Comment fonctionne le Comité de lecture du Théâtre National de la Colline

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Comment fonctionne le Comité de lecture du Théâtre National de la Colline

Le 1 Juil 1999
Article publié pour le numéro
Écrire le théâtre aujourd'hui-Couverture du Numéro 61 d'Alternatives ThéâtralesÉcrire le théâtre aujourd'hui-Couverture du Numéro 61 d'Alternatives Théâtrales
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LA PRÉSENTATION au pub­lic du théâtre con­tem­po­rain est la mis­sion essen­tielle du Théâtre Nation­al de la Colline. Au cœur de son activ­ité, le Comité de lec­ture est un pôle de recherche sur l’écri­t­ure dra­ma­tique con­tem­po­raine. Il per­met de nour­rir la pro­gram­ma­tion du théâtre et voudrait favoris­er la con­nais­sance et la dif­fu­sion les plus larges pos­si­bles des écri­t­ures con­tem­po­raines français­es et étrangères. L’ac­tiv­ité se dévelop­pant, il pour­rait con­tribuer à ren­forcer les bases d’une réflex­ion théorique sur les écri­t­ures dra­ma­tiques qui ont tra­ver­sé ce siè­cle et celles qui ouvrent le siè­cle à venir. Cepen­dant, pour men­er à bien cette mis­sion « écri­t­ures con­tem­po­raines », les moyens de pro­duc­tion, de pro­gram­ma­tion, et la struc­ture de ce théâtre sont actuelle­ment insuff­isants. Il faudrait pou­voir les ren­forcer et dévelop­per un véri­ta­ble pôle de cir­cu­la­tion des textes et d’échanges d’ex­péri­ences et de savoir- faire avec d’autres comités de lec­ture français et étrangers.

Alter­na­tives théâ­trales : Quel est le mode de fonc­tion­nement de votre Comité de lec­ture ?

Comité de lec­ture : Sous la direc­tion d’Alain Françon, le Comité de lec­ture, ani­mé par Lau­re Hémain, assistée de Flo­rence Thomas, compte sept lecteurs extérieurs : les auteurs Eugène Durif, Michel Vit­toz, le tra­duc­teur Mau­rice Tasz­man, les comé­di­ens Dominique Val­adié, Guil­laume Lévêque, Stéphanie Beghain, et la choré­graphe Car­o­line Mar­cadé. Le Comité exam­ine une soix­an­taine de man­u­scrits par mois. Une pre­mière sélec­tion écarte env­i­ron trente pour cent des textes. Puis une dizaine de man­u­scrits sont dis­tribués chaque mois aux lecteurs extérieurs. La plu­part des textes sont lus par deux lecteurs, voire trois ; cer­tains par qua­tre ou cinq.

Ces textes nous ont été envoyés par des auteurs, par des tra­duc­teurs ; mais nous recevons aus­si des adap­ta­tions, des pro­jets de créa­tion présen­tés par des met­teurs en scènes ou des acteurs ; enfin des édi­teurs et d’autres comités de lec­ture nous font par­venir des man­u­scrits, spon­tané­ment ou sur notre demande.

Notre Comité de lec­ture se réu­nit une fois par mois. Nous nous appliquons à répon­dre à cha­cun des envois qui nous a été adressé. Nous voudri­ons faire du Comité de lec­ture un espace d’ac­cueil et de dia­logue avec les auteurs ; indépen­dam­ment de la réal­i­sa­tion effec­tive de pro­jets, nom­bre d’en­tre eux ne cessent de nous exprimer la néces­sité de faire exis­ter un tel espace : un lieu qui leur offre, au min­i­mum, la cer­ti­tude d’être lus et la garantie d’une réponse, d’une réac­tion, d’un échange.

