seillers artis­tiques : Lau­rent Vach­er et Véronique Bel­le­garde. Il s’ag­it aus­si d’aller voir un grand nom­bre de spec­ta­cles, joués en ban­lieue, dans des petites salles … La pro­gram­ma­tion s’opère en con­juguant le tra­vail du Comité de lec­ture à celui de direc­tion artis­tique.

Il faut aus­si pren­dre en compte la cohérence glob­ale de la man­i­fes­ta­tion : nous ne nous déter­mi­nons pas unique­ment en fonc­tion de la qual­ité intrin­sèque du pro­jet. Encre en con­sid­éra­tion la ques­tion de sa per­ti­nence par rap­port aux autres pro­jets. Nous tournons autour d’une thé­ma­tique mais nous ne nous y restreignons jamais tout à fait. Nous choi­sis­sons en effet par­fois un pro­jet juste­ment parce qu’il est dis­so­nant, ou por­teur de quelque chose de rad­i­cale­ment autre.

Pro­pos recueil­lis et retran­scrits par Julie Bir­mant.

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Michel Didym
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