« L’éternel féminin » ou Emilie Marty et son double, Marilyn à propos de L’Affaire Makropoulos de Leos Janaček

« L’éternel féminin » ou Emilie Marty et son double, Marilyn à propos de L’Affaire Makropoulos de Leos Janaček

Le 26 Oct 2011
Ryland Davies et Angela Denoke dans L'Affaire Makropoulos de Leos Janaček. Direction musicale Tomas Hanus. Opéra National de Paris, 2009. Photo Éric Mahoudeau.
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Ryland Davies et Angela Denoke dans L'Affaire Makropoulos de Leos Janaček. Direction musicale Tomas Hanus. Opéra National de Paris, 2009. Photo Éric Mahoudeau.
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Couverture du numéro 110-111 - Krzysztof Warlikowski - Fuir le théâtre
110 – 111
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L’éter­nel féminin

Goethe par­lait déjà de l’«éternel féminin ». Chez lui c’est Hélène de Troie qui l’in­car­na, la femme d’une indé­pass­able beauté qui se trou­ve à l’o­rig­ine du plus célèbre con­flit qui mobil­isa guer­ri­ers de renom, dieux et armées réu­nis. Goethe la ressus­cite et per­met à Faust de la ren­con­tr­er dans Faust II. Elle n’est pas d’i­ci, elle vient d’ailleurs, elle per­son­nalise un fan­tasme dont Faust est épris. Elle est le con­traire de Mar­guerite et son human­ité broyée après que Faust se fut immis­cé dans sa vie. Si la jeune fille perd ses esprits et meurt, Hélène vit tou­jours. Mais qui peut-elle être aujour­d’hui ? Si l’on cherche son équiv­a­lent présent, alors on peut se dire : pour nous, Hélène de Troie est Mar­i­lyn.

Dans la société réputée prude de la fin du XIXe siè­cle — Fou­cault dans L’His­toire de la sex­u­al­ité aurait démon­tré le con­traire — c’est Lulu, la femme enfant de Wedekind qui sus­cite la déroute des sens, véri­ta­ble sex-sym­bol avant la let­tre. Rien ne lui résiste et la con­ta­gion éro­tique opère sans dis­cerne­ment. Lulu n’ap­pelle pas, comme Hélène de Troie, à une plongée dans les pro­fondeurs du temps, elle est un corps désir­able dans le présent et elle va cap­tiv­er Alban Berg, maître de la moder­nité qui lui con­sacr­era son opéra de génie. Lulu, après avoir boulever­sé un monde, finit dans le sang, tuée. Qui peut- être Lulu aujour­d’hui ? Tou­jours Mar­i­lyn, elle aus­si morte d’une étrange manière.

Les actri­ces, les plus splen­dides et les plus douées, ont tou­jours fasciné. Elles exer­cent un pou­voir d’at­trac­tion en rai­son même de leur nature dou­ble, dans la vie et sur le plateau ou sur l’écran. Créa­tures réelles et égale­ment fic­tives, les actri­ces pro­duisent un ver­tige où se joue juste­ment cette indé­ci­sion fon­da­men­tale car, tou­jours, l’a­mant qui les désire con­fon­dra, au moins sur le plan imag­i­naire, le per­son­nage et la femme, Phè­dre et Sarah. L’ac­trice se situe dans l’en­tre-deux d’un inter­valle qui rend incer­taine son iden­tité. Emi­lie Mar­ty, le per­son­nage de Karel Capek, repris par Janaček, par­ticipe à cette famille d’i­doles mod­ernes. Qui peut être Emi­lie ? War­likows­ki sait que la scène a besoin de con­ver­sion con­crète et pour avancer sa réponse, il a une intu­ition prodigieuse. Emi­lie ne peut-être que Mar­i­lyn.

L’éter­nel féminin

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