A. T. : Que devi­en­nent les pièces qui ont retenu votre atten­tion ?

Comité de lec­ture : Les pièces retenues con­stituent la source à laque­lle la dynamique de créa­tion du Théâtre Nation­al de la Colline peut venir puis­er. Mais bien évidem­ment toutes ne peu­vent pas être inté­grées dans la prochaine pro­gram­ma­tion : nous ne pou­vons pas présen­ter plus d’une dizaine de spec­ta­cles par sai­son. La présen­ta­tion des œuvres sous la forme de la lec­ture publique ou d’une esquisse de spec­ta­cle ne nous parait pas suff­isante, si l’ex­péri­ence en reste ponctuelle. Ces travaux auraient un sens dans le cadre de la mise en place d’un lab­o­ra­toire expéri­men­tal au sein du théâtre. Mais cela est com­plexe à met­tre en œuvre et néces­site des moyens sub­stantiels.

Aus­si avons-nous com­mencé à réfléchir à d’autres moyens de faire cir­culer les textes. Pour for­mer un pub­lic sus­cep­ti­ble de mieux appréhen­der les écri­t­ures dra­ma­tiques con­tem­po­raines, nous nous sommes très rapi­de­ment fixé la pri­or­ité, de met­tre en œuvre une action de dif­fu­sion des textes auprès d’un pub­lic sco­laire. Nous l’avons engagée la sai­son dernière, en l997/1998. Le pro­jet que nous avons inti­t­ulé « Écri­t­ures en cours » développe un tra­vail de for­ma­tion à la lec­ture des­tiné aux élèves de lycée et à leurs enseignants. Faire com­pren­dre que le texte de théâtre se « lit » avant de « s’ inter­préter » est le pré­sup­posé sur lequel cette action se fonde. Elle tente d’ou­vrir une brèche qui per­me­tte aux écri­t­ures con­tem­po­raines de s’in­scrire au réper­toire des œuvres étudiées à l’é­cole.

Nous avons ini­tié des comités de lec­ture au sein d’une dizaine de lycées autour de Paris. Les élèves devaient lire et don­ner leur point de vue sur dix man­u­scrits récents que nous leur four­nis­sions. En offrant aux élèves la pos­si­bil­ité de ren­con­tr­er les auteurs et de réa­gir sur des écri­t­ures qui les con­cer­nent aujour­d’hui, nous ten­tons d’en­gager un dia­logue et des travaux d’ap­proche qui, à par­tir du texte lui-même, leur per­me­t­tent d’ex­ercer leur esprit cri­tique et de pré­par­er leur regard de spec­ta­teur. Devant l’ensem­ble des élèves par­tic­i­pant au pro­jet, Lau­rence May­or, accom­pa­g­née de six acteurs et d’un musi­cien, a par exem­ple pro­posé au lycée Voltaire une lec­ture exploratoire de quelques scènes de la pièce de Jean-Pierre Milo­vanoff CINQUANTE MILLE NUITS D’AMOUR. Il s’agis­sait de mon­tr­er aux élèves les vari­a­tions de sens pos­si­bles du texte
à par­tir de l’imag­i­na­tion de scé­nar­ios dif­férents pour une même scène.
Les élèves devaient ensuite imag­in­er leurs pro­pres scé­nar­ios et définir des axes d’in­ter­pré­ta­tion du jeu des acteurs. Ce tra­vail s’est pour­suivi en ate­liers com­plé­men­taires avec deux class­es par­tic­i­pantes.

Pour cette sai­son 1998 /1999, nous tâcherons d’é­ten­dre notre action à quinze étab­lisse­ments de Paris et sa région, avec le souci de favoris­er en par­ti­c­uli­er les lycées pro­fes­sion­nels et les étab­lisse­ments ne béné­fi­ciant d’au­cun ate­lier théâtre. Nous voudri­ons con­stru­ire les propo­si­tions de tra­vail dans un rap­port plus étroit encore avec les pro­jets péd­a­gogiques des enseignants, ren­forcer le nom­bre de nos inter­ven­tions et met­tre en place des travaux en ate­liers plus poussés dans qua­tre étab­lisse­ments,
avec la col­lab­o­ra­tion de comé­di­ens et de met­teurs en scène tra­vail­lant en lien avec les auteurs : Vin­cent Garanger avec l’au­teur Pauline Sales (sur sa pièce DÉPANNAGE), Lau­rence May­or avec Mar­i­on Aubert, et Ludovic Lagarde avec Olivi­er Cadiot.

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Laure Hémain
Laure Hémain dirige le Comité de lecture du Théâtre national de la Colline. Elle est...Plus d'info
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