MONS 2015 promet d’avoir une ampleur et un retentissement à la mesure de son ambitieux projet : des centaines d’artistes associés à des dizaines d’institutions de différents pays vont faire naître durant une année une multitude de spectacles, dans la ville tout comme dans sa région. Mais l’étendue de l’événement ne doit pas faire perdre de vue son cœur, très dense, et surtout, à taille humaine. Daniel Cordova, directeur artistique du Manège Mons revient sur un axe essentiel qu’il défend avec ferveur depuis vingt ans : la nécessité d’une proximité entre les artistes et Les spectateurs, pour un théâtre qui ose bouleverser les cadres et provoquer une rencontre franche et directe avec ceux qui ne le connaissent que peu — voire pas. Dans cette bataille joyeuse, ilamis en place avec son équipe des propositions atypiques pour l’année 2015 :le plateau de théâtre, pour une fois, se déplace pour s’inviter à domicile ou encore dans l’espace public (en milieu scolaire et lieux extérieurs). En un mot : le théâtre se déploie hors de ses murs pour entrer chez les Montois.
Cette idée d’ancrer des formes scéniques dans l’espace urbain, territorial où même privé ne date pas d’hier. Elle est la continuité de l’esprit du Manège depuis son apparition, à savoir inscrire la création « dans une cité, en ne se contentant pas d’être un simple théâtre pourvu d’une programmation variable d’une saison à l’autre, mais en devenant une véritable plateforme des arts de la scène. C’est d’ailleurs sur cette base que les scènes de Mons et Maubeuge, deux villes distantes de quelques kilomètres de part et d’autre de la frontière ont décidé de s’unir pour travailler communément àun rayonnement culturel encore plus pertinent. S’allier dans l’espace et dans le temps pour réduire l’écart entre l’art et les gens. »
Mons Capitale européenne de la culture est l’occasion de développer encore davantage ce socle fondateur du Manège. Car au-delà des spectacles menés par des artistes internationaux d’envergure, une large place est donnée à la parole des créateurs et acteurs mais aussi aux spectateurs belges, dans le but de raccourcir la distance qui peut exister entre eux pour former ensemble un projet citoyen.
Comment changer le rapport scène/salle et emmener le théâtre hors de ses retranchements?L’équipe du Manège a parcouru un long chemin intuitif en dialogue avec les artistes pour tenter de répondre à ce questionnement. Naît donc aujourd’hui une proposition chaleureuse qui s’annonce comme une charnière pour le lieu:trouver un nouveau public qui frôle le théâtre sans oser s’y rendre, casser l’image rigide qu’il peut évoquer (notamment quand le premier contact avec la scène s’est fait dans le cadre scolaire), réduire le fossé entre les rêves des habitants et ceux des créateurs.
Ainsi Hors les murs réunit des formes théâtrales étonnantes et surtout, qui se tiennent là où on ne les attend pas. Elles se déclinent sous trois formules « Autour de la table » (sur le territoire), « Faits maison » (chez l’habitant) et « Les infiltrés » (en milieu scolaire).
Certaines d’entre elles sont conçues pour s’inscrire et se propager dans tout le territoire du Grand Mons. En effet, depuis mars 2013 s’est mis en place/Grand Huit : plusieurs centaines de citoyens se réunissant chaque semaine ont imaginé des thématiques pour huit territoires de la région qui deviendront le terrain de jeu de huit semaines de festivités. Mons et ses environs ont été découpés et façonnés en nouvelle aire ludique : La vie de château et les sens à Ghlin ; La licorne et le recyclage à Hyon, Ciply et Mesvin ; Voyages mystérieux (Jemappes et Flénu); Sens dessus dessous (Mons); L’eau et les fantômes (Obourg, Saint-Denis et Havré); Épouvantails, marionnettes etgéants (Nimy, Maisières); À travers champs, levent (Harmignies, Spiennes, Villers-Saint Ghislain, Harveng, Nouvelles, Saint-Symphorien); ou encore Czesmes, 2015 m d’altitude. autant de perspectives fantaisistes, imaginaires ou féeriques pour de micro (et macro) événements spectaculaires